Crise politique en Guinée: Cellou Dalein dévoile les intentions de l’opposition (Interview)

Cellou Dalein Diallo, leader de l'Union des Forces Démocratiques de Guinée

CONAKRY- Après les deux journées  « ville-morte », l’opposition guinéenne fixe un nouveau cap. Cellou Dalein Diallo, le leader de l’Union des Forces Démocratiques de Guinée annonce de nouvelles décisions de l’opposition pour contraindre le pouvoir du Président Alpha Condé à « respecter » ses engagements. Dans cet entretien exclusif accordé à notre rédaction, l’opposant Cellou Dalein Diallo revient les deux journées « ville-morte », le dialogue politique, mais aussi et surtout, le cas de ses gardes du corps interpellés au lendemain de l’assassinat du journaliste El hadj Mohamed Koula Diallo. Exclusif !!!

 

AFRICAGUINEE.COM : Monsieur Cellou Dalein Diallo bonjour !

CELLOU DALEIN DIALLO : Bonjour Monsieur Souaré !

L’opposition guinéenne dont vous êtes le chef de file, a récemment décidé d’interpeller le Premier Ministre Mamady Youla afin de relancer le dialogue politique. Qu’est-ce qui motive cette décision ?

On ne lui a pas adressé la lettre, dès lors que le ministre de la justice lui-même a promis de réunir les parties prenantes du dialogue. Finalement lors du comité de suivi qui s’est tenu hier (Mercredi 30 Mars 2016, Ndlr), ils ont jugé utile de réunir les parties prenantes au dialogue pour peut être constater que les élections communales n’étaient pas tenables dans les délais prévus par l’accord politique et pour discuter d’autres aspects relatifs aux élections locales entre autre.

L’opposition compte t-elle renouveler sa confiance au Ministre d’Etat Cheick Sako ou elle souhaite désormais avoir un autre interlocuteur ?

En fait nous notons que le comité de suivi n’a pas fonctionné comme on le souhaitait. Les réunions étaient rares, le ministre est souvent absent. On a l’impression qu’il est plus dehors que le Ministre des Affaires Etrangères (…). Peut être qu’il a des obligations. Mais ce qui reste clair, le comité de suivi a jusqu’à présent des difficultés de trancher. Le président du comité de suivi devrait pouvoir trancher par rapport à un certain nombre de questions, mais il a assez de problèmes pour prendre des dispositions. Donc pour l’instant, nous n’avons pas décidé de demander le départ du Ministre de la justice. Mais on note que le comité de suivi n’a pas bien fonctionné. Par exemple, si nous prenons les dispositions de l’accord relatif à l’organisation des élections communales, on note que depuis la fin de la présidentielle, rien n’a été fait jusqu’à l’atelier de Kindia. L’assainissement du fichier, nous n’avons pas d’informations, les enquêtes (sur les violences politiques, Ndlr), l’indemnisation des victimes des violences politiques était dans les accords du 20 Août, la neutralité de l’administration vis-à-vis des partis politiques (…), il n’y a pas eu de progrès dans tout ce que j'ai énuméré.

Que répondez-vous à ceux qui estiment que les deux journées de « ville-morte » appelées par l’opposition se sont soldées par un échec ?

Je ne suis pas du tout d’accord avec eux. Je pense que leur critères c’est le nombre de morts et les violences dans la rue. Il y a en a eu moins, mais je dois dire que la ville morte a réussi. Renseignez vous, au niveau du port autonome de conakry, depuis hier (Mercredi 30 Mars 2016, Ndlr) jusqu’aujourd’hui aucun camion n’a chargé. A conakry,  les banques ont fonctionné au ralenti soit presqu’à 40%, parce qu’il n’y a avait pas de clients. Toutes les boutiques et les différents magasins étaient fermés. Le trafic routier était fortement réduit. Bien entendu, l’appel que nous avons lancé à nos militants, et tous ceux qui voulaient s’associer à la ville morte sont restés chez eux. Nous leur avons demandé d’éviter toute violence contre les usagers de la route qui ne voudraient pas s’associer à notre manifestation et d’éviter d’attaquer même les forces de l’ordre.  Lorsqu’on fait une ville morte aussi civilisée, les gens ne regardent pas la baisse d’activités pour l’attribuer à ce mouvement, ils essayent de dire que ça n’a pas marché. Nous étions habitués à des villes mortes trop musclées où il y’avait assez de violences entrainant même des morts. Je pense qu’on devrait s’en réjouir. L’écrasante majorité des citoyens n’est pas sortie de la maison. A Labé ça été un grand succès, aussi bien hier qu’aujourd’hui, même constat à Mamou et à Pita, à Dalaba dans une moindre mesure. En ce qui concerne la ville de Nzérékoré, c’est ce jeudi que la population avait prévu d’observer la journée ville morte. Hier c’était le marché hebdomadaire, donc c’était plus compliqué pour eux. Les activités étaient vraiment réduites, c’est cela notre objectif.

Certains observateurs estiment que votre mouvement a « échoué » à cause du travail de « sous-marin » effectué par Bah Oury qui a récemment rencontré plusieurs groupes de jeunes dans les zones réputées être des fiefs de votre parti. Qu’en dites-vous ?

Rires … Je ne crois pas du tout. Les citoyens de ces zones là ne sont pas sortis et ne sont pas allés au travail. Peut être qu’il y a eu moins de violence. Nous nous réjouissons de cette discipline observée par nos militants qui sont restés plutôt à la maison.  Par contre aujourd’hui, on m’a rapporté que ça n’a pas beaucoup tourné vers la cimenterie et Sonfonia, où l’accès est impossible.  Ce n’est pas le plus important. Ce qui importe, c’est le nombre de citoyens ayant observé la ville morte en restant chez eux.

C’est quoi la prochaine étape ?

La prochaine étape, l’opposition se retrouve Lundi (4 avril 2016, Ndlr) pour tirer les leçons et envisager les actions futures. Nous continuerons le combat.

L’opposition semble de plus en plus affaiblie face au pouvoir du Président Alpha Condé. Depuis les dernières sorties de Lansana Kouyaté et de Jean Marc Telliano, de nombreux observateurs doutent de l’efficacité de cette opposition. Qu’en pensez-vous ?

Vous savez, il y a eu des malentendus à l’occasion de la mise en place des démembrements. On a par exemple cinq postes dans la majorité des circonscriptions en dehors de Ratoma et de Matoto.  Il faut repartir cela entre 22 partis. C’est toujours compliqué (…). Si vous prenez le poids électoral, l’UFDG doit prendre 90%. Lorsqu’on prend 40%, il y en a qui ne sont pas contents. D’autres souhaitent être partout, là où ils sont électoralement présents et même là où ils ne le sont pas. Mais on a tout arrangé au niveau de l’opposition. Actuellement d’ailleurs avec Jean Marc les relations sont normalisées. L’opposition reste unie.

Avez-vous des nouvelles de vos gardes rapprochés qui avaient été arrêtés il y a quelques mois ?

Oui, ils sont toujours en prison. Une vingtaine. D’ailleurs, j’ai rendez-vous avec les avocats qui vont me donner des informations.

Monsieur Cellou Dalein Diallo merci !

C’est moi qui vous remercie !

 

Interview réalisée par SOUARE Mamadou Hassimiou

Pour Africaguinee.com

Tél. : (+224) 655 31 11 11

 

 

 

 

 

Créé le 4 avril 2016 11:39

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