Procès sur le massacre de 2009 : Élise Keppler de Human Rights Watch s’exprime…

Elise Keppler lors d'une de ses visites à Conakry   Photo-Africaguinee.com

CONAKRY-En Guinée, le procès des auteurs présumés du massacre du 28 septembre 2009 a connu une paralysie occasionnée par un débrayage des avocats. Ce fâcheux imprévu qui a marqué un coup d’arrêt des audiences interpellent les défenseurs des droits humains qui se disent préoccupés. C’est le cas de Human Rights Watch. Bien qu’une solution ait été trouvée, elle appelle les autorités guinéennes et leurs partenaires à agir de concert pour éviter à l’avenir de tels écueils. Africaguinee.com a interrogé madame Élise Keppler, directrice adjointe du programme de Justice internationale à Human Rights Watch.

AFRICAGUINEE.COM : Le procès des auteurs présumés du massacre des civils au stade de Conakry en 2009, a connu un arrêt de quelques semaines à cause d’un débrayage des avocats. Comment analysez-vous cette crise qui paralyse les audiences ?

ÉLYSE KEPPLER : Human Rights Watch est profondément préoccupé par la suspension du procès. Le procès des crimes commis lors du massacre du 28 septembre 2009 revêt une importance énorme pour les victimes de ces crimes, ainsi que tous les Guinéens. Nous croyons que les autorités guinéennes et ses partenaires internationaux doivent travailler ensemble pour s’assurer que le procès puisse aller de l’avant de manière équitable.

Quelle solution Human Rights Watch proposerait pour résoudre définitivement les revendications soulevées par les avocats ?

Les normes internationales exigent que l’accusé dispose du temps et des moyens nécessaires pour préparer sa défense, et cette norme doit être respectée. Puisque nous n’avons aucune représentation en Guinée et en tenant compte que la situation évolue, nous hésitons à définir les détails précis d’une solution à l’impasse. Cependant, nous pensons qu’il devrait être possible de parvenir à un accord sur l’assistance aux avocats de la défense qui reconnaît que ces types de tribunaux sont plus exigeants que les procès ordinaires en termes de temps et de complexité. D’autres systèmes judiciaires nationaux, en particulier en République centrafricaine, ont mis au point des dispositions uniques et réalistes pour les avocats de la défense qui représentaient des accusés dans des cas de crimes d’atrocité.

La Guinée s’était engagée vis-à-vis de la CPI à allouer les ressources nécessaires à la mise en œuvre du procès. D’après vous, cette crise ne faillit-elle pas à cet engagement ?

Un procès d’une telle ampleur est complexe. Il n’est pas surprenant qu’il y ait des défis inattendus, qu’ils soient techniques, financiers ou autres. L’essentiel est que les autorités guinéennes relèvent ce défi avec leurs partenaires internationaux et parviennent à des solutions pour que le procès puisse aller de l’avant.

Au cours d’un entretien accordé à notre rédaction au mois de février dernier, vous aviez pourtant salué l’allure des audiences. Vous aviez dit citation : « Il est encourageant de voir que le procès avance à un bon rythme, que les accusés ont été interrogés et que ce sont les victimes qui se présentent désormais à la barre… ». A la surprise générale, le procès a connu un coup d’arrêt brusque de trois semaines. Bien qu’une solution semble avoir été trouvée, que préconiseriez-vous pour éviter de tels écueils dans l’avenir ?

Il y a plusieurs années, après la décision judiciaire de renvoyer l’affaire devant un tribunal, un comité de pilotage a été mis en place pour ce projet. Ce comité est composé d’autorités guinéennes compétentes et de partenaires internationaux, dont des représentants des Nations unies, des États-Unis et de l’Union européenne. Ce comité est un instrument important qui permet de prévoir et d’affronter les défis qui ne sont pas de nature judiciaire. Ce comité devrait se réunir régulièrement afin d’éviter à l’avance les écueils potentiels.

Quelles sont les attentes de HRW ?

Ce procès doit aller jusqu’à son terme et être mené de manière équitable et efficace. Le tribunal représente une avancée positive pour la Guinée, et les gains ne doivent pas être mis de côté. Les victimes et tous les Guinéens devraient avoir la chance de voir les auteurs présumés répondre de leurs actes dans une manière appropriée dans le cadre de ce procès.

Entretien réalisé par Dansa Camara DC 

Pour Africaguinee.com 

Créé le 21 juin 2023 09:21

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