Enquête-Ce qui pousse certains jeunes à être accrocs à la drogue : ‘’Les stupéfiants nous donnent la force de…’’

CONAKRY- En 2015, une enquête sociologique de l’Office centrale antidrogue (Ocad) a révélé que l’usage généralisé du cannabis chez les jeunes était de 52, 1% sur 1000 dont 9% de filles.  A cela s’ajoute la progression des drogues dures notamment, la cocaïne. Huit ans après, la donne a-t-elle changé ? Pas sûr ! Enquête.

De nos jours, plusieurs jeunes guinéens âgés entre 15 et 35 ans passent leur temps à fumer de la drogue. Dans la ville de Conakry, plusieurs endroits sont aménagés par ces jeunes pour fumer. On retrouve ces lieux au niveau des rails, dans les forêts et dans les maisons inachevées. Pour comprendre cette réalité, nous sommes allés à la rencontre de ces consommateurs de la drogue, un produit que les spécialités définissent comme une substance psychotrope ou psychoactive qui perturbe le fonctionnement du système nerveux central (sensations, perceptions, humeurs, sentiments, motricité) ou qui modifie les états de conscience.

Nous rencontrons MT, un accroc à la drogue. Nous l’avons croisé au niveau des rails à Cosa, dans la commune de Ratoma. Il nous explique pourquoi il fume la drogue. Ce jeune est devenu dépendant.

« C’est en 2020 que j’ai commencé à fumer la drogue. Pour la petite histoire, je revenais de l’école quand j’ai vu mon ami assis sur les lieux avec d’autres en train de fumer. Directement, il m’a appelé MT vient on va rester un peu. Arrivé là-bas, j’ai vu des gens venir acheter de la drogue et même des hommes en tenue militaire. Après il m’a dit, tu as vu comment ça se passe ici. Alors, quand tu fumes la drogue là, tu as un esprit ouvert, les pensées fertiles. Il a réussi à me convaincre d’essayer. C’est comme ça que j’ai commencé à fumer. Mais, aujourd’hui, si je ne fume pas la drogue, je ne peux pas faire d’autres activités. Même maintenant là, quand je ne fume pas ça, je ne peux comprendre les cours en classe », a-t-il expliqué.

Dans la forêt de Démoudoula un quartier de la même commune, nous avons rencontré un jeune du nom OB. Ce jeune maçon nous explique que la drogue lui donne du tonus pour bien bosser. « Moi je suis maçon de profession. Ce qui m’a poussé à fumer la drogue ce sont mes amis avec lesquels je travaille. Parce qu’eux tous ils fument la drogue et quand ils fument, ils travaillent plus que moi. Maintenant, mon maître m’a dit que moi je ne travaille pas beaucoup et je suis paresseux. Après, l’un des amis avec qui je travaille m’a dit : mon ami nous on fume la drogue c’est ce qui nous donne la force de bien travailler. Après, moi aussi j’ai commencé à fumer. Et maintenant-là, si je ne fume pas la drogue je ne peux pas faire très bien mon travail. Alors, pour moi la drogue ce n’est pas que c’est que les gens pensent. Elle donne la force, le courage, la détermination, dans le travail », a-t-il indiqué.

C.D ne souvient pas exactement quand est-ce qu’il a commencé à fumer la drogue et à quelle période il va arrêter. «  Je ne me souviens pas du tout comment j’ai commencé à fumer la drogue. Je passe tout mon temps à fumer la drogue et même là où je suis. Je ne connais pas à quel moment de ma vie je vais arrêter de fumer », a-t-il fait savoir.

Interrogé sur cette situation, docteur Nourdine Bangoura enseignant chercheur en criminologie à l’université général Lansana Conté de Sonfonia explique les causes de la consommation de la drogue par jeunes. Il décline des pistes de solutions pour palier à ces fléaux qui prennent de l’ampleur en Guinée.

« Beaucoup de jeunes qui se lancent dans la consommation de la drogue à cause du fait qu’il n’y a manque de dialogue entre ces jeunes et leurs parents. D’autres jeunes c’est par curiosité et certains c’est pour se faire plaisir. D’aucuns c’est la pauvreté. Nous avons aussi le manque de communication avec les adolescents, on ne parle pas avec eux alors qu’à l’âge adolescent, l’homme se pose la question sur son plan de vie, sur ce qu’il faut faire, sur son importance, sur sa carrière, il est un peu confus. Donc voilà le moment de l’approcher, de communiquer avec lui, de lui montrer la voie normale, la voix sociale, la voie légale et avoir un œil sur ceux », a-t-il expliqué.

Pour endiguer la consommation de la drogue chez les jeunes, l’universitaire préconise : « l’État doit avoir une mission parce que c’est la jeunesse qui est exposée. Donc, l’État doit faire la promotion de la sensibilisation dans les milieux scolaires, en utilisant par exemple les médias, les télévisions pour faire comprendre à tous les jeunes que la consommation de la drogue c’est une manière de détruire l’humanité. Ensuite, les parents ne doivent pas démissionner, les parents doivent mettre un mécanisme de contrôle sur leurs jeunes, adolescents, leurs enfants », a-t-il conseillé.

Mamadou Yaya Bah 

Pour Africaguinee.com

Créé le 20 novembre 2023 09:13

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