Teliano persiste : « Sadiba a bien dit que le CNRD n’exclut pas de retirer des passeports… »

Jean Marc Teliano, leader du RDIG

CONAKRY-« Démenti » par Dr Faya Milimouno, le leader du parti Rassemblement pour le Développement Intégré de Guinée (RDIG) persiste et signe : « Le CNRD a bel et bien dit n'exclut pas de fermer des sièges des partis politiques et de retirer les passeports ». Dans cette interview accordée à notre rédaction, l’ancien ministre de l’Agriculture fait de nouvelles croustillantes sur la rencontre des dirigeants du CNRD et des responsables de partis politiques, lundi 21 février 2022 dans un garnison militaire du pays.
AFRICAGUINEE.COM : Vous faites partie de cette brochette d'acteurs politiques qui a été reçue hier par le CNRD au camp Almamy Samory Touré. Que s’est-il réellement passé ?

JEAN MARC TELIANO : Moi, je ne connais pas mentir. Je ne sais pas non plus cacher la vérité. Nous, on était très content d'aller à leur rencontre. Mais ce qui m'a d'abord intrigué et qui m'a beaucoup touché, c’est le fait que nous ayons été minimisés. Comment ? Les personnes qui nous ont reçu n'étaient pas nos interlocuteurs. On n'a vu ni le premier ministre, ni le ministre de la défense, ni le président de la république, ni même notre tutelle qui est le ministère de l'administration du territoire et de la décentralisation. Ce qui m'a choqué, c'est le haut commandant de la gendarmerie nationale qui m'a appelé la veille pour me dire que nous étions invités à une rencontre au camp Samory.  Et j'avais bien posé la question de savoir : "Nous sommes convoqués ou invités ?" Il dit : "vous êtes invités".

On arrive, à l'entame, c'est le Colonel Sadiba qui a pris la parole. Il a planté le décor après, il a donné la parole et on a fait le tour de table. Ça a commencé par Faya Milimono, la deuxième personne s'était moi, après Makalé ainsi de suite. Moi je pensais qu'on partait pour établir un couloir de dialogue pour que désormais, nous puissions nous concerter pour parler de la situation sociopolitique de notre pays. Mais j'ai trouvé tout à fait le contraire, c’est ce qui m'a un peu touché. C'est comme s’ils ont un agenda caché, je ne sais pas, ça n'engage que moi. Ils ont parlé de la récupération des domaines de l'Etat. Nous avons tous salué la démarche, tout en les invitant à mettre la forme. On leur a dit que la méthode employée n'est pas bonne. Tous les leaders politiques ont été unanimes sur ce point.

Ensuite, nous avions demandé d’établir un couloir de dialogue parce que, c'est le manque de dialogue qui crée la confusion et qui crée les suspicions. Mais quand on a fini le tour de table, le Colonel Sadiba Koulibaly a repris encore la parole pour nous dire : "ils (les membres du Cnrd) ont toutes les informations en leur possession. La veille, le week-end, que nous avons distribué de l'argent dans tous les quartiers et qu'on a fait du porte-à-porte pour déstabiliser la junte". Après, j'ai aussitôt répliqué par NON. Il poursuit en disant : "ils iront jusqu'au bout de la récupération des domaines de l'Etat". Il est parti plus loin pour dire : "ce n'est pas exclu de fermer les sièges des partis politiques et de retirer les passeports". Là, j'ai dit ça c'est une menace. C'est comme si on nous a invité pour taper du poing sur la table, nous menacer. J'ai dit je ne suis pas intimidable. C'est pourquoi même quand ils demandé de faire une photo de famille, je n'ai pas accepté et j'ai quitté les lieux.

En plus, il est allé plus loin en disant : "où était le barreau qui parle, qui fait des sorties ?". J'ai répliqué en disant "vous, vous étiez où ?" Je suis d'accord de la déclaration du président du CNRD qui dit que "nous avons tous échoué". C'est vrai, nous avons tous échoué parce que nous étions tous là et nous avions accompagné d'une manière ou d'une autre le 3ème mandat, et j'assume. Donc, vous ne pouvez pas mettre cette responsabilité là sur une seule personne. Je ne suis pas à la recherche d'un poste et je ne vais pas faire les yeux doux, je suis là pour le peuple.  

Lorsque j’ai évoqué la nécessité d’ouvrir un couloir de dialogue, c'est Amara Camara même qui a dit : « Non excellence, on se voit avec quelques leaders ». De là, j'ai compris qu'il y a des leaders qui viennent vers le CNRD.

Vous ne pensez pas qu'on se dirige droit vers un bras de fer ? 

C'est eux qui veulent engager un bras de fer, nous on n’était pas parti pour ça. L'idée qui m'avait animé, c'était l'apaisement parce que ce n'est pas un ivoirien qui va venir construire ce pays. C'est nous guinéens qui devons construire ce pays à travers le dialogue. Mais si déjà, ils veulent outrepasser, aller par la force, les personnes concernées qui tireront les conclusions. Nous, nous accompagnons Elhadj Cellou Dalein Diallo et Sidya Touré par solidarité politique. Nous voulons que les procédures soient respectées. Comme ils ont dit que c'est la justice qui va être leur boussole alors qu'ils passent par la justice et non sortir ces gens-là de façon brutale… alors qu’ils ont des documents authentiques. Qui a délivré ces documents ? C'est bien l'Etat. Pourquoi ne pas passer par la justice pour que toutes les personnes qui sont impliquées de près ou de loin soient entendues pour qu'il y ait la véracité dans cette affaire ? Mais si vous partez contre quelqu'un parce que vous ne voulez pas sa tête, ça ne marchera pas. Je ne suis pas contre la récupération des domaines de l'Etat mais je suis contre la forme et la méthode employées. 

La classe politique est divisée. N’est-ce pas un handicap ?

Notre plate-forme évolue dans le sens de mettre ensemble toute la classe politique pour que nous conjuguions le même verbe. Parce qu'en étant divisé, on ne pourra rien face au CNRD.

On vous sent très offusqué…

On nous a fait appel pour nous rabaisser et nous intimider. Peut-être que les autres peuvent être intimidés, mais moi je ne suis pas intimidable parce que je ne suis pas à la quête d'un poste. Je veux aller aux élections. Mais hélas, aujourd'hui il y a des leaders qui ne veulent pas aller aux élections. Même si on leur propose 20 ans comme durée de la transition ils vont accepter. Je ne suis pas de ce groupe.

Quand le CNRD vous dit qu’il fait tout ça pour faciliter le travail au président qui sera élu. N’est-ce pas compréhensible ?

Cela n'engage qu'eux. C'est eux qui le disent. Tout ce qui a été fait en Guinée, ce n'est pas une junte qui l’a réalisé. Je n'ai pas de commentaires par rapport à ça. Je veux seulement que la forme soit respectée, qu'il y ait de la méthode dans les prises de décision.

Entretien réalisé par Oumar Bady Diallo

Pour Africaguinee.com

Créé le 23 février 2022 10:12

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