Kassory, Damaro, Diané… Alpha Condé, élections : Lansana Komara parle… « il y a une main noire qui agit »

Lansana Komara, ministre secrétaire général du gouvernement

CONAKRY-Entre revendications pour la libération de ses cadres privés de liberté et lutte pour le retour à l’ordre constitutionnel, le RPG arc-en-ciel est sur plusieurs fronts. Dans cet entretien accordé à Africaguinee.com, le secrétaire administratif de l’ancien parti présidentiel revient sur ces différentes préoccupations. Lansana Komara évoque également le processus de retour à l’ordre constitutionnel qui patine. Entretien exclusif !!!

AFRICAGUINEE.COM : Depuis un peu plus de deux ans vos camarades (Kassory Fofana, Amadou Damaro Camara, Mohamed Diané etc.) du parti sont privés de liberté. Comment leur absence est-elle vécu au sein du RPG arc-en-ciel ?

LANSANA KOMARA :  Leur absence au sein du parti nous fait beaucoup de peine. Je suis vraiment déçu du comportement des autorités actuelles. Ils mettent des innocents en prison pendant des années alors que toutes les juridictions, notamment la Cour Suprême, la Crief à travers ses différentes chambres, se sont prononcées sur leur libération, mais rien (n’est appliqué). La juridiction supranationale qui est au sein de la Cédéao, s’est prononcée sur leur libération, mais rien n’en est encore. On a l’impression qu’il y a une main noire quelque part. Et, c’est trop mauvais pour notre démocratie. Et, d’ailleurs, on n’est pas sur la voie de la démocratie. Mais encore une fois, nous demandons aux autorités de comprendre quand-même notre cri de cœur pour libérer le plus rapidement possible nos camarades, pour qu’on soit ensemble pour parler de la Guinée.

L’arrivée du premier ministre Bah Oury avait suscité « un vent d’espoir ». Est-ce qu’il y a eu des démarches allant dans le sens du respect de votre cri de cœur, à savoir leur libération ?

Nous avons toujours fait des démarches, mais sans résultats concrets. Comme je vous l’ai précédemment indiqué, il y a une main noire derrière. Tant que cette main noire là agit, nous ne voyons pas d’issue. Et nous souhaitons vraiment que les autorités pensent à ces êtres humains. La justice a aussi son côté humain dans tous les pays du monde. Donc il faut procéder à leur libération. Même s’ils sont dans leurs familles, quand la justice aura besoin d’eux, ils vont se présenter. Mais ce qui se fait là n’est pas humain du tout. Ils sont tous malades. On ne peut pas emprisonner des malades. C’est contraire aux principes du droit international. Il a été prouvé par les médecins qu’ils sont malades. Et malgré ça on les maintient. Au cas où il y aura un décès (on ne le souhaite pas), on dira c’est ceci, c’est cela.

Alors, c’est ce qui n’est pas du tout une bonne renommée pour notre pays. Déjà, il y a un cas qui s’est passé. Notre camarade Lounceny Camara, est mort en prison. C’est pour éviter encore qu’il y ait d’autres morts en prison. C’est ce qui fait craindre, et c’est très sérieux. Surtout, des responsables de haut niveau (Premier ministre, président de l’Assemblée nationale, ministre de la défense, ministre de l’habitat…), on les torture comme ça. Ce n’est pas une bonne renommée pour notre pays.

L’ancien président de l’Assemblée nationale n’a pas pu effectuer le déplacement à l’occasion de sa précédente audience à la CRIEF. Est-ce que d’autres actions sont envisagées au sein du RPG arc-en-ciel pour obtenir leur libération ?

Si on doit mener des actions, nous le ferons avec tout le peuple de Guinée…

A Luxembourg devant le parlement francophone, le président du CNT s’est interrogé sur l’importance « d’organiser des élections à l’issue desquelles les mêmes sont gagnants ». Est-ce que ça vous conforte dans le fait que les procédures engagées contre vos collègues sont politiques ?

Le monde nous donne raison. L’objectif, c’est départir ces ténors-là de la course. Mais le peuple de Guinée n’acceptera pas. Mieux qu’ils (dirigeants de la transition) reviennent à de meilleurs sentiments pour que nous puissions aller tous ensemble la main dans la main, pour bâtir notre Guinée, à travers des élections crédibles et transparentes.

En tant que membres des forces vives, vous réclamez la fin de la transition conformément à l’accord signé avec la Cédéao par les autorités de la transition. Mais à date, on ne voit pas concrètement des actions déployées sur le terrain pour le respect de ce calendrier. Est-ce qu’on ne court pas dos au mur ?

Il n’y a pas de volonté politique pour mettre fin à cette transition. Sinon, dans 24 mois, il ne reste plus que 8 mois à peu près. Mais s’il y a la volonté politique, en 8 mois, on peut organiser des élections. On n’a pas besoin de s’encombrer avec le RAVEC, et tout… Nous avons un fichier crédible qui a été audité par la Cédéao et la Francophonie. Il suffit alors de mettre un organe de gestion consensuel des élections, qui va les piloter de A à Z. Dans ces conditions, on peut s’entendre. Mais, comme ça là, on a l’impression que c’est le forcing, on veut forcer la situation. Et, la force n’amène nul part. En aucun cas, le force permet d’assurer la sécurité d’un État.

Est-ce que vous êtes prêts à fléchir sur certains de vos préalables pour permettre l’ouverture du dialogue ?

Ce qu’on a demandé n’est pas de la mer à boire. Mais ils veulent toujours passer par la force. Mais au moment où tu te sens fort, c’est en ce moment où tu es faible. C’est ce qu’ils ne comprennent pas. Ils doivent savoir que la force n’est pas la solution à nos problèmes posés. C’est pourquoi nous demandons aux autorités d’arrêter le forcing, de libérer nos camarades détenus depuis plus de deux ans. Et, ils doivent savoir que c’est par la parole, qu’on dirige un espace politique. On ne dirige pas l’espace politique par les armes. Ce n’est pas possible. Donc, nous avons bon espoir qu’ils vont nous entendre et qu’ils vont revenir à de meilleurs sentiments pour que la Guinée bouge. Pour que le pays bouge, il faut que les fils du pays se donnent la main. Mais comme ça là, le pays ne bougera pas.

Évoquons le cas de l’ancien président. A chaque fois, vous réitérez la nécessité de son retour. Est-ce que selon vous, sa présence en Guinée ne risquerait pas de gêner les autorités de la transition ?

Non, ça ne gêne personne. Au contraire, la Guinée n’est pas un sixième continent quand-même. Dans les autres pays, les anciens présidents sont là. Il faut le laisser rentrer. Il ne peut pas vivre en exil éternellement. Ce n’est pas possible. Il faut éviter ça.

Oui mais, on le voit à travers des écrits  qu’il est toujours animé par un désir de reprendre son fauteuil. Tout cela ne risque-t-il pas de créer une confusion ?

Non. Ça dépend des autorités qui sont en place. Parce qu’elles ont peur. Et, ça ne sert à rien d’avoir peur. Je vais vous dire que le professeur Alpha Condé n’est pas un revanchard. Il a été emprisonné ici pendant deux ans et quelques. Le juge qui l’a condamné était là. Quand il été libéré et il a été élu Président de la République, il a nommé ce juge-là, président de la Cour Suprême. Donc, si c’était un revanchard, ce n’était pas comme ça. Il est parti se recueillir sur la tombe du Général Lansana Conté à Wawa pour montrer qu’il n’a pas de haine dans son cœur. Ensuite, il a travaillé avec les compagnons du Général Lansana Conté dans son gouvernement. Il les a mis à des postes intéressants pour que nous puissions travailler ensemble au bénéfice de la Guinée. Cela s’est fait devant tout le monde. Pourquoi avoir peur alors de lui ?

On évoque le cas des élections avant la fin décembre 2024. Mais quid de nos jours de la santé du Rpg Arc-en-ciel ?

Le Rpg Arc-en-ciel se porte très bien. S’il y a élection aujourd’hui, Inch’Allah, nous allons remporter.

 On voit de moins en moins d’engouement derrière le RPG depuis le coup d’Etat. Sur quoi vous vous basez ?

Qu’on libère l’espace politiques seulement. Vous verrez que le Rpg est la force tranquille. On ne gère pas l’espace politique par la force, par les armes. On gère l’espace politique par le dialogue.

 Est-ce qu’il y aura une convention ou un congrès pour désigner le prochain candidat ?

Dans le statut, pour aller à une élection, nous faisons une convention nationale, pour désigner le candidat. Tout le monde tourne autour de lui. On bat campagne pour lui, c’est comme ça que nous faisons. Même si c’est des élections législatives, c’est comme ça. On est en convention toujours.

Entretien réalisé par Boubacar 1 Diallo

Pour Africaguinee.com

Créé le 6 mai 2024 14:05

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