Guinée : Enquête sur l’installation de caméras de surveillance à Conakry…

Une caméras de surveillance installée dans une rue de Kipé

CONAKRY-A Conkary, le Gouvernement a pris de nouvelles mesures dans le cadre de la surveillance publique. Tous les grands ronds-points, carrefours et certains lieux pubics de la capitale guinéenne sont désormais sous surveillance des caméras. Elles sont visibles depuis plusieurs mois à maints endroits à Conakry, notamment à travers les différents axes routiers. Les autorités n'ont cependant pas communiqué suffisamment sur le motif qui justifie leur installation. D'où des spéculations mêlées d'inquiétudes. Est-ce un nouveau dispositif pour renforcer la sécurité des citoyens ou bien s'agit-il d'un instrument d'espionnage ? A qui sont destinées les informations tirées de ces caméras ? Notre enquête.  

Les grands carrefours de Conakry sont désormais pavés de poteaux sur lesquels sont fixées des caméras qui nous surveillent, sans qu'on ne soit au courant. Elles font parties du nouveau décor sur les routes de la capitale. Nos faits et gestes sont filmés partout. Depuis le début de l’installation de ces caméras de surveillance sur les routes de Conakry, les citoyens s’interrogent sur les raisons qui ont motivé les autorités. Les habitants de Conakry sont-ils espionnés par leurs propres gouvernants ? Non, tente de rassurer les services de police alors que la psychose est lisible chez certains citoyens, tandis que d'autres apprécient cette initiative s'il s'agit de renforcer la sécurité dans la capitale.

Boubacar Diallo est un commerçant dont la boutique se situe juste en face d’une caméra de surveillance installée au niveau d’un carrefour très animé de la haute banlieue de Conakry. Selon lui, la présence des caméras de surveillance sur les routes peut aider à lutter contre l’insécurité dans le pays.

« Moi je pense que ces caméras de surveillance sont installées pour sécuriser les citoyens. A mon avis c’est une bonne initiative. Ils n’ont qu’à installer d’autres caméras à tous les coins de rues. Comme ça, s’il y a un problème, ils vont pouvoir vite identifier les responsables », déclare ce citoyen.

Alpha quant à lui, voyait ces caméras, mais ignorait carrément qu'elles filmaient ses faits et gestes. Néanmoins il soutient l’initiative si l’utilisation de ces caméras ne vise pas à espionner des citoyens.

« Moi je pensais que ces caméras ne fonctionnaient pas. Mais si elles fonctionnent je pense c’est une bonne idée. Parce que dans les autres pays on trouve des caméras de surveillance partout : dans les carrefours, dans les boutiques et magasins, dans les lieux publics et ça aide beaucoup quand il y a un problème. Mais si c’est pour espionner les guinéens, vraiment là nous sommes inquiets parce qu’à travers ces caméras, ils peuvent contrôler les mouvements de tout le monde et surtout nous qui faisons du business à côté de ces caméras. Je demande aux autorités à utiliser ces caméras dans le cadre de la sécurité des guinéens », formule cet autre citoyen.

Manque de transparence des autorités…

 

Dansa Kourouma, acteur de la société civile guinéenne dénonce le fait que ces caméras aient été installées par le gouvernement de manière clandestine. Le président du conseil national des organisations de la société civile guinéenne fait plusieurs observations sur cette campagne d’installation des caméras de surveillance.

 

 « Je vais faire quatre observations : la première, les circonstances de l’installation de ces caméras restent floues. D’abord dans les situations normales ça doit faire l’objet d’un débat au Parlement. En réalité, si une décision doit être prise dans le cadre de la surveillance publique, il doit y avoir un débat et les citoyens doivent être informés qu’il y a des caméras de surveillance et l’autorité publique doit s’expliquer pourquoi les caméras de surveillance et quels sont les objectifs. La deuxième observation c’est du point de vue raison. Raison sociale ou raison politique ?  Je crois que dans le contexte actuel du pays, nous ne sommes pas un pays qui est touché par le terrorisme, nous ne sommes pas un pays qui connait une situation sociale qui oblige l’Etat à renforcer le contrôle de la surveillance des populations. Donc je ne réalise pas la pertinence des caméras dans les lieux publics", dénonce Dr. Dansa Kourouma.

Cet acteur de la société civile prévient que l'installation des caméras de surveillance est un couteau à double tranchant. Du point de vue de la sécurité nationale, dit-il, ça peut contribuer à renforcer la sécurité des populations si les informations qui y filtrent sont utilisées à bon escient. Mais, avertit Dr. Dansa Kourouma, ces caméras peuvent être utilisées aussi comme un moyen d’espionnage de la population.

"A ce titre je reste totalement dubitatif par rapport à ces caméras. La quatrième observation, on ne sait pas à qui sont destinées les informations qui filtrent de ces caméras. Parce que quand vous parlez de la sécurité, normalement la commune doivent être informée parce qu’il y a un conseil de sécurité de la ville de Conakry qui est dirigé par le Gouverneur et assisté par les Maires. Cet organe est un organe représentatif qui doit se prononcer sur toutes les décisions relatives à la sécurité de la population. Ces genres d’informations, c’est une reconsidération d’un certain nombre de libertés fondamentales des citoyens. Ces libertés-là sont des libertés qui ne peuvent pas faire l’objet de restriction. Donc si ça doit être fait, la décision doit être prise de manière consensuelle et participative. Je reste très confus et préoccupé par ces caméras quand on sait que leur mise en place n’a pas fait l’objet de partage d’informations de la population. Mais en revanche, les tueries lors des manifestations ou les accidents de la circulation est un bon exemple de l’utilisation de ces caméras », explique Dr. Dansa Kourouma.

Face à ces inquiétudes, le ministère de la sécurité et de la protection civile tente de rassurer. Interpellé sur ce sujet, le porte-parole de la police guinéenne a expliqué que ces caméras de surveillance sont installées dans le cadre de la sécurité publique.

« Aujourd’hui toutes les capitales du monde sont dotées des caméras de surveillance dans le cadre de la lutte contre la grande criminalité, la petite délinquance. A partir d’un point bien déterminé, vous pouvez apercevoir des endroits obscurs où la police ne peut se trouver à tout moment si un acte criminel se passe. Dans ce cas, si vous interrogez les caméras de surveillance elles vont vous répondre facilement. C'est un moyen très efficace dans le cadre de la recherche de certains suspects qui commettent des crimes et qui disparaissent. En grosso modo c’est dans le cadre de la sécurité publique que ces caméras sont installées. Pour ce qui est du contrôle des manifestations, ça c’est autre chose… mais ce qui est courant et régulier tout le temps, l'installation de ces caméras c’est dans le cadre de la sécurité publique », se défendu le porte-parole de la police, Mamadou Camara.

Enquête réalisée par Oumar Bady Diallo

Pour Africaguinee.com

Tel: (00224) 666 134 023

Créé le 4 août 2020 12:08

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