Immersion dans les Monts Nimba où plusieurs espèces protégées sont menacées…

Mont Nimba, Paul Sakouvogui Africaguinee© Juin 2020

LOLA-Classé patrimoine mondiale de l’Unesco, le mont Nimba regorge une grande richesse écologique. Situé  dans la préfecture de Lola en Guinée forestière, cette chaîne de montagne culmine à 1 752 m d’altitude. Très riche en fer, il possède en son sein plusieurs espèces animales et végétales protégées qui font de lui un patrimoine mondial protégé par l’UNESCO. Il est entouré de plusieurs institutions scientifiques qui veillent à la conservation de sa biodiversité. Parmi elles, nous pouvons citer la ‘’station scientifique des Monts Nimba’’. Cette station basée à Ziéla, à 23 km de Lola, s’occupe de l’enrichissement, la conservation, et la surveillance scientifique de la réserve de la biosphère des Monts Nimba.

Les Chimpanzés de Bossou menacés

De nos jours plusieurs espèces sont en voie d’extinction au Mont Nimba. Cela, en raison de la pression de l’homme. Outre le braconnage, la déforestation, il y a aussi et surtout l’exploitation minière qui menace. Plusieurs espèces végétales et animales sont menacées d’extinction.  C’est le cas des chimpanzés de Bossou qui sont actuellement au nombre 09. Ils vivent dans les collines de Gban et sont circonscrit par l’IREB (Institut des Recherche Environnemental de Bossou).

‘’Les chimpanzés au niveau des Monts Nimba peuvent être menacés  parce que leur écosystème est menacé. Quand l’écosystème d’un animal est menacé l’animal aussi est menacé. C’est comme dans les zones maraîchers, quand on abat les arbres tout au long des cours d’eaux, les arboricoles qui étaient là tels que les singes vont aller vers d’autres destination où il y des arbres’’, ex plique Tokpana Ninamou, secrétaire scientifique de la station scientifique des Monts Nimba.

Un autre aspect serait à la base de l’extinction des chimpanzés de Bossou. Ces chimpanzés qui sont habitués aux hommes ne s’accouplent pas entre eux quand il s’agit de fille et père, ou de frère et sœur. Selon M. Ninamou, une seule solution pourrait permettre la reproduction de ces espèces.

« C’est de faire un corridor entre la colline de Gban et les monts Nimba. Il faut retenir que les chimpanzés  de Bossou ne peuvent s’accoupler entre eux, quand il s’agit de la fille et son père, ou le frère et sœur. Donc cela peut réduire le nombre d’espèces de chimpanzés. Si le corridor réussi, les chimpanzés de Bossou pourront migrer vers les Monts Nimba pour trouver d’autres familles de chimpanzés avec lesquelles ils peuvent s’accoupler», explique le scientifique.

Des crapauds vivipares

A part ces chimpanzés, plusieurs autres espèces rares sont menacés nous apprend-ton sur place. Parmi ces espèces, il y a les crapauds vivipares qui ne pondent pas d’œufs. Ils font 09 mois de gestation comme des humains et donnent directement naissance à des petits.

« Les crapauds vivipares ne pondent pas d’œufs. Ils font directement des petits comme des humains et cela après 09 mois de gestation. Ces crapauds n’existent nulle part qu’aux Monts Nimba. Ils ne peuvent pas vivre aux pieds des Monts mais plutôt à une attitude qui varie de 1200m ou plus. On retrouve aussi dans les Monts Nimba des hippopotames qui sont aussi des espèces très rares, qu’on ne trouve plus ailleurs. Ils sont menacés parce que la forêt de Guéré est menacée. Il y a d’autres espèces telle que  le chat-doré, le pangolin géant, que nous cherchons à conserver. Il y a un insecte qu’on appelle l’analphevénanta. Cet insecte à presque disparu. C’est un indicateur écologique. Partout où vous rencontrer ces insectes, ça veut dire que l’écologie est stable. Ici au Mont Nimba, on les rencontre dans les ravins à hautes attitudes. Les parents prennent ces insectes qu’ils font bruler et vendent dans le commerce. Ça coûte très chère. Alors, toutes  ces espèces qui vivent sur les Monts  sont considérés  comme menacées par ce que leur écosystème est détruit», avertit  Monsieur Ninamou.

Tout comme sa faune, le Mont Nimba est également très riches dans sa flore. Ici on trouve plusieurs plantes rares comme les plantes carnivores qui consomment les insectes. ‘’ Le drhogeraexiste au Mont Nimba. Ce sont des plantes carnivores. Il y a le nocléadidérichie qu’on appelle l’arbre d’or, il y’a l’énanciapolyclarba. C’est une espèce teinturière dont l’écorce ne se reconstitue pas après le prélèvement. Il est arrivé un temps, il y a une espèce ici, le nucléalatifolia, la plante était exploitée par l’industrie alcoolique de Boma. Donc ils avaient trouvé ici comme un site. La population était là et chacun avait son sac de 50 kg auprès de sa case. Quand les gens viennent ils achètent. Toutes celles-ci sont des espèces végétales rares’’, explique le botaniste.

A part l’exploitation minière, les activités riveraines sont aussi à la base de la dégradation de la biodiversité des Monts Nimba. Cela s’explique par l’augmentation galopante de la population au niveau de la réserve.

‘’ On voit toujours une pression des riverains sur la réserve. Quand nous venions en 2003 ici, les riverains ne connaissaient pas la vente du charbon de bois. Alors le programme de la conservation de la biodiversité avait envisagé beaucoup d’autre chose comme la pisciculture, aviculture, les cultures maraichères  et en plus de la sensibilisation  par plusieurs organisations. Nous pensons que  cela peut être compris par les riverains pour diminuer cette pression sur la réserve», préconise M. Molmou.

Menace de l’activité minière

Selon Docteur Kpakilé Molmou, le gouvernement guinéen a engagé une étude pour établir une relation entre l’exploitation et la conservation de la biodiversité des Monts Nimba. ‘’Le gouvernement guinéen  avait demandé à l’UNESCO de proposer une variante qui pourrait établir une relation de compatibilité  entre l’exploitation minière  et la conservation de la  biodiversité. En ce temps il y a eu ce qu’on a appelé  le projet pilote, qui a permis de concilier l’exploitation minière et la conservation de la biodiversité. L’une des recommandations  phare de ce projet pilote était de créer en fonction de l’exploitation minière. Jusqu’à présent l’exploitation n’a pas encore commencé, ils sont en train de faire les études de faisabilité et le sondage. Le projet pilote a proposé des aires complémentaires, comme l’aires centrale,  le corridor de Bossou, et celle de la forêt de Guéré  pour augmenter le site du  patrimoine mondial de l’UNESCO qui était dans la réserve de biosphère’’, confie le directeur générale de la station scientifique des Monts Nimba.

Docteur Kpakilé Molmou, lance  un appel aux autorités du pays pour soutenir les scientifiques dans leurs recherches. « Nous sommes tous d’accord qu’une recherche scientifique qui aboutit à des résultats concluants, doit être soutenu financièrement. L’appel que nous lançons au gouvernement et aux bailleurs de fond, c’est de chercher à appuyer les centres de recherche scientifiques. En leur dotant de moyens matériels et financiers», a laissé entendre Docteur Kpakilé Molmou.

Il y a juste une semaine, Jérémy Coman, l’un des grands scientifiques du Mont Nimba s’est éteint dans des circonstances déplorables. Ce célèbre botaniste qui a fait plus de 20 ans de service au Mont Nimba interprétait des gestes et les cris de certaines espèces du Mont. Selon son entourage, il n’a pas eu de soutien malgré tout le service qu’il a rendu au pays.

De retour des Monts Nimba, PaulForomo SAKOUVOGUI

Pour Africaguinee.com

Tél : (00224) 628 80 17 43

 

Créé le 30 juin 2020 10:24

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