Dr Ousmane Kaba : « Lorsque Alpha Condé est venu au pouvoir… »

Dr Ousmane Kaba, leader du PADES

CONAKRY-Alors que le président déchu Alpha Condé est toujours assigné à résidence, les documents de voyage de ses anciens ministres confisqués cent jours après le putsch, Dr. Ousmane Kaba pense c’est juste « un retour du bâton ». Dans cette troisième et dernière partie de l’interview qu’il nous a accordé, l’ancien ministre de l’économie et des finances évoque plusieurs sujets d’actualité.

AFRICAGUINEE.COM : Le bilan du Cnrd (comité national du rassemblement pour le développement) c’est aussi la détention de l’ancien président et la confiscation des documents de voyage des anciens ministres et présidents d'institutions dissoutes. Pour certains, c’est une violation des libertés fondamentales du moment où il n’y a aucune procédure judiciaire contre les anciens dignitaires. Partagez-vous cet avis ?

DR. OUSMANE KABA : Vous savez que la situation est complexe. Vous parlez de l’ancien chef de l’Etat et des ministres qui avaient empêchés les autres de voyager en confisquant leurs passeports. Je me rappelle qu’un des cadres de l'Ufdg (Fodé Oussou Fofana, Ndlr) qui étaient sur le point de perdre ses yeux, lorsqu’il a émis le souhait de voyager pour se faire soigner, on lui avait répondu qu’on peut tout faire en Guinée. C’est un juste retour du bâton.

N’est-ce pas répondre une injustice par une injustice ?

Apres le coup d’Etat, il fallait prendre des mesures urgentes qu’on appelle les mesures conservatoires qui consistaient à geler les comptes qui sont en train d’être dégelés petit à petit. L’autre élément, lorsque Alpha est venu au pouvoir a mis en place toutes les institutions à l’exception notable de la Haute cour de justice qui avait pour rôle de juger les ministres et les chefs d’Etat en cas d’infractions économiques et financières. Même si le Cnrd à des reproches à faire aux anciens dirigeants, l’arsenal juridique n’existe pas pour enclencher la procédure judiciaire. Donc, ce qu’il peut faire au mieux c’est de retarder les mouvements et mettre cet arsenal juridique en place. C’est ce qui est en train d’être fait puisqu’on vient de mettre en place la Crief (cour de répression des infractions économiques) qui hérite des prérogatives de la Haute de justice.  

Le gouvernement a annoncé le retour éventuel des anciens chefs d’Etat Moussa Dadis Camara et Sékouba Konaté. Qu’en pensez vous ?

Dans le cadre de restauration des libertés publiques, le Cnrd a autorisé le retour des anciens chefs d’Etat. En même temps, ils ont annoncé l’ouverture du procès du 28 septembre en mars 2022. C’est extrêmement important, la Guinée a besoin de se réconcilier avec elle-même. Nous avons le devoir de regarder notre histoire en face et de faire des jugements lorsque c’est nécessaire pour que les responsabilités soient situées. Rappelez-vous que le régime passé a berné tout le monde pendant 10 ans.  Il n’avait aucune envie qu’il y ait un procès, allez y savoir pourquoi. Je pense que le peuple de Guinée a droit de connaître la vérité.

Est-ce que la mise à la retraite de 6300 fonctionnaires est elle une solution pour l’emploi des jeunes ?

Les gens pensent que si on envoie beaucoup de personnes à la retraite, on donne une solution à la jeunesse guinéenne en terme d’emploi. Ce n’est pas le cas. Puisque si vous prenez la population en âge de travailler, vous verrez que c’est comme une goutte d’eau dans l’océan. La fonction publique guinéenne c’est 128 mille fonctionnaires sur 13 millions d’habitants. Ce n’est pas parce qu’on a envoyé 6300 personnes à la retraite qu’on va les remplacer par des jeunes qu’on va résoudre le problème de l’emploi. Ce n’est pas 6300 emplois que les jeunes guinéens ont besoin, mais de millions d’emplois.  La solution maintenant, essayons d’enrayer la corruption. Si on combat la corruption, l’état aura assez des ressources pour faire les infrastructures de base d’une économie, l’eau, les routes, l’éducation et la santé, les services de sécurité et de justice.

Quand ça, c’est bien fait ça veut dire que l’environnement est propice pour qu’il y ait beaucoup d’entreprises qui vont offrir de millions d’emplois aux jeunes de Guinée. Nous sommes dans une économie libérale, c’est le secteur privé qui crée des emplois. Encourageons le secteur privé et quand il y aura de millions d’entreprises, la jeunesse guinéenne trouvera des débouchées. C’est ce qui va nous empêcher de voir nos jeunes mourir dans la méditerranée en partance pour l’Europe, c’est une immense perte. Nous devons prendre nos responsabilités pour faire un pays où nos jeunes peuvent trouver de l’emploi.

Fin !

Interview réalisée par Abdoul Malick Diallo

Pour Africaguinee.com

Tel : (00224) 669 91 93 06

Créé le 15 décembre 2021 13:20

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