El hadj Mamadou Sylla dit tout : ‘’Pourquoi j’ai porté plainte contre le Gouvernement guinéen…’’ (Interview)

El hadj Mamadou Sylla, Président du Conseil National du Patronat Guinéen

CONAKRY- Pourquoi le député El hadj Mamadou Sylla a porté plainte contre le Gouvernement guinéen au niveau des instances du Bureau International du Travail ? Que s’est-il passé lors de la 104ème session de la Conférence Internationale du Travail tenue à Genève ? El hadj Mamadou Sylla, leader politique et allié du Président Alpha Condé, dénonce le « népotisme » qui a caractérisé le choix des représentants guinéens à cette rencontre dans la capitale Helvétique. Dans cet entretien exclusif accordé à notre rédaction, le Président du Conseil National du Patronat Guinéen, El hadj Mamadou Sylla, exprime particulièrement sa colère contre le Ministre Damantang Albert Camara qui a en charge l’enseignement technique, la formation professionnelle et l’emploi.

 

AFRICAGUINEE.COM : Honorable El-Hadj Mamdou Sylla bonjour !

EL HADJ MAMADOU SYLLA : Bonjour Monsieur Diallo !

En marge de la 104ème session de la Conférence Internationale du Travail à Genève, vous avez porté plainte contre le Gouvernement guinéen. Quelles sont les raisons de cette plainte ?  

En quittant ici, j’avais prévenu d’abord le président de la République. Je l’ai demandé de dire à son Ministre de l’Emploi (Damantang Albert Camara, Ndlr) de faire beaucoup attention. Je lui ai dit que je ne voudrais pas qu’on aille là-bas  (Genève) et qu’on condamne le Gouvernement. Parce que je connais très bien comment ça se passe. Depuis vingt ans je participe à la Conférence  internationale du Travail à Genève.

Alors, le 11 mars dernier, Malick Sankon (Directeur Général de la Caisse Nationale de Sécurité Sociale, Ndlr) m’a appelé au téléphone et m’a dit : mon ministre (Damantang Camara, ndlr) veut te parler. Après les salutations d’usage, le ministre m’a dit qu’il est en train d’établir la liste. Je lui ai dit : monsieur le ministre, faites beaucoup attention parce que si vous mettez le nom de quelqu’un à la place de l’organe reconnu par les partenaires, le BIT (Bureau international du travail) et l’OIE (organisation internationale des employeurs), ça va créer des problèmes et la Guinée sera condamnée.

Je lui ai dit que j’ai souligné au président que si la liste n’est pas établie comme ça se doit, je porterais plainte contre le Gouvernement. Parce que chaque pays, c’est un seul patronat qui est reconnu par les instances du BIT et de l’OIE. Les autres formations patronales peuvent venir, mais via le premier Groupe qui est représenté, reconnu  et qui paie ses cotisations. Donc, je lui ai dit de faire attention. Quand j’ai fini d’expliquer, il m’a dit qu’un ministre d’Etat lui a dit qu’il a assisté à la réunion que j’ai eue avec le Président. Ensuite il me dit qu’il va essayer de rattraper ça. Je lui ai dit que c’est important.

Ensuite il m’a demandé de le rappeler le soir. Je l’ai fait mais, on ne s’est pas compris. J’ai fait des courriers, j’ai parlé au téléphone pour dire que si notre délégation n’est pas en tête des délégués titulaires, ça va créer des problèmes parce que je porterais plainte contre le Gouvernement. J’ai échangé deux fois des courriers avec lui. Donc, il était averti à l’oral et à l’écrit. Malgré tout ça, il a coupé le  contact. Et, moi à chaque fois que je faisais un courrier, j’envoyais une copie à mes partenaires de l’OIE.  Nous sommes indépendants, nous ne dépendons pas d’un ministère. Nous sommes des partenaires. Mais pour faire quelque chose qui engage toutes les parties, il faut avertir. Mais tu ne peux pas te lever comme ça pour prendre un groupe pour dire que c’est lui qui va partir.

Quand on est parti à Genève, on a formulé une plainte. Le ministre était obligé de répondre. Et quand il a  répondu, l’OIE a dit qu’il s’est ingéré dans les affaires internes du syndicat patronal. Moi je ne voulais pas qu’on en arrive là. C’est pourquoi, je les ai conseillés. Mais j’avoue que j’ai vu beaucoup de choses là-bas qui sont malheureusement regrettables. La délégation m’a ségrégué avec mon équipe, malgré tout on a eu raison sur eux.  Ils ont fait du clientélisme, du népotisme même. Or, un ministre de la République ne doit pas faire ça (…). Le Gouvernement, le Patronat et le syndicat, on est obligé de se donner la main pour qu’on travaille ensemble. Moi je veux bien qu’il y ait plusieurs organisations patronales,  mais tout ce qui peut trainer notre pays dans la boue, il ne faut pas qu’on le fasse. Au Sénégal, il y a plus de dix organisations patronales, mais il y a une entente. Il n’y a jamais d’histoire. Mais si on veut prendre des gens ici pour  les mettre par affinité ou par parenté, je crois que ça ne va plus.  On ne doit pas gérer le pays comme ça.

Je n’ai pas porté plainte pour une question d’argent, mais il y a une question de principe.  Le monde entier marche sur des principes, il faut que nous aussi on marche sur ces principes  là. Moi je crois que la prochaine fois, il faudra rectifier. C’est le CNPG (conseil national du patronat guinéen) qui doit décider de la date à la quelle il va faire son congrès, ça c’est entre les membres. Le Gouvernement ni personne ne peut se mêler de ça. C’est clair et net.

Africaguinee.com : Vous dites que vous avez été ségrégués là-bas par le Gouvernement. Comment ?   Lorsqu’on est sorti de la salle de conférence, on devait prendre des véhicules pour rejoindre nos hôtels. On est sorti avec le ministre Damantang. On était arrêté, je vois notre ambassadeur, Aly Diané  venir avec le véhicule  de la Guinée. Il a garé, le ministre est monté dans la Mercédès sans me dire mot. Après j’ai pris un taxi pour aller à l’hôtel. J’arrive je trouve le ministre et l’ambassadeur assis  en bas de l’hôtel. Ça, ça m’a touché. Parce que je suis un guinéen, et puis pas n’importe lequel. Je suis député quand  même. Je suis au dessus d’un ministre. (…)  Sinon, il pouvait me demander au moins où j’allais.

L’ambassadeur même quand je suis arrivé le dimanche matin, j’ai parlé avec lui. Il a promis de me rendre visite à mon hôtel. Mais depuis que le ministre Damantang est arrivé, même un coup de téléphone de lui  je n’ai pas eu. Tout ça c’est quoi ? Tous les noms que j’ai cités est-ce tout ça ce n’est pas du népotisme contre ma personne.

Pourquoi toutes ces personnes se réunissent en bloc contre moi et mon groupe ? Parce que tout simplement je ne suis pas Malinké ? C’est très   grave. Si le pays doit aller comme ça c’est très grave. Je fais partie du groupe qui a élu Alpha. Ça c’est énervent. Si c’était un autre qui est de l’opposition qu’est-ce qu’on allait lui faire ? C’est de lui couper la tête !

Et, on est encore en dehors de notre pays. La Mercédès qu’il a, ce n’est pas lui, c’est l’argent du contribuable guinéen. Et moi, je suis un bon contribuable. A peine ils n’ont pas roulé les pneus du véhicule sur moi (…). Je dis ça pour que le président entende et qu’il corrige désormais.  

 

Entretien réalisé par Diallo Boubacar 1

Pour Africaguinee.com

Tel : (00224) 655 31 11 12

Créé le 16 juin 2015 11:12

Nous vous proposons aussi

TAGS

étiquettes:

SONOCO

TOTALENERGIES

UNICEF

LONAGUI

cbg_gif_300x300

CBG

UBA

smb-2

Consortium SMB-Winning

Annonces

Recommandé pour vous

Annonces

logo-fondation-orange_3

Avis d’appel d’offre ouvert…

mercredi, 15 mai 24 - 11:36 am