Armée guinéenne : Ces recrues du camp de Kaleyah qui interpellent les autorités de Conakry (Interview)

Image d'archive

CONAKRY- L’annonce du retour de l’ancien président de la transition guinéenne pourrait réveiller certains vieux dossiers au sein de l’armée. Les anciennes recrues qui étaient en formation au camp de Kaleyah, exigent leur intégration dans l’effectif des forces armées guinéennes. Cette semaine, notre rédaction a rencontré l’une de ces recrues sous le régime de Moussa Dadis Camara. Exclusif !!!

AFRICAGUINEE.COM : Monsieur Séna Doré, qu’est-ce qui s’était passé en 2011 lorsque les autorités guinéennes d’alors avaient refusé votre intégration dans les effectifs de l’armée ?

SENA DORE : Nous sommes 1669 à avoir suivi la formation militaire à Kissidougou au Centre d’Instruction et d’Infanterie. A l’époque il y avait trois centres de ce genre à Kindia, Kankan et notamment celui de Kissidougou. A la fin de notre formation, nous attendions naturellement  nos matricules, mais à notre grande surprise le  Lundi 07 Mars 2011 après le retour du directeur du CI (Centre d’instruction, Ndlr), le Colonel Fadjimba Mara, d’une mission de Conakry, on nous a annoncé lors d’un rassemblement au camp qu’une croix a été mise sur notre recrutement, mais que les autorités ont promis de se pencher sur notre cas.

Quels étaient les motifs invoqués par les autorités militaires d’alors ?

Aucune raison, sauf pour dire qu’ils ont mis une croix sur notre situation. C’est ce qui avait fait révolter les gens. Après de longues années de formation militaire (…). Moralement nous étions abattus, c’est ainsi que nous avions  refusé de participer au rassemblement du Mardi qui a suivi cette déclaration pour faire entendre nos voix vers les autorités de Conakry. Depuis ce jour les autorités nous ont indiqué qu’après notre révolte, qu’il leur faudrait du temps pour nous immatriculer. D’ailleurs ils ont fait appel aux renforts qui sont venus faire des tirs de sommation, pendant que nous, nous  avions seulement  refusé  de faire le rassemblement. C’est après ce remue-ménage que le Général Boundouka  Condé (Ancien chef d’état-major de l’Armée de Terre, ndlr) est venu nous dire comme nous sommes dispersés pour le moment d’être  en rang pour bénéficier d’une incorporation. Nous sommes donc toujours à l’attente. Depuis le début de cette année  nous avons commencé  nos démarches, parce que d’autres ont été immatriculés voir même ventilés, pendant que nous, nous attendions toujours. C’est pour cela que nous passons par  vous les médias pour que les autorités nous entendent  afin de faire face à nos revendications.

Avez-vous rencontré le Ministre délégué à la défense pour lui faire part de vos préoccupations ?

Nous avons d’ailleurs  adressé une lettre au chef de l’Etat qui est resté sans suite. Même le porte-parole du Gouvernement  (Damantang Albert Camara, ndlr) nous a reçu et nous a demandé d’aller rencontrer  notre ministre de tutelle, qui après un courrier qu’on lui a adressé  nous a aussi indiqué d’aller voir le chef d’état-major de l’armée de terre. Après cette démarche, le secrétaire Central de l’armée de terre nous dit que notre situation ne peut être résolue que par le Chef de l’Etat parce qu’elle concerne toute une promotion.

Jusqu’à nos jours aucune satisfaction. Nous ne pouvons que demander de l’aide aux autorités parce que nous n’avons aucune force  légitime mieux que cette demande d’aide. Nous leur demandons de prendre en charge les 1669 soldats que nous sommes.

Est-ce que vous êtes en accord avec tout le groupe ?

Je vous rassure qu’avec un seul coup de fil ou un communiqué lancé, tous les 1669 seront  prêts à rentrer au centre. Et d’ailleurs à  travers nos numéros d’ordre, dès qu’il y a un infiltré tout le monde s’en rendra compte.  Je suis  même le porte-parole des jeunes du CI de Kankan, et à chaque fois on m’appelle pour s’enquérir de la situation.

Les autorités parlent d’un vaste programme de restructuration des forces armées. Récemment plus 4 000 militaires ont fait valoir leur droit à la retraite. Qu’en dites-vous ?

NON, nous notre seul souci c’est d’être pris en charge et faire nos premiers pas dans l’armée. Nous avons suivi la formation et nous ne savons plus quoi faire. C’est pourquoi nous réitérons que l’on nous réinsère dans les rangs de l’armée.

C’est du temps du Président Dadis Camara que vous avez été  enrôlés ?

OUI depuis 2009. Mais c’est suite à l’attaque qu’a subit le capitaine le 03 décembre 2009, que les autorités militaires ont décidé de nous disperser et dire qu’on va ailleurs pour suivre une meilleure formation. A l’arrivée du Général Konaté on nous a fait subir une autre formation comme si à Kaléyah, nous n’avons rien suivi.  Après la visite médicale et la course (sport, ndlr), ils ont éliminé plus de 300 personnes, et gardé notre groupe qui était au total 1669 personnes.

On vous a accusé d’avoir pris des armes après l’annonce de votre désintégration. Qu’en dites-vous ?

OUI, en disant même que nous étions en train de tirer sur les populations. Pire, nous étions en train de dialoguer avec le COBAG, lorsque surgit de nulle part un contingent de bérets rouges qui se dirigeait vers nous en tirant à bout portant sur nos amis, dont trois qui ont rendu l’âme sur le champ. C’est  ce qui d’ailleurs nous a motivé à quitter le camp parce que nous n’avions pas d’armes à notre disposition.

Il y avait eu des arrestations parmi vous ?

Oui quelques-uns, mais qui ont été aussitôt relaxés. Ils ont même traqué des gens jusque dans les quartiers. C’est ce qui a révolté  certaines femmes de Kissidougou qui sont allées voir le préfet et le commandant du camp pour leur dire d’arrêter de nous  pourchasser  à l’intérieur des concessions. Nous remercions d’ailleurs ces femmes qui nous ont aidés à rentrer chez nous. Mais vraiment depuis 2011  c’est le statu quo, personne parmi nous n’a été pris. Nous avions patienté, mais en vain, pendant que les deux centres  (Kindia et Kankan,  ndlr) ont été pris en charge et matriculés à notre grand dam. C’est pourquoi nous menons toutes ces démarches pour qu’on soit entendus.

 

Entretien réalisé par Ahmed Tounkara

Pour Africaguinee.com

Créé le 13 juillet 2015 05:01

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