Immersion dans l’univers des soldats d’Ebola : A la rencontre des survivants qui combattent le virus (Acte III)…

Personne guérie d'Ebola   Photo-Africaguinee.com

MACENTA- Certains ont perdu plusieurs membres de leur famille, d’autres ont frôlé la mort en contractant le virus. Ces survivants d’Ebola sont désormais décidé à livrer une bataille sans merci contre le virus.

Dire que le virus Ebola n’a laissé que tristesse et désolation partout où il est passé, équivaudrait à un euphémisme. A Macenta, préfecture située dans le  sud de la Guinée, où l’épidémie a fait plus de ravages, le vilain virus a décimé presque des familles entières. Dans la version finale de notre grand reportage intitulé « Immersion dans l’univers des combattants d’Ebola’’, nous allons à la rencontre des miraculés de la fièvre hémorragique mortelle. Ces personnes qui ont fait front au virus mortel et ont pu neutraliser son venin. Des survivants « immunisés » qui se battent tous les jours pour aider les malades à guérir.

Il faut avoir de la chance pour sortir guéri d’Ebola. A Macenta, il n’est pas rare de voir un survivant d’Ebola  qui a perdu toute sa famille, son mari, ses enfants, son papa ou sa maman. Cette jeune femme qui a requis l’anonymat  fait partie de cette catégorie. Elle a vu mourir sous ses yeux tous ceux qu’elle avait de chers et d’affectueux. Mais elle, comme par mystère, elle est sortie complètement guérie de la foudroyante maladie qui continue d’endeuiller des familles en Guinée.

Elle ne nous dévoile pas son identité. Par peur d’être « stigmatisée » ? Elle ne nous dit pas la raison. Son sourire discret cache à peine son chagrin. Mais elle se remet peu à peu. La jeune dame retrouve un petit vent d’affection dans la crèche où elle travaille aujourd’hui comme nounou. Cette crèche gérée en tandem par la Croix Rouge Française et l’ONG Save the Children s’occupe des orphelins d’Ebola et des enfants dont les parents sont malades du virus mortel.

A notre arrivée, elle chouchoutait  un enfant  de deux mois. Il s’appelle Tamba Loua. Sa maman est malade d’Ebola. Elle est couchée au centre de soin Ebola de Macenta situé à moins d’un kilomètre de la crèche. Le bébé se porte bien, nous a-t-elle confié.

Un peu plus loin, une nounou dorlote un autre bébé sur un matelas. L’enfant avoisine les neuf mois. Comme Tamba, sa maman, est malade d’Ebola. Quelques minutes avant notre arrivée, un bébé de deux mois venait de présenter des signes. Il vomissait et faisait la diarrhée, nous confie un responsable de l’ONG Save the Children.   Evacué par la Croix Rouge au CTE, situé à moins minutes en voiture, les tests confirmeront que le bébé est atteint d’Ebola. L’enfant rejoint sa maman au CTE.

Interrogé, la jeune femme qui a perdu son mari, son papa et ses enfants à Gueckedou, explique que lorsque son mari est tombé malade, elle s’est occupée lui.  ‘’C’est mon mari qui m’a infecté’’, dit-elle.

Articulant à peine ses phrases, elle rajoute en détails: ‘’Quand ils sont tombés malades, c’est moi qui me suis occupé de lui et de mes enfants. C’est comme ça que je me suis infecté. Je suis partie à Gueckedou (au centre de traitement). Mon mari, mes trois enfants et mon papa sont décédés. Mois je suis sortie guérie’’, raconte-t-elle.

Il n'y a pas de vaccin ni de soin spécifique contre la maladie Ebola, mortelle dans 25 à 90% des cas. Mais si les patients reçoivent un traitement pour les infections secondaires et sont bien réhydratés dans des structures de santé adéquates, leurs chances de survie augmentent. Cette chance, Bamba Bavogui l’a eu. Sa femme aussi.

Ce trentenaire qui travaillait dans un projet agricole à Macenta, a perdu son emploi après sa guérison. Aujourd’hui, tout comme sa femme qui l’a contaminé du virus Ebola, ils travaillent à la crèche.

Le  jeune homme nous décrit la chaine de contamination.  ‘’C’est ma femme qui m’a contaminé. Elle aussi, c’est sa copine qui l’a infecté’’, se rappelle-t-il. Quand la copine de sa femme est tombée malade,  personne ne savait qu’elle avait Ebola. Elle faisait la diarrhée, elle vomissait, raconte-t-il.

‘’Ma femme allait la rendre visite. Quand elle est décédée, quatre jours après, ma femme a commencé à présenter des signes. Je l’ai envoyé à l’hôpital préfectoral de Macenta. Quelques jours après, elle  a trompé la vigilance des gens de l’hôpital, elle est rentrée à la maison. Je me suis occupé d’elle pendant quelques jours, mais elle n’arrêtait pas de vomir et de faire la diarrhée. C’est ainsi que je suis allé à l’hôpital pour leur expliquer son cas. Mais ils m’ont dit qu’ils n’iront pas la chercher parce qu’elle s’est cachée pour rentrer alors qu’elle était malade. C’est ainsi que je l’ai pris sur ma moto pour la ramener à l’hôpital. Après, on l’a transféré au centre de traitement de Guéckédou. Je l’ai laissé là-bas je suis rentré.

Mais moi aussi quand je suis rentré, quelques jours après, j’ai commencé à présenter des signes. J’ai pris ma moto pour me rendre à Guéckédou ( …). Par la suite on m’a contrôlé positif. Je suis rentré au CTE pour suivre mon traitement. Et par la grâce de Dieu, ma femme est sortie guérie avant  moi. Après moi  aussi je suis sorti guéri’’, raconte Bamba tout souriant vêtu de son scrub.

Content d’avoir survécu avec sa femme. Un cas rarissime à trouver à Macenta. Après sa guérison, M. Bavogui, devait faire face à une autre difficulté. Cette fois, psycho-social. Son voisinage, ses amis, ses collègues ne le fréquentaient plus. Il était devenu comme un pestiféré dans la société. La perte du job, le poids de la stigmatisation. Pour traverser cette épreuve, Bamba Bavogui, choisi d’aller retrouver les siens : la troupe des miraculeux d’Ebola. Il a décroché un nouvel emploi avec sa femme dans la crèche.

‘’Je travaillais dans un projet agricole, mais quand je suis rentré, je n’ai pas pu recommencer. J’ai perdu mon boulot, c’est pourquoi je suis venu postuler ici. On m’a retenu maintenant je travaille ici’’, nous révèle-t-il.

A Macenta, un des foyers chauds de l’épidémie il y a quelques mois, on enregistre moins en moins de cas. Le Centre de Traitement a enregistré une quinzaine de personnes guéries. Une place de choix leur est spécifiquement réservée au centre de soin. Il s’appelle le tableau des guéries. Sur  les photos accrochées au tableau, on distingue des visages de toutes les classes d’âges.

Dans cette préfecture, les survivants d’Ebola ont la joie discrète. Ils jouent leur partition dans le combat contre l’épidémie Ebola qui a tué plus de 1500 personnes en Guinée.

 

Un reportage de Diallo Boubacar 1

Envoyé spécial d'Africaguinee.com à Macenta

Tel : (00224) 655 31 11 12

Créé le 25 décembre 2014 17:11

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