Kindia : A la découverte d’objets de « l’antiquité » de Gbökô…

KINDIA- Gbökô est un secteur relevant du district de Yembering dans la sous-préfecture de Molota, préfecture de Kindia, ville située à 135 km de la capitale guinéenne. Ce secteur regorge assez de potentialités minières. A en croire les récentes découvertes, cette localité semble avoir été occupée par les hommes préhistoriques. Le correspondant régional d’Africaguine.com à Kindia y a fait un tour.

Gbökô est situé à 45km du chef-lieu de la préfecture de Kindia. La localité se trouve sur le bras du fleuve Kilissi qui prend sa source dans Kilissi kiri. A cause de la richesse de son sol et de son sous-sol, cette localité attire l’attention de plusieurs personnes. Elle est habitée de nos jours par une population agro-pastorale et très cosmopolite.

Les habitants se trouvent sur une colline qui surplombe les eaux du fleuve Kilissi. Ils étaient installés à Gombokhôry puis à Koundayah avant de se regrouper à Gbökô. Selon les estimations, sa population est plus de 1 000 habitants  composés majoritairement de jeunes.

Du constat du correspondant régional d’Africaguinee.com qui s’est rendu sur les lieux, cette partie enclavée de la préfecture de Kindia souffre le martyr en matière d’infrastructures de base en dépit de ses potentialités minières.

Les orpailleurs qui séjournent actuellement à Gbökô ont trouvé dans les trous (Piti) des objets d’arts préhistoriques que ces derniers utilisaient pour des besoins personnels comme la chasse, la cueillette…pour survivre.

Mamadouba Sylla, le président du secteur Gbökô explique l’histoire de l’arrivée des hommes sur cette zone de Kindia : « Nos parents étaient venus pendant la conquête des territoires en commençant par Gombokhory, à Koundaya, c’est là-bas qu’ils se sont regroupés. Après, il y a eu la dislocation, chacun d’eux a eu une place. Nos parents eux, ont eu cette partie enclavée pour faire l’agriculture. Notre Commune rurale c’est Molota. Ici, c’est le centre de la savane, il n’y a pas de rivière pour traverser et rejoindre une localité encore moins de bouées. Dieu a fait que nous nous n’avons pas connu un développement. La localité a été construite avant la dislocation de Gomba. Depuis lors, l’endroit refoule du monde : des étrangers, des touristes blancs et autres viennent visiter les lieux mais ils ne s’y installent pas », explique-t-il.

Selon le président du secteur Gbökô, l’exploitation minière a commencé dans leur localité depuis 1983 : « Les blancs et les fonctionnaires qui viennent ici sont nombreux, mais seulement ils ne peuvent pas s’installer, ils repartent en nous faisant des promesses », ajoute M. Sylla.

Alors que la population s’accroit du jour au lendemain, Gbökô ne dispose pas d’écoles ni de dispensaires, ce qui fait que les citoyens ne savent ni lire ni écrire ajoute notre interlocuteur.

« Ici, il n’y a pas un dispensaire, entre nous et Yembering c’est 17km, dans ces conditions, si une femme veut accoucher on est obligé de faire recours au hamac en cette époque du XXI siècle. Une femme a perdu la vie ici avec le bébé dans son ventre. Nous étions obligés de l’enterrer comme ça. Nous n’avons pas un centre de santé à plus forte raison voire un agent de santé mettre pied ici. Ce que nous vivons ici et la prison, il n’y a pas de grande différence », explique le président du secteur avant d’inviter les autorités de la Commune Rurale de Molota et celles de Kindia ville de les aider à trouver une solution.

« Il faut nous aider pour que nos enfants partent à l’école. Si quelqu’un tombe malade ici et qu’il n’y ait pas d’essence, l’intéressé meurt. Chaque samedi, nous partons au marché hebdomadaire de Yembering. La richesse qui est là nous n’avons pas les moyens de l’exploiter, nous utilisons les moyens rudimentaires. Nous demandons au président Général Mamadi Doumbouya et nous lui tendons la main pour qu’il nous vienne en aide. Ici, même une salle de classe nous n’en avons pas. Nous avons plus 250 enfants non scolarisés. Les citoyens sont en train de s’organiser pour la construction d’une école mais nos moyens sont limités. Nous ne voulons pas que l’année scolaire prochaine arrive sans que nos enfants aillent à l’école. Les étrangers qui viennent ici nous ont fait croire qu’il y a le ciment, le fer, de l’or et de la bauxite. Nous avons au moins 240 jeunes ici, 420 enfants, 95 femmes mariées à part les jeunes filles nous vivons dans cette prison, que les autorités nous aident », lance-t-il.

Malgré toutes ces potentialités minières non suffisamment explorées ni exploitées, les habitants de la localité souffrent du manque d’infrastructures de base. A Gbökô, il faut parcourir une distance de plus de 15km sur une route caillouteuse pour voir le centre de santé le plus proche, situé à Yembering. Les quelques infrastructures dont dispose la localité sont la mosquée construite par les habitants et un forage octroyé par le président des orpailleurs de Guinée.

L’absence des infrastructures de base est la préoccupation majeure des habitants de Gbökô. N’nata Sylla, une femme enceinte que nous avons rencontrée plaide les autorités afin de faire face à leur préoccupation : « Nous les femmes de Gbökô, nous avons beaucoup de difficultés mais le plus difficile c’est le manque de poste de santé. Tu tombes enceinte ici, c’est l’inquiétude totale jusqu’au jour tu auras ton enfant. Pour tout, il faut aller à Yembering situé à 17 kilomètres, même si tu touches un caillou ça se répercute sur toi. Nous les femmes enceintes, parfois nous accouchons en cours de route. Que les autorités nous aident à avoir un poste de santé car nous souffrons extrêmement. Et quand nos enfants ou nos maris tombent malade, c’est compliqué », explique cette femme qui attend son futur bébé.

Cette zone attire la convoitise de plusieurs personnes à cause de sa richesse minière. Car en dépit de l’agriculture et de l’élevage, les habitants font l’extraction artisanale de l’or. Dans ce travail, les orpailleurs ont découvert quelques objets d’arts préhistoriques qu’ils qualifient d’importants pour les musées guinéens.

De l’existence des objets de la ‘’préhistoire’’

Alpha Oumar Samoura est orpailleurs. Durant sa quête du métal précieux, lui et ses amis ont découvert des objets précieux semblables à ceux des hommes de l’antiquité :

« Nous sommes là à la recherche de l’or dans la sous-préfecture de Molota. En collaboration avec les sages du village, nous avons choisi le site d’ici, et on a commencé à creuser. Pendant que nous sommes-là, mais à chaque fois que nous creusons, nous retrouvons quelques œuvres d’art (pierres taillées). Mais ces pierres, c’est depuis l’école primaire qu’on nous a parlé d’elles dans les livres d’histoire, mais jamais on en avait vu ni touchées. Une fois, lorsqu’un de mes camarades a vu la pierre, il me l’a montrée, je lui ai dit vraiment ça c’est précieux même si je ne vois pas ici de l´or mais vraiment l´objet-là est précieux et ça me suffit largement. Nous avons continué à creuser, finalement nous avons retrouvé beaucoup d’œuvres d´arts. Ce sont des pierres qui sont composées de couteaux, des poignards, des haches, et beaucoup de matériels qui servaient sans doute les hommes préhistoriques », fait-il savoir.

Dans leur aventure, M. Samoura et son équipe ont trouvé quelques pépites d’or, deux et trois grammes selon ses dires : « Mais comme nous avons trouvé ces œuvres d´arts, nous étions satisfaits. Depuis le début du mois de mars nous avons commencé à retrouver ces pierres et je me suis rendu compte que les hommes préhistoriques vivaient dans cette partie depuis des millénaires. Ces objets nous rappellent l´âge de la pierre taillée et j´en suis convaincu que c’est d’elles dont on parle dans les livres d’histoires à l’école primaire », explique-t-il.

Ce que l’Etat doit faire

Alpha Oumar Samoura invite l’État guinéen à faire en sorte que ces objets d’arts soient dans les musées guinéens et que le département de la culture apporte son soutien aux personnes qui les ont découverts :

« Lorsque j’ai vu ces objets, je me suis dit que le musée national est redoré encore de plus parce que ces objets vont attirer l’attention de beaucoup de personnes pour aller visiter notre musée. Je demande au gouvernement d’approfondir les recherches. On ne peut pas rester à Conakry là-bas se dire géologue et retrouver ces objets d’arts. Ils n’ont qu’à financer les acteurs qui peuvent nous faire sortir ces objets d’arts sous la terre. Je souhaiterais que ces objets soient dans le musée national. C’est des centaines d’œuvres qui sont là. Ce que je vais vous dire, nos ancêtres-là étaient intelligents, c’est des gens qui avaient connu la roue du développement pour l’humanité », ajoute Alpha Oumar Samoura.

 

 

 

Chérif Keïta

De retour de Gbökô

Pour Africaguinee.com

Créé le 27 mars 2024 10:11

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