Dr Amadou Tounkara : « Le retard de la Guinée dépend de Sékou Touré… »

CONAKRY-Il y a quarante ans, disparaissait une des figures politiques les plus emblématiques de l’histoire politique contemporaine de la Guinée : Ahmed Sékou Touré, l’homme qui a conduit la Guinée à son indépendance et l’a dirigé d’un « main de fer » pendant 26 ans sans partage. Le 26 mars 26 mars de chaque année, ses proches et ceux qui se reconnaissent en ses idées et vision commémorent sa disparition.

Héros pour certains, tyran pour d’autres, Sékou Touré, le père de l’indépendance Guinéenne et son héritage divisent au-delà des frontières guinéennes. Les victimes et parents de victimes des atrocités commises dans le sinistre Camp Boiro eux, se rappellent encore de ce qu’ils ont vécu dans ce centre pénitencier, sous un régime « dictatorial ». Pour eux, en lieu et place de la célébration de la disparition de Sékou Touré, les cadres réunis au sein de L’Association des victimes du Camp Boiro (AVCB), revendiquant plutôt la réécriture de l’histoire du pays. Dr Amadou Tounkara est l’un d’eux. Il a été interrogé par un journaliste d’Africaguinee.com.

Du sékoutouréisme au Camp Boiro…

« Ceux qui se réclament aujourd’hui de sékoutouréistes, au vivant de Sékou Touré, nous, nos parents sont restés au camp Boiro. Qu’est-ce que, eux, leurs parents ont fait pour lui (Sékou Touré)? La notion de sékoutouréisme ne date pas d’aujourd’hui. Les concepteurs de cette notion sont dans les fosses communes. Les concepteurs de cette notion ont fait la prison de Sékou Touré… Il y avait beaucoup d’idéologues aussi qui s’étaient investis, qui ont créé le sékoutouréisme, mais qui ont tous été mal récompensés. Ils sont presque tous dans les fosses communes. Je ne le dis par orgueil mais qui a fait quoi pour Sékou Touré à son vivant ? Qui a fait quoi pour la Guinée de 58 à 84 ? Il faut bien qu’on le sache.

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Les gens qui parlent aujourd’hui, l’idéologie de sékoutouréisme ne correspond même pas à leurs combats. Parce que le sékoutouréisme, c’était le peuple idéologique. Tout se faisait autour du peuple. Mais après, est-ce que ça a été exécuté au vrai sens du mot ? Je dirai non. Vers la fin, les compagnons qui sont restés avec Sékou Touré ont étouffé la population, ils ont torturé les gens au camp Boiro. Ils ont éliminé les gens là-bas. Ils ont détourné les biens. Les victimes de Camp Boiro, il y avait des révolutionnaires parmi eux. Donc, il faut bien faire la part des choses« , martèle le docteur Amadou Tounkara, membre du bureau de l’AVCB.

Sékou Touré, un héros ou un « dictateur » ?

« Le retard de la Guinée dépend de Sékou Touré », affirme le docteur Tounkara, qui rejette l’affirmation, « Sékou Touré, un héros ».

« Le retard que l’on est en train de rattrapé actuellement, dépend de lui. Pourquoi ? On a pris l’indépendance, c’était un pays démocratique. Après l’indépendance, les libertés individuelles ont été supprimées chez le guinéen. Il n’y avait pas de liberté d’association, aucune liberté n’existait chez lui. Avec une main de fer, il a géré la Guinée de 1960 à 1969 par exemple. En 1970, il y a eu des tueries en Guinée que l’on ne pouvait pas imaginer dans un pays normal. On tuait à tout bout du champ, les guinéens. On a démystifié les assassinats, et c’était entre 70 et 71. Sékou Touré lui, avait un programme. Il l’avait conçu depuis 1962. Il a réalisé son programme après le « complot Diallo Telly ». Il a récupéré le pouvoir et il s’est fait appeler Responsable suprême de la révolution. Et il a mis le parti au-dessus de l’Etat. Aujourd’hui, on parle de la refondation de l’Etat, mais il faut se poser la question, la déliquescence de l’Etat part d’où ? Et, au-dessus du parti, il y avait aussi un clan qui était là… Tout ce qu’on a perdu part de là.

Mon souhait, notre souhait est que la Guinée prospère. Nous voulons que ce pays sorte de la souffrance. On peut dire beaucoup de choses dans ce pays, mais l’objectif final, c’est qu’il faut créer la prospérité en Guinée. Nous sommes pour la réconciliation nationale, se donner la main et regarder dans la même direction« , martèle ce fils de victimes du Camp Boiro.

A suivre…

Dansa Camara DC 

Pour Africaguinee.com