Elections en Guinée : Dr Faya Millimono fait des mises au point… (Interview)

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CONAKRY- Malgré quelques avancées dans le dialogue politique inter-guinéens, tous les obstacles pour la tenue d’un scrutin inclusif et apaisé ne sont pas encore franchis. Alors que la Commission électorale nationale indépendante annonce la date du 18 décembre, le leader du parti « Bloc Libéral » vient de faire une mise en garde : « Nous n’accepterons pas le découplage des élections ». Le Dr Faya Milimono revient dans cette interview sur plusieurs sujets liés à la conduite du dialogue politique qui s’est ouvert le jeudi dernier à Conakry. Exclusif !!!

 

AFRICAGUINEE.COM : Dr Faya Millimono ! Comment se déroulent jusque-là les négociations en cours dans le dialogue politique inter-guinéens ?

DR FAYA MILLIMONO: Le deuxième jour du dialogue a été quelque peu semblable au premier. Il s’est agi de s’attaquer à des sujets, pas de moindre importance, mais des sujets moins complexes. Nous ne rentrerons de plain-pied dans le débat qu’à partir du lundi. Hier, il a été simplement question de l’ordre du jour. On s’est entendu là-dessus. Des réaménagements ont été faits. Le problème du cadre a été discuté, nous nous sommes entendus. Aujourd’hui, nous avons commencé à aborder l’ordre du jour. Il y a des points nouveaux. Si l’année dernière on s’était convenu qu’on élargisse pour l’apaisement social et politique, ceux qui avaient été arrêtés à l’occasion des manifestations politiques, il y a eu du nouveau. Depuis août dernier, nous avons beaucoup de militants de l’opposition qui sont encore dans les prisons. Nous avons alors demandé que conformément à la loi, ces gens-là soient purement et simplement élargis, exceptés, ceux qui sont arrêtés et ou condamnés pour des crimes de sang.

Vous vous êtes entendus aussi sur la mise en place de la Haute Cour de Justice. Pourquoi c’est important à vos yeux ?

Oui nous avons abordé la question de la mise en place de la haute Cour de Justice. Là-dessus, on est parti du constat que les instruments juridiques mis en place sont pour améliorer la gouvernance dans notre pays, aussi bien sur le plan politique, social qu’économique. Trop de crimes sont commis dans notre pays, et trop de crimes sont restés impunis. Mais les crimes les plus nombreux qui sont restés impunis ont été commis par les plus hauts placés. Soit le président, soit les ministres. Et il n’y a qu’une seule Cour en Guinée qui peut juger le Président de la république et les ministres en fonction. Alors si cette cour n’est pas en place, il y a un vide qui empêche que l’on combat toutes les bavures dans ce sens. Donc, on s’est entendu que cette Cour soit mise en place dans les meilleurs délais.

Dites-nous quels sont les points que l’opposition aurait voulu  voir inscrits à l’ordre du jour mais qui n’ont pas été retenus et pour quelle raison ?

L’opposition avait demandé que figure à l’ordre du jour la question de la diminution des prix du carburant. Ceci pour respecter le principe de la flexibilité des prix du carburant sur le marché international. Ceci n’a pas été accepté parce qu’on a pensé que cette question d’ordre économique peut être discuté dans d’autres cadres. C’est aussi le cas, quand nous avons évoqué la question du fonctionnement de l’Assemblée Nationale. Pour nous qui nous battons pour la démocratie, l’Etat de Droit, et pour une bonne gouvernance dans notre pays, quand on voit la manière dont notre parlement fonctionne, on a parfois les larmes aux yeux. Mais certains ont pensé que ce serait offrir une sorte de tribune à l’opposition pour faire le procès de l’Assemblée nationale. Ce sont des questions qui peuvent fâcher, mais aussi longtemps qu’on aura peur de se dire la vérité dans ce pays, nous n’avancerons pas.

 Hier, on n’a pas pu obtenir l’inscription à l’ordre du jour de ces deux éléments, simplement parce qu’on n’avait pas voulu donner la possibilité d’en parler. Mais cela ne voudra pas dire que l’Opposition va reculer par rapport à ces questions. Dans d’autres cadres, nous continuerons à attirer l’attention du peuple de  Guinée, qu’il doit prendre les dispositions pour se faire respecter sur ces questions. Parce que, le maintien du prix du carburant au niveau où il est, c’est simplement, aller chercher l’argent de manière indue dans les poches où on ne doit pas chercher.

Quelles garanties l’opposition a-t-elle eu pour accepter que le ministre Bourma Condé préside le cadre du dialogue ?

Il y a une nuance qui n’a pas été mentionnée. Quand il s’agit du choix des hommes dans notre pays, c’est très difficile. On s’était entendu hier que le présidium soit composé. L’opposition a été l’entité qui a demandé que ce ne soit pas un membre du Gouvernement. Les propositions et les discussions sont à faire pour s’entendre sur une personnalité consensuelle. Mais on a pensé que la manière dont les débats ont été menés jusque-là, en attendant que nous ayons les raisons de trouver une personnalité consensuelle, que le ministre actuel dirige les débats. Cette nuance doit être ressortie.

Lorsque nous avons assisté à d’autres dialogues ici, qui ont été présidé par les ministres, comme maître Sako, qui a été beaucoup apprécié au début, mais par après, il ne valait plus le poids d’une feuille de papier. Le Jour où nous constaterons que ce n’est qu’un jeu, on s’arrêtera pour que le consensus qui a été dégagé le premier jour soit remis ajour. Et trouver une personnalité consensuelle pour diriger les débats.

Vous avez rappelé le cas du ministre Sako, qui est un précédent fâcheux pour vous, est-ce qu’en acceptant encore un membre du Gouvernement, l’Opposition ne prend pas un risque ?

Il y a un risque et c’est pour cette raison que le problème n’a pas été définitivement résolu. Il faut comprendre que la chose la plus importante, c’est ce que nous allons aborder à partir du lundi. Il s’agira de l’application des accords. On regardera tous les éléments dans l’accord et définir la façon dont ils seront appliqués dans un délai raisonnable.

Mais avant que nous ne rentrions dans le vif du sujet, la question de l’arrêt des activités au niveau de la CENI va être débattue pour permettre qu’on finisse le dialogue. La CENI a de manière unilatérale violée l’accord (…). Elle parle encore du découplage des élections locales et des élections communales. Cette question fera l’objet de discussion avant même que nous ne rentrions dans le débat le lundi.

Sur cette question, la CENI brandit l’argument juridique qui n’est pas à négliger…

S’il y a un couac au niveau des textes, il faut régler. Pourquoi nous avons l’Assemblée Nationale ?

Pensez-vous qu’il soit possible de convoquer une session extraordinaire de l’Assemblée avant l’échéance du 18 décembre ?

S’il y a une contradiction entre nos textes, figurez-vous que nous avons signé l’accord longtemps. En Guinée, les gens ne se posent la question sur le temps perdu. Il est clair qu’entre maintenant et décembre, c’est plus court qu’entre maintenant et janvier ou aout de l’année dernière. Mais si on était sérieux, si on avait tenu compte qu’on avait un travail du peuple à faire, depuis aout 2015, il y a eu combien de sessions de l’Assemblée Nationale ? Pourquoi la question n’a pas été évoquée. On a fait semblant qu’il n’y avait pas d’accords. C’est uniquement après la manifestation du 16 aout dernier, qu’on s’est rendu compte qu’il y avait un accord qui n’a pas été respecté. On ne fait pas les choses de cette façon. Pour nous, on ne permettra plus jamais qu’on jette par la fenêtre les fonds publics au moment où le peuple de Guinée est en train de tirer le diable par la queue. On n’acceptera pas le découplage des élections.

Vous serez intraitable sur la question ?

Sur ce point on sera intraitable. Les élections locales et les élections communales devront être tenues. Ceci est extrêmement important.

Comment votre parti le Bloc Libéral se prépare-t-il pour ces élections ?

Nous sommes préparés pour les élections communales depuis. Et au moment où nous parlons nous avons des équipes sur le terrain dans les circonscriptions où nous allons présenter des listes. Nous sommes en train de faire un travail de sondage pour savoir qui, parmi les hommes et les femmes de cette circonscription, peut faire l’affaire. Nous le faisons pour toutes les régions du pays. Les élections présidentielles ont prouvé que j’ai eu des électeurs un peu partout. Nous présenterons des candidats un peu partout parce que la réussite de la gouvernance au niveau local va résoudre beaucoup de problèmes dans notre pays.

Envisagez-vous des alliances ?

Rien n’est exclu. D’ailleurs nous sommes en alliance depuis 2015 où j’ai été accompagné par un ensemble de partis politiques. Nous avons décidé de travailler ensemble. Et ensemble nous sommes en train de nous préparer dans les circonscriptions concernées pour la présentation des listes communes.

 

Interview réalisée par Diallo Boubacar 1

Pour Africaguinee.com

Tel. : 00224 655 31 11 12

Créé le 25 septembre 2016 13:31

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