Sinistre à Kaloum : Les conseils « très utiles » du Dr Ibrahima Sory Diakité, médecin consultant Q-HSE…

CONAKRY- L’explosion du dépôt central du carburant à Kaloum soulève de véritables inquiétudes de santé publique. Les effets des produits chimiques qui se propagent dans l’air affectent déjà la santé de certains citoyens. Suite à cette catastrophe, des particules dangereuses propagées dans l’air ont provoqué chez des patients consultés, des troubles respiratoires, des troubles d’ouïe, de la vision et de céphalées.

Pour mieux cerner cette problématique de santé, votre quotidien électronique, Africaguinee.com a interrogé un médecin consultant en matière de Qualité, Hygiène, Sécurité, Environnement au travail (Q-HSE). Dr Ibrahima Sory Diakité prodigue d’utiles conseils aux habitants de Kaloum et ceux de Conakry la capitale, en général. Interview.

AFRICAGUINEE.COM : L’explosion du dépôt de carburant à Kaloum soulève des inquiétudes sanitaires. Quels sont les risques auxquels les populations environnantes sont exposées ?

Dr. IBRAHIMA SORY DIAKITÉ : Effectivement en pareille circonstance, quand il y a un incendie, il y a des produits chimiques qui sont rejetés dans l’air. Nous pouvons citer par exemple le benzène, le gaz carbonique et le chlore. On sait que ces produits sont toxiques pour l’être humain. Donc, en inhalant par la respiration ces produits ou bien lorsqu’on est en contact avec eux par la peau, alors on peut bien sûr développer des maladies. Parmi ces maladies, il y a des maladies respiratoires qui vont causer la toux et des cancers. Il y a également des maladies de l’estomac tel que des vomissements et même des intoxications de la peau. Toutes ces maladies peuvent impacter la santé de la population.

Quelles vont être les conséquences à court, moyen et à long terme ?

A court terme, quand on inhale des produits chimiques, on peut avoir des toux et des irritations. A long terme, on peut avoir des maladies plus graves tels que les cancers et les maladies de la peau. Parce que ces produits chimiques peuvent entrainer des irritations toxiques de la peau.

Quelles précautions faut-il prendre en pareille circonstance ?

En pareille circonstance, les précautions sont établies. Il faut porter le masque respiratoire, il faut porter des habits couvrants tout le corps, il faut porter des lunettes si possible, il faut s’éloigner de la zone du sinistre pour minimiser le risque. Ensuite, il faut boire beaucoup d’eau pour pouvoir éliminer par les reins ces produits chimiques.

Est-ce prudent pour les sinistrés de retourner dans leurs habitations ou leurs lieux travail ?

Pour que les citoyens puissent retourner sur ces lieux pour reprendre leurs activités ou pour habiter, il faut d’abord que le feu soit complètement éteint. Parce que quand vous regardez la zone, il y a toujours la fumée qui est là. Et tant que la fumée se dégage, alors la zone ne sera pas propice pour y habiter ou pour travailler. Donc, il faut attendre que tout soit maitrisé et que les agents qui sont sur le terrain donnent le feu vert pour retourner là-bas.

Quels conseils avez-vous à donner aujourd’hui à ces citoyens impactés par cette explosion ?

D’abord, il faut les sensibiliser, les aider à vivre cette période de crise, les aider à vivre leur deuil. Ces personnes impactées pourraient à la longue développer un stress post-traumatique. Parce que l’accompagnement n’est pas seulement que physique, il faut qu’il y ait un accompagnement psychologique au niveau de ces personnes, il faut leur remonter le moral, leur faire comprendre que ça va s’améliorer, et que tout n’est pas perdu afin de leur permettre moralement récupérer et leur éviter les conséquences psychologiques à long terme.

En cas de crise, il faut qu’il y ait une coordination. Donc, les citoyens doivent respecter les mesures prises par les autorités dans ce sens. En un mot, les mêmes règles s’appliquent à toutes les personnes qui vivent aujourd’hui à Conakry. Parce que c’est l’air qui est pollué. C’est vrai ceux qui sont à proximité du dépôt sont beaucoup plus intéressés par ces mesures mais, nous aussi on peut également se protéger.

Un dernier message ?

Il faut saluer l’élan patriotique, la solidarité que nous avons vécue, c’est vraiment quelque chose de très émouvant de voir toutes ces personnes se réunir pour la même chose et aider. Il faut saluer également le courage des pompiers de la protection civile et toutes les personnes qui sont en train de se battre contre le feu parce que ce n’est pas facile.

Il faut aussi saluer les médecins qui sont en train de prendre en charge les victimes et il faut prier pour le repos de l’âme des personnes qui ont péri. Nous remercions également vous les journalistes qui nous ont permis de véhiculer ces messages de sensibilisation pour le bien tous les Guinéens.

Interview réalisée par Oumar Bady Diallo

Pour Africaguinee.com

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Créé le 22 décembre 2023 09:41