Guinée : Les « graves répercussions » de l’explosion du dépôt pétrolier…

CONAKRY- L’explosion du dépôt central d’hydrocarbures à Kaloum dans la nuit du dimanche à lundi 18 décembre 2023, provoque un grand bouleversement. Un peu partout à travers le pays, les populations sont durement frappées par l’arrêt brusque de la chaîne d’approvisionnement en produits pétroliers. Bien que le Gouvernement a pris des mesures atténuantes en autorisant la reprise de la vente du carburant, l’impact de la crise est visible. Dans tous les secteurs d’activités, on ressent le choc.

Selon le Gouverneur de la BCRG, si la destruction des installations de la SGP (Société Guinéenne des Pétroles) entraine à moyen terme une rupture de l’approvisionnement du pays en carburant, à long terme, cela risque de perturber les secteurs des transports, de l’industrie, du commerce, des services, etc.

Incendie du dépôt pétrolier de Kaloum

L’Institut national des Statistiques (INS) entrevoit déjà une baisse des importations de pétrole raffiné pour le reste de l’année 2023 de l’ordre de 4,2%, et un ralentissement des activités de transports d’environ 2% par rapport à une situation normale. La croissance économique pourrait quant à elle être amputée de 0,7%.

Dans les quartiers tout comme dans les marchés de la capitale guinéenne, les citoyens ne cachent plus leurs inquiétudes par aux répercussions économiques et sociales de cette crise. C’est le cas de Djénabou Diakité, vendeuse au marché d’Enco5 dans la commune Ratoma. Elle a livré son amertume au micro d’un journaliste d’Africaguinee.com.

Madame Djenabou Diakité

« Aujourd’hui, je suis allée à Matoto, mais avec énormément de difficultés. Avant la crise, lorsqu’on sortait à 04 heures du matin, on avait l’habitude de payer le transport à 10 000 GNF, mais aujourd’hui, nous avons payé le double (20 000 GNF).  C’est vraiment inquiétant. Mais ce qui s’est passé a été une surprise pour tout le monde. Aujourd’hui, nous les mères de famille qui vivons à Conakry, sommes vraiment inquiètes. Nous sommes assises ici et les clients ne viennent même pas, nous rentrons à la maison les mains vides, c’est très compliqué », se lamente cette vendeuse assise devant son étal.

Ramatoulaye Diallo est venue acheter des condiments au marché de Matoto. Elle déplore la cherté des prix qui s’est accentuée depuis le drame de Kaloum. « L’inflation était déjà là, mais depuis qu’il y a eu l’explosion au niveau dépôt du carburant à Kaloum, la situation est devenue encore pire. Les feuilles que vous voyez, on avait l’habitude d’acheter 3 boules à 10 000 GNF, mais aujourd’hui on a acheté les 3 boules à 25 000 GNF. C’est vraiment compliqué pour nous. La cherté des prix touche toutes les denrées », explique-t-elle.

Mariam Baïlo Bangoura est vendeuse de poisson au marché de Koloma. Elle se dit impactée aussi par la situation actuelle. « Quand je suis sortie ce matin, j’ai marché de Koloma jusqu’à l’aéroport. C’est là où j’ai trouvé un véhicule pour m’embarquer et aller à Bonfi. Le transport avec un minibus m’a coûté 3000 GNF. Au retour, j’ai emprunté un taxi motard et il m’a fait payer 20 000 GNF alors que j’ai l’habitude de payer 6 000 GNF.

Au marché Bonfi, j’ai trouvé que les vendeuses de poisson ont augmenté le prix. Ce qu’on avait l’habitude de payer à 110 000 GNF, on l’arrache à 120 000. Aujourd’hui, je suis inquiète parce que depuis mon arrivée, personne n’a demandé le prix d’un poisson. Et avec le prix auquel j’ai acheté, je risque de n’avoir rien comme bénéfice », craint cette autre vendeuse.

Thierno Sadou Bah revend de la viande au marché de Cosa, il ne cache pas ses inquiétudes suite au drame meurtrier au dépôt du carburant. « Nous sommes vraiment inquiets. Depuis le matin nous n’avons pas vu un seul client. Et la viande qui est là risque de pourrir à tout moment », craint-il.

Le transport interurbain est aussi impacté. À date, les transports interurbains ont augmenté de plus de 60% dans l’ensemble du pays et ont triplé par endroit, selon les autorités.

Mamadou Aliou Sow, conducteur de taxi témoigne. « Nous sommes obligés d’augmenter le prix du transport. Parce que nous achetons le titre d’essence à 30 000 Gnf au marché noir », se défend ce conducteur de véhicule de transport en commun.

Dans la commune urbaine de N’Zérékoré, plusieurs pères de famille tirent le diable par la queue. Certains confient qu’ils n’arrivent plus à nourrir leurs familles. Ces chefs de familles vivent au jour le jour grâce au transport urbain et interurbain aujourd’hui, quasiment à l’arrêt.

« Tout est bouleversé, tout le monde est bloqué, on ne sait pas où on va aller. Comment on va gagner quelque chose à manger ? Le volant, c’est notre bureau. Si on ne bouge pas, on ne gagne pas à manger. S’il n’y a pas de voyage il n’y a rien à manger à la maison. Je demander au Gouvernement de laisser les stations continuer de travailler, sinon, on ne pourra rien faire », se lamente Bangaly Kourouma, maitre chauffeur.

Konaté Mamadi renchérit : ‘’Je fais le taxi moto, mais notre travail est bloqué comme ça. On a des enfants à la maison, mais si on ne circule pas, on ne peut pas les nourrir », s’inquiète cet autre père de famille.

Sans travail, il n’y a pas à manger

Lancinet Condé ne sait pas vers qui se tourner. L’arrêt brusque des activités le pénalise. « On ne sait pas ce qu’il faut faire. Tout est à l’arrêt. Sans carburant, on ne gagne rien. Ça fait mal, mais il faut rester patient et je demande au Gouvernement de nous aider à avoir du carburant au plus vite que possible ».

Un reportage de Mamadou Yaya Bah & SAKOUVOGUI Paul Foromo

Pour Africaguinee.com

Créé le 25 décembre 2023 09:47

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