Tibou Kamara : « Ce que le capitaine Dadis Camara m’a dit après le massacre… »

CONAKRY- C’est la troisième étape du témoignage de l’ancien ministre, Tibou Kamara, sur le massacre du 28 septembre 2009. Ces atrocités avaient a fait au moins 157 personnes, plusieurs dizaines de femmes violées, selon un rapport d’enquête international de l’ONU.

Dans cette dernière partie de sa déposition de ce lundi 13 novembre 2023, l’ex ministre de la Communication au temps du Conseil National pour la Démocratie et le Développement (CNDD) dans quel état d’âme il a trouvé le capitaine Moussa Dadis Camara.

« Dans la journée du 28 septembre, un de mes oncles qui travaille dans son bureau en ville est venu à mon domicile me demandant de me réveiller parce que des choses graves se passeraient en ville. Il m’a expliqué qu’il avait l’intention d’aller à son bureau en ville, mais il n’a pas pu parce que les premiers incidents de la manifestation des forces vives avaient été enregistrés. Il m’a dit que personnellement il avait des craintes. A partir de ce moment, moi-même à partir de mon domicile puisqu’il y avait des radios libres, des appels téléphoniques, c’est à partir de là que j’ai suivi l’évolution de la situation jusqu’à dans l’après-midi.

Je suis resté à la maison, à la fin de la journée, le capitaine Dadis m’a appelé, et a demandé si c’est possible que je vienne à son bureau. Ce jour, j’avais dit au président, il n’y avait pas de circulation car elle était complétement coupée, on ne pouvait pas prendre des risques de sortir dans un moment de fortes tensions surtout que moi, mon domicile se trouvait dans un quartier de Ratoma et c’est à cette partie de la ville qu’il y avait eu plus d’incidents et de tensions.

Je me rappelle qu’il m’avait envoyé Issa, ex gouverneur de Mamou pour me chercher. On était venu dans un véhicule avec un agent pour que je puisse me retrouver au camp Alpha Yaya. Lorsque je suis arrivé au camp, j’ai trouvé le capitaine Moussa Dadis, assis dans un couloir (…), lorsque je suis rentré, il m’a dit, ‘’Tibou, tu as vu ce qu’on m’a fait ? Est-ce que tu as vu c’est qu’on m’a fait ?

J’étais un peu surpris, je l’ai vu dans une détresse. Moi j’étais à côté de lui, j’avais l’habitude de voir un homme sûr de lui en toute circonstance mais là c’était un homme littéralement dévasté. Et naturellement je n’avais pas de mots surtout qu’entretemps, il a continué dans son bureau.  Lorsqu’il est rentré dans son bureau, comme toujours il y avait d’autres collaborateurs qui étaient assis autour de lui. Au camp Alpha Yaya à l’époque du capitaine Dadis, les discussions étaient ouvertes, son bureau ne désemplissait jamais, collaborateurs tous venaient-là et discutaient devant lui sans tabou ni censure, chacun avait la latitude de s’exprimer librement sur les sujets de son choix et le président avait une oreille attentive sur les avis des uns et des autres.

Les premières explications étaient en train d’être données sur le déroulement et le film de la journée. La plupart disait au capitaine que les victimes l’ont été par bousculade. Lorsque j’ai entendu cela, j’ai dit spontanément que non monsieur le Président, qu’il y a d’autres aussi qu’on dit avoir été tués par balles, il a sursauté de son fauteuil il a dit : ’Par balles ?’’ Mais on m’a dit que c’est par bousculade ! j’ai dit non, je n’étais pas présent, je ne suis pas témoin mais que c’est une piste à explorer compte-tenu de l’ampleur du drame.

Ensuite, il a expliqué qu’il se préparait à autoriser l’évacuation de Cellou Dalein à l’étranger pour ses soins parce qu’il a discuté de cette question avec son père Abdoulaye Wade (ex président de la République du Sénégal). Ce que je trouvais être une bonne décision,  humaniste, et j’en étais content. Je me suis retiré de la salle.

Mais comme je n’étais pas présent sur le terrain, je n’étais pas capable d’expliquer les péripéties des évènements et laisser ceux qui en avaient la compétence, la qualification et la connaissance de le faire. Voilà monsieur le président du tribunal, c’est que je peux dire à ce stade de ce que je sais de cette page encore douloureuse de notre histoire», a expliqué Tibou Kamara.

A suivre

Siddy Koundara Diallo

Pour Africaguinee.com

Tel : (00224) 628 84 13 73

Créé le 14 novembre 2023 10:40

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