Dubréka : de graves exactions commises sur des citoyens à Simbaya 2…

Un citoyen victime de casse à Dubreka

DUBREKA-A Dubréka, dans le quartier Simbaya 2, des citoyens ont été victimes de graves exactions. Dans la nuit du lundi 31 mai 2021, des hommes habillés en uniformes de police, accompagnés de jeunes (loubards) ont fait une descente musclée dans ce quartier de la commune urbaine de Dubreka, ville proche de Conakry. Des citoyens ont été surpris de leur sommeil profond par ces hommes qui ont commis des scènes d'exactions. Des maisons ont été détruites, des biens emportés, de l'argent volés par les "assaillants", lors de cette expédition nocturne.  

Selon des victimes interrogées par Africaguinee.com, ce sont des agents de la police accompagnés de loubards armés des machettes et coupe-coupe, qui ont mené cette opération.  Au cours des casses, des citoyens ont été tabassés et d'importantes sommes d’argent ont été emportées, témoignent les victimes, encore sous le choc.

Ce "déguerpissement sauvage" a touché plus de vingt de bâtiments situés dans le quartier Simbaya 2, secteur 6, lot 5, relevant de la commune urbaine de Dubréka. Ces déguerpissements n’ont rien en commun avec ceux entamés par les autorités du ministère de la ville et de l’aménagement du territoire d’après le maire de la commune urbaine de Dubréka.

Ce mercredi, il était environ 14h, lorsqu’un reporter d’Africaguinee.com est arrivé dans ce quartier. Des maisons habitées, cassées et vidées de leurs contenus, des murs de clôture dévastés. En face,  des victimes attristées et impuissantes. C’est le constat que présente ce secteur situé environ à 3 Km de Dubréka ville.

Quatre pickups de police et un minibus remplis de loubards…

Selon Ibrahima Pendessa, c’est aux environs de 3h du matin que ces agents de police et ces loubards sont arrivés à son domicile. Il a été réveillé de son profond sommeil par le bruit des machines.  

« J’ai été réveillé par le bruit des machines, ils faisaient tomber la clôture de mon voisin en face. Je suis sorti de la maison pour voir, j’ai constaté qu’il y a quatre pickups de policiers, un minibus remplis des loubards armés des machettes et des coupe-coupe, je n’ai pas pu intervenir. Arrivés à ma clôture, ils étaient avec un huissier stagiaire, ils ont demandé ‘’et ici ? ’’, le monsieur leur a répondu ‘’oui ça fait partie’’. Quand j’ai voulu leur expliquer, les agents de sécurité m’ont embarqué dans leur pickup. Ils ont mis croix rouge sur la maison et ils m’ont envoyé plus loin.

Plus de 18 millions emportés

Entretemps, les loubards ont commencé à enlever mon portail, foncé dans ma maison. Ils sont rentrés, pris mon poste téléviseur, mon argent une somme de dix-huit millions quatre cent-soixante-dix-huit mille francs guinéens. Au moment où on me retenait dans le pickup, j’ai vu un des loubards porter mes chaussures et ma télé sur sa tête. J’ai dit aux policiers de me laisser descendre et aller récupérer mes objets, ils m’ont empêché. C’est ainsi que j’ai poussé un policier pour aller prendre les loubards, c’est là que huit policiers se sont jetés sur moi. Ils m’ont frappé comme ils le voulaient. Aujourd’hui j'ai des blessures partout. Ils ont démoli ma maison avant de partir chez les autres voisins », témoigne Monsieur Pendessa, père de famille.    

Sa fille, Kadiatou Pendessa a assisté à cette surréaliste et violente scène. Elle affirme avoir vu son papa se faire tabasser par les policiers. Elle-même n’a pas été épargnée par les loubards et agents de police.  

« Quand ils sont venus nous trouver à la maison, ils ont pris mon papa et l'ont embarqué dans leur pickup. J’ai demandé à mon papa qu’est ce qui n’allait pas ? Il m’a fait savoir que les policiers sont venus pour détruire notre maison. Il m’a dit d’aller appeler celui qui l’a revendu le terrain où est bâtie notre maison. A mon retour, j’ai trouvé qu’ils (policiers) sont en train de frapper mon père. Ils ont ensuite lancé des gaz lacrymogènes dans la maison. Ensuite, ils sont venus s''en prendre à moi, me frapper. Ils ont volé notre poste téléviseur, cinq téléphones et une importante somme d’argent. Ils sont rentrés dans ma chambre et ont pris un complet de trois pagnes et mon ordinateur » a-t-elle témoigné.

Selon, Ibrahima Pendessa, lorsqu’ils se sont rendus à la commune, on leur a montré l’ordonnance du déguerpissement du lot 25 de Simbaya 2. Ce qui ne correspondait pas à leur lieu d'habitation.

« Nous, nous sommes sur le lot 5. On a poursuivi le problème, il y a le commissaire central, Amadou qu’un huissier a appelé. Ce dernier lui a dit que ce n’est pas un problème de lots, que c’est le domaine entier qui appartient à ce monsieur. C’est-à-dire, du bord du goudron jusqu’à la rivière.  Mais depuis 10 ans, nous sommes ici, c’est les autochtones qui nous ont vendus ici. Ce n'est que ce lundi qu’on nous a réveillés avec un tel problème » a-t-il expliqué.

La personne qui se réclame être le propriétaire du domaine déguerpi soutient qu’il appartenait à son grand-père Maternel. « Mais, il y a ses oncles qui habitent dans les villages voisins, mais ils n’ont jamais réclamé » a précisé Ibrahima Pendessa. 

Soriba Bangoura est aussi habitant de Simbaya2. Sa maison a été partiellement détruite par les mêmes hommes en uniformes accompagnés de loubards. Une attitude qu’il ne comprend pas d’autant plus que selon lui, il n’a reçu aucun avertissement lui demandant de libérer son domaine.

« C’est quatre pickups remplis de policiers accompagnés de loubards dans un minibus qui sont venus, sans aucun avertissement préalable, ils avaient de la peinture. Normalement, ils devraient nous fournir un document pour nous avertir, mais eux c’est quand ils sont venus, ils ont commencé à mettre des croix rouges sur nos maisons avant de les mettre à terre. C’est injuste ! » a-t-il déploré.

Des loubards m'ont dégagé avec mon épouse…

 « Ce domaine, je l’ai acquis depuis 2010. Et c’est depuis cette date que j’ai commencé à construire cette maison avec mes maigres moyens. D’un matin, des gens se lèvent pour venir détruire ça, mes enfants ne s’étaient pas encore levés lorsque les policiers sont venus pour nous dire : sortez ! J’ai essayé d’avoir des explications auprès d’eux. Entretemps, les loubards sont venus me dégager avec ma femme et ils ont foncé dans la maison. J’avais une somme de 550. 000 Gnf qu’un ouvrier m’a confié, ils ont emporté ça avec l’argent de ma femme aussi, une somme de 250 000gnf et mon poste téléviseur. Même mes chaussures, ils n’ont pas laissé », soutient Soriba Bangoura.

Selon lui, toutes les victimes se sont rendues au chef de quartier pour voir s’il a reçu une décision de justice les intimant de quitter les lieux, mais ils n’y ont rien trouvé.

« Normalement, même une convocation, c’est au niveau du chef secteur qu’on doit la remettre pour qu’il nous la transmette, mais rien. Nous avons été à la commune aussi, ceux-ci nous confirmés qu’ils ont reçu un papier d’un huissier, dans l’après-midi du vendredi, mais sur ce papier, on parle de lot 25 alors que nous nous sommes dans le lot 5. Mais, nous sommes en train de réunir toutes les preuves pour pouvoir contre-attaquer parce que s’il s’avère qu’on a été victime à tort, nous allons porter plainte. Depuis que j’ai ce domaine et que j’ai entamé les travaux jusque-là où nous sommes, je n’ai jamais reçu un avertissement me disant d’arrêter les travaux ici. Donc je ne peux pas comprendre ce qui vient de se passer », s'indigne Soriba Bangoura.

Le maire de la commune de Dubréka menace de saisir la justice

Dans la journée du lundi, le maire de la commune de Dubréka, avait déclaré à Africaguinee qu’il avait invité l’huissier à son bureau, le mardi, pour tirer cette affaire au clair car, vraisemblablement il y a eu erreur.  Interrogé ce mercredi dans son bureau, sur la suite du dossier, Elhadj Alseny Bangoura, le maire a confié que l’huissier n’a toujours pas répondu à son appel.

« J’ai invité l’huissier à mon bureau par rapport à ce déguerpissement mais jusque-là il ne s’est pas présenté. Mais par rapport à ce dossier, j’ai l’impression qu’il y a eu erreur. Parce que ce n’est pas dans la même localité, ni le même secteur, c’est juste le même quartier. Alors, j’ai demandé (des comptes) au commissariat qui a dirigé l’opération parce que ça ne peut pas rester comme ça. Les populations doivent pouvoir savoir la vérité et c’est dans ces conditions que je pourrais remonter vers la justice. Parce que si ce n’est pas ce lieu et que les gens se sont levés pour aller détruire des maisons, ils doivent répondre de leurs actes » a averti le maire, Elhadj Alseny Bangoura.

Mise en place d’un collectif

D’après monsieur Ibrahima Pendessa, les victimes se sont constitués en collectif. Ils ont d’ores et déjà dépêché des huissiers sur le terrain qui ont fait des constats. « Ce mercredi, je suis allé à Conakry pour rencontrer un cabinet d’avocats. Parce que même les croix rouges qu’ils ont mises sur nos bâtiments, c’est à 5h qu’ils l’ont fait. Ils écrivent justice et directement la machine casse » a-t-il témoigné.

Siddy Koundara Diallo

De retour de Simbaya 2, dans Dubréka,

Pour Africaguinee.com

Tel : (00224) 664-72-76-28

Créé le 7 juin 2021 11:42

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