Kollagui « Tougué » : Ces images « revolantes » sur l’état de l’école primaire…

TOUGUÉ- Nous sommes dans la sous-préfecture de Kollagui ! C’est en Moyenne Guinée, dans la région administrative de Labé. Dans cette commune rurale, l’école primaire est frappée par une vétusté qui ne dit pas son nom. Elle est même menacée de fermeture à cause de sa dégradation très poussée.

Là, c’est dans des salles de classes dépourvues de table-bancs que des instituteurs partagent leur savoir aux écoliers. L’établissement dispose d’au moins 400 élèves qui viennent apprendre là chaque matin dans l’espoir de rendre service à la nation dans le futur. Mais les conditions d’études sont très difficiles. Cela se passe sous le regard impuissant des autorités locales. Face au manque de perspective, certaines familles ont décidé de retirer leurs enfants pour d’autres destinations.

Car l’école primaire de Kollagui centre ne garde que l’ombre d’un établissement scolaire. Le poids de l’âge est bien visible sur les bâtiments de cette école construite en 1954 sous l’administration coloniale. Après 69 ans, l’établissement n’a bénéficié d’une quelconque rénovation. Dans cet établissement, les battants de certaines fenêtres ont cédé et les élèves sont parfois obligés de placer une planche sur des pierres afin de s’asseoir pour suivre les cours. La réalité de ce que montrent les images est situation tristement choquante. Africaguinee.com y a effectué une visite, c’était à la veille de la rentrée des classes session 2023-2024

Le plancher complètement défoncé donne l’allure d’un tremblement de terre et des champs en jachères, les salles de classe sont sans mobilier. Les élèves sont obligés de poser une planche sur des pierres pour suivre les cours. C’est dans cet état que Mohamed Lamine Camara, directeur de l’école et ses collègues enseignent. Ils apprennent les enfants à lire et à compter.

« Ici nous travaillons dans des conditions très difficiles, pénibles non souhaitables. Quand j’ai été muté ici, j’ai trouvé un établissement non sécurisé, sans clôture. Il m’a fallu un management pour trouver une clôture en bois en partie grillagée, nous avions un personnel insuffisant sans compter le manque de manuels. Le mobilier en mauvais état. Vous avez vu l’état de l’infrastructure, des murs fissurés, les toitures dans un état de délabrement avancé. Le sol est un plancher creux. Nous avons lancé assez d’appels de cris de cœur à l’endroit des ressortissants, et aux bonnes volontés mais jusqu’à présent nous n’avons pas eu de soutien. Votre arrivée nous va droit au cœur parce que nous n’avions pas jusque-là la possibilité de nous exprimer au niveau des médias.

Nous avons ici un effectif de 455 élèves dont 221 filles répartis dans 10 groupes pédagogiques fonctionnels avec un directeur que je suis chargé de classe à temps plein. Nous gérons les élèves ici dans des conditions difficiles avec des table-bancs cassés et on a interdit à la communauté d’investir ou de fournir du mobilier. Les table-bancs qui sont là certains datent de 1954, année de l’ouverture de l’école. Nous n’avons pas encore eu d’autres table-bancs encore moins de rénovations.

Face à l’impossible, nous sommes obligés quelques fois de prendre des blocs de pierre, les placer dans les classes et mettre sur place une planche sur laquelle des élèves s’asseyent avec une pléthore qui ne dit pas son nom, d’autres même trainent au sol.

Parlant de l’intérieur des salles et la direction, rien n’est sécurisé. Les documents administratifs, nous sommes obligés de rentrer avec à la maison tous les jours et revenir le lendemain avec parce qu’il n’y a ni de porte, ni de fenêtre, ni sécurisation de salle de classes » se lamente Mohamed Lamine Camara, le directeur de l’école primaire de Kollagui centre.

Mamadou Pathé Bah ancien élève de Kollagui se souvient des années-lumière de cette école. « C’est en 1981 que j’ai été inscrit ici à l’élémentaire. A cette époque l’école répondait parfaitement. Les table-bancs étaient suffisants pour le nombre d’élèves sans aucun trou dans les salles de classe. Les tableaux et les murs étaient en bon état encore. Présentement vous pouvez voir 5 élèves par table-bancs. Ils sont serrés de telle sorte qu’ils n’arrivent pas à écrire dans les cahiers ou sur l’ardoise. Nous savons que la formation c’est à la base mais si les conditions ne sont pas créées pour nos enfants ici, au secondaire ils seront nuls. Nous entendons que cette école a sorti des ingénieurs, des directeurs préfectoraux de l’éducation, des délégués scolaires et beaucoup d’autres cadres.

Des sous-préfets, des directeurs de cabinet bien connus sont les fruits de cette école, ils peuvent œuvrer pour changer l’image de notre chère école. Les ONG qui œuvrent dans l’éducation, notamment la construction et la rénovation, nous sollicitons leur aide, si c’est le gouvernement ou des bonnes volontés, leur aide est la bienvenue également », lance cet ancien apprenant de l’école primaire de Kollagui.

A Kollagui, l’absence de l’état pour soutenir l’éducation interpelle les ressortissants.  Mamadou Diouldé Baldé est un ressortissant de Kollagui installé à Siguiri. En séjour dans son village, nous l’avons rencontré sur place, il se dit très affecté par l’état de l’école primaire qu’il a connue à un moment où l’infrastructure était encore dans de bonnes conditions. Il interpelle tous les fils de Kollagui à créer un sursaut de patriotisme pour rénover l’établissement :

« C’est une école que j’ai connue avant, et cette fois je suis revenu y faire un tour mais c’est vraiment regrettable l’état des bâtiments. Il faut que nos ressortissants se réveillent, il faut qu’ils tendent la main au plus haut niveau avec des initiatives pour trouver une solution urgente à l’école. Nous avons des cadres de ce village qui sont passés par cette école mais personne ne bouge, pourtant ce sont eux les intellectuels qui pourront faire des démarches. En regardant l’école tu ne pourras que l’assimiler à un enclos de chèvres, mais pas un établissement d’enseignement. Je demande l’implication de tous. Les besoins sont imminents et urgents dans cette école : manque de classe, manque de table-bancs… nous manquons aussi d’enseignants. Cette école a été construite en 1954 depuis, il n’a bénéficié d’aucune rénovation » regrette ce ressortissant.

Pour maintenir les élèves en situation de cours, la mairie prête leur magasin de stockage pour faire office de classe. Mamadou Gando Diallo, vice maire de la commune rurale de Kollagui décrit l’absence de l’état de façon générale dans leur juridiction. Le peu d’infrastructures de développement est héritée de l’administration coloniale.

« Nous vivons des réalités difficiles ici. Parfois en tant qu’élu tu peux être fier du choix des populations sur ta personne, mais en voyant aussi l’état des infrastructures hors usage, ça fait des pincements au cœur. Il y a des communes homologues dans Tougué qui disposent de moyens plus que nous, quand vous visitez leurs bureaux vous vous rendrez compte que vous êtes bien dans une commune digne de nom alors que nous avons les mêmes plans de développement. La différence, ils ont des moyens et des appuis plus que nous. Ici à Kollagui, la main de l’Etat et des projets sont moindres, les bâtiments vieillissants que vous voyez là c’est presque la contribution communautaire. Le magasin que nous avons prêté à l’école pour en faire une classe-là, c’est un projet qui l’avait fait pour nous mais voyant l’état de l’école, nous étions obligés de le céder pour aider à sauver nos enfants au moins de l’analphabétisme. Nous avons renoncé à notre droit pour aider l’école au lieu que nos enfants restent à chômer. Vous voyez le siège de la mairie, tout est vétuste…nous voulons des aides et des accompagnements », lance le vice-maire.

A cause de la vétusté de cette école, certains parents d’élèves n’ont d’autres choix que de reprendre leurs enfants pour les envoyer ailleurs révèlent le chef d’établissement :

« Les élèves qui sont là aujourd’hui viennent des familles qui veulent que leurs enfants restent à leur coté vaille que vaille afin qu’ils cumulent avec l’école coranique qui est une tradition très ancrée. Il y a des familles qui décident un bon matin, à cause du manque d’infrastructures et d’outils appropriés sur place, ils envoient leurs enfants ailleurs pour un meilleur encadrement », explique-t-il.

En attendant la rénovation complète de cette école, des briques ont été faites sur place par la mairie pour retoucher d’autres salles. A cause des moyens très limités, tout est à l’arrêt, pour le moment. Et, compte tenu de l’état de l’école, chaque année un nombre important d’élèves y désertent pour transférer dans des établissements mieux adaptés.

Alpha Ousmane Bah

De retour de Kollagui

Pour Africaguinee.com

Tel :  (+224) 664 93 45 45

Créé le 10 novembre 2023 13:45

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