Labé : A la rencontre Papa Sow, hydrologue de formation, damiste de carrière…

Souleymane Papa Sow

LABE- Hydrologue de formation, damiste de carrière, Souleymane Papa Sow, 56 ans, marié et père de 3 enfants, est un cadre de l'administration guinéenne. Depuis son enfance, il avait eu une passion mordante pour les jeux de dames qui l’amènera très loin. Il en fait une carrière et a voyagé un peu partout à travers le Monde.

Africaguinee.com l’a rencontré. Pour Souleymane Papa Sow le jeu de dame est avant tout, une discipline professionnelle. Dans un entretien exclusif, il partage son parcours dans cette discipline qui a tendance à être oubliée par les autorités sportives du pays.

AFRICAGUINEE.COM : Comment avez-vous embrasser cette discipline ?

SOULEYMANE PAPA SOW : Ma carrière de damiste est partie de nulle part.  C’est juste une passion d'enfance et de passe-temps qui s’est transformée en carrière professionnelle.  A travers le championnat national qui se jouait à plein-temps en Guinée, après mes études, j'ai participé à beaucoup de compétions en Guinée. Mes résultats furent couronnés par des sorties à l'international. J'ai commencé à Labé au collège.  Déjà au lycée, il y avait des tournois au niveau local où je me suis toujours distingué. C'était l'émulation entre les jeunes.

La discipline était bien structurée avec un championnat annuel à travers la fédération guinéenne de jeux de dames et d'échecs. Malheureusement, de nos jours ce sont des disciplines qui manquent de structuration, ce n'est pas le jeu de dames seulement, beaucoup d'autres sont abandonnées presque. Tout le monde focalise les attentions sur le football alors que le pays peut se faire découvrir à travers d’autres disciplines sportives qui ne soient pas le football.

En quelle année vous-avez participé pour la première fois à un championnat national en Guinée ?

C’est en 1988 à Conakry lorsque j’étais à poly (université). Mais avant, j’ai participé aux compétitions préfectorales, régionales avant d'aller au championnat national à Conakry. Les choses ont continué ainsi toutes les années jusqu’en 1990. Mais après, les choses ont complètement baissé, faute de moyens et d'accompagnement. Aujourd’hui, les responsables de la fédération ne cachent pas leur amour pour la discipline, mais tous ce qu'ils font, c'est à travers leurs poches, l'État est absent. C'est regrettable.

Pourriez-vous revenir sur votre participation au championnat du monde tenu à Cogoleto en Italie ?

C’était en 2005. Je m’étais qualifié pour le championnat du monde avec 3 autres guinéens. C'était une équipe de 4. Nous sommes allés en Italie représenter la Guinée où nous avons terminé 11eme sur 22 pays si ma mémoire est bonne. Nous avions eu une performance importante au niveau de l'élite mondiale, nous avions tenu tête à des grands de ce monde qui sont suffisamment outillés pour développer cette discipline. Personnellement, je n'avais eu aucune défaite durant le championnat, je n'ai eu que des matchs nuls et des victoires. Mais comme c'est le résultat de l'équipe qui compte, ça m'a envoyé jusqu'à la onzième place, puisque nos collègues n'ont pas eu la même performance.

Quand 4 guinéens jouent contre soviétique par exemple, on regarde le score du premier plateau, deuxième, troisième et quatrième, c'est la somme de ces 4 qui détermine le nombre de point de votre pays. Si vous gagnez au premier, vous perdez au deuxième, match nul au troisième et défaite au quatrième, du coup votre victoire à vous seuls ne servira à rien. C’est comme ça, malgré tout nous sommes sortis 11ème.

Comment les moyens de votre déplacement ont-ils été réunis sans le soutien de l’Etat ?

Vous savez au niveau mondial, il y a la fédération. En Afrique, c'est la confédération africaine. Les cotisations se font par pays ; si le pays que vous représentez est à jour, vous êtes directement pris en charge une fois là-bas. Les choses se jouent sur les primes de match et autres. Pour nous en Guinée, les choses retardent beaucoup, le plus souvent c'est à votre retour que vous percevez vos primes de matchs, les procédures peuvent être lancées 4 ou 5 mois avant. La compétion arrive et il se trouve que rien n'est là encore, vous êtes obligés de vous débrouiller pour partir pour ne pas rater la compétition. C’est un véritable handicap en Guinée pour notre discipline

Parlez-nous de vos performances au plan national ?

En Guinée, je n'ai pas été champion de Guinée individuellement pris. Mais j'ai toujours été dans le tableau d'honneur.

Quelles sont les figures importantes qui ont marqué cette discipline en Guinée ?

La Guinée a connu de grandes figures dans ce domaine, je leur rends un hommage mérité. Je peux citer : Sekou Amadou Cissé, Alpha Yaya Diallo, Cherif, Maitre rapide, ils se sont souvent disputés le titre de champion de Guinée. C'est d'ailleurs les premiers à représenter la Guinée à l'étranger dans les années 1970 jusqu’en 1980. Certains sont décédés, paix à leurs âmes.  Ensuite il y a eu d’autres : maitres Kankan, Anaclé Sacko.  Après notre génération est venue : moi Papa Sow, Jean Théa, Sekou Amadou Cissé, Petit Fria.  Actuellement, il y a des jeunes talents comme Yvonne. Mais sans le soutien, cette discipline meurt définitivement.

Qu'est-ce que ce travail vous apporté réellement ?

Bon, premièrement, j'ai découvert le monde. J'ai eu un épais carnet d'adresse, j'ai pu développer mon esprit. Parce que c'est un travail qui ouvre l'esprit avec tous ces calculs. Mais le côté matériel et financière, ça ne m'a pas rapporté grand-chose.

Vous continuez à jouer ou vous avez arrêté ?

Je joue seul à l'ordinateur, mais avec les amis, je ne joue pas ici à Labé, la performance compte beaucoup, je consulte les livres à travers net. Même en 2018, je suis allé à Dakar pour une compétition.

C'est fréquent dans les jeux de dame qu'on parle des pions « Baba Sy ».  Qui est ce symbole dans ce monde que vous aimez tant ?

Baba Sy est une gloire de dame dans le monde, il est décédé. Il a marqué l'humanité en son temps, il avait un style particulier dans les années 1970. C'est le seul africain qui a un titre mondial dans le championnat de jeu de dame. Un trophée à titre posthume. Un moment, il était qualifié en finale, mais il y a eu une ségrégation, son adversaire a refusé de jouer avec lui avec l'argument qu'il était noir. Mais les acteurs étaient persuadés que Baba Sy allait le battre. Les années qui ont suivi il est décédé, la fédération internationale de jeux de dames et d'échecs a décidé de lui attribuer un trophée. C'est comme ça que c’est parti. Sa particularité lui, il n'était pas intellectuel, il ne suivait pas de formation à travers les livres et autres, il était juste doué. Son nom a considérablement vendu le Sénégal.

Interview réalisée par Alpha Ousmane Bah (AOB)

Pour Africaguinee.com

Tel : (+224) 664 93 45 45

Créé le 20 février 2022 10:34

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