Denrées alimentaires : Des commerçants rejettent les nouveaux prix fixés par les autorités… « c’est impossible »

CONAKRY-Le sujet est presque sur toutes les lèvres ! Depuis la publication des nouveaux prix des denrées de première nécessité, commerçants et consommateurs se plaignent. Ce samedi 3 février 2024, les autorités ont entamé une campagne d’affichage des nouveaux prix, conformément à l’accord signé le 30 janvier dernier. Mais certains commerçants (détaillants) fulminent déjà. Au marché de Taouyah et ailleurs, des revendeurs préviennent qu’il est quasiment impossible d’appliquer ces nouveaux tarifs définis par les autorités.

Un journaliste d’Africaguinee.com est allé à leur rencontre.  Tous les commerçants (détaillants) interrogés sur la nouvelle grille ont exprimé leur opposition à cette décision des autorités de la transition. Plusieurs raisons ont été avancées par nos interlocuteurs pour justifier leur rejet à l’application de ces nouveaux prix sur le marché.

Trouvée assise devant sa boutique et visiblement très remontée contre cette campagne, madame Sow n’a pas manqué des mots pour dénoncer cette mesure.  Selon elle, l’Etat s’est trompé de cible en fixant les prix des denrées de première nécessité à des détaillants.

« Normalement l’Etat ne doit pas fixer les prix des denrées pour nous les détaillants. La logique voudrait que les prix soient fixés au niveau supérieur c’est-à-dire pour les importateurs et les grossistes. Si déjà les prix étaient fixés et connus au niveau de l’importation à l’étranger et au niveau des grossistes au marché de Madina là pour nous les petits détaillants ça va être très facile de fixer nos prix en fonction du prix d’achat. Voyez vous-même, l’Etat a fixé les prix, ils ont dit par exemple le sac de riz de 50kg à 340 mille gnf, le bidon de 20 litres d’huile ciao à 290 mille gnf ainsi de suite. Mais ce qu’ils ne savent pas, ce que quand on part à Madina pour acheter nos marchandises, après avoir payé, il nous faut payer des jeunes qui vont prendre nos marchandises dans les magasins pour les charger dans les véhicules, en plus on va payer le transport des marchandises de Madina à Taouyah pour ceux qui sont ici et les autres jusqu’à Sonfonia, KM36, Kagbélen et autres.

Encore arrivée au marché ici, il nous faut payer aussi des jeunes pour décharger la marchandise et la faire entrer dans nos boutiques et magasins et en plus quand un client achète par exemple un sac de riz, il faut qu’on paie au moins 1000 gnf à quelqu’un qui va faire sortir le sac de riz et accompagner le client pour l’embarquer. On paie également le prix loyer de nos boutiques et magasins. Donc faites vous-même le calcul de toutes ces dépenses. Est-ce qu’on peut s’en sortir si on revend aux prix fixé par le gouvernement. Alors nous invitons les autorités d’aller à Madina, chez les grossistes pour fixer les prix à ce niveau. Puisque si les prix sont moins chers au port (à l’importation) et au niveau des grossistes alors pour nous les petits détaillants les prix vont forcément être moins chers », a expliqué madame Sow.

Cet autre commerçant qu’on a interrogé dans sa boutique d’alimentation générale a abordé ce sujet dans le même sens que madame Sow. D’après Boubacar Bah, il est impossible pour les détaillants de revendre certains produits comme le riz et l’huile aux prix fixés par les autorités.

« Si on revend certains produits aux prix fixés par les autorités nous n’allons pas s’en sortir. Par exemple le riz, on a calculé toutes les dépenses qu’on paie de Madina jusqu’ici pour avoir le riz et l’envoyer jusque dans notre boutique ici et on s’est rendu compte que si on revend le sac de 50kg de riz à 340 mille gnf on va perdre notre argent parque ce n’est pas eux qui paient le transport de la marchandise, ce n’est pas eux qui paient les jeunes portefaix, ce n’est pas non plus eu qui paient le loyer de nos boutiques et magasins. D’ailleurs certains produits comme l’huile, ils ont augmenté les prix même au-delà de ce que nous nous revendions », a aussi expliqué Boubacar Bah tout en ajoutant que les prix devraient être fixés au niveau des grossistes et non au niveau des détaillants.

« L’Etat ne devait pas venir fixer les prix au niveau des détaillants et laisser les grossistes. Parce que si les grossistes ne diminuent pas les prix à leur niveau alors nous aussi on ne pourra pas diminuer les prix à notre niveau. A l’allure où vont les choses, l’Etat veut mettre les populations en mal avec nos les petits commerçants, les détaillants parce qu’on ne peut pas vendre si on ne gagne pas un peu d’intérêt et si on revend les produits au-delà des prix qu’ils ont fixés, les populations vont dire que chez nous les détaillants, nous ne voulons pas diminuer les prix alors que le problème se trouve ailleurs », a expliqué ce commerçant avant de lancer un message aux autorités.

« Nous demandons aux autorités de résoudre ce problème en faisant tout ce qui nécessaire sans abuser sur quelqu’un, pour diminuer les prix des denrées de première nécessité. L’Etat doit comprendre que toute la population guinéenne vie sous sa responsabilité, tous les guinéens comptent sur leurs autorités pour vivre dignement. Nous les détaillants aussi nous ne pouvons pas aller acheter la marchandise à un prix élevé et revenir rendre cette même marchandise à un prix moins cher sinon on risque de fermer nos boutiques et magasins », a lancé ce commerçant.

Souleymane Bah, un autre commerçant trouvé devant sa boutique dans le marché de Taouayah a fait savoir que les autorités ne peuvent imposer des prix aux commerçants alors que ceux-ci revendent pour avoir des gains afin de nourrir leurs différentes familles.

« Les autorités sont venues afficher les prix qu’elles ont fixé pour les denrées de première nécessité mais elles doivent d’abord fixer en amont les prix au niveau des grossistes. Ils ne peuvent pas venir nous imposer des prix sans prendre en compte toutes les dépenses qu’on effectue pour payer les taxes, le transport, le loyer de nos boutiques et magasins. Il ne faudrait pas que la loi soit orientée vers une seule catégorie des personnes », a laissé entendre cet autre commerçant.

Interrogé sur le lancement de cette campagne d’affichage des prix maximum des denrées de première nécessité, le Président de la chambre du commerce national de Guinée a d’abord donner des informations sur comment ils ont réussi à trouver un accord pour fixer ces différents prix. Selon Mamadou Baldé les opérateurs économiques ont accepté de faire beaucoup des sacrifices pour aboutir à cet accord.

« L’aboutissement de cette convention signée pour permettre à l’affichage de ces prix a fait l’objet de négociations entre l’ensemble des importateurs des denrées de grande consommation, l’Etat guinéen et la chambre de commerce de Guinée. Au cours des différents échanges, chaque partie a fait des concessions. L’ensemble des opérateurs ont accepté d’accorder un grand sacrifice parce qu’aujourd’hui le monde entier est confronté à des difficultés dont entre autres : des difficultés d’approvisionnement des denrées de consommation au niveau national et international, des difficultés de transport maritime. Donc face à tous ces facteurs, les commerçants ont accepté de faire un sacrifice en réduisant les bénéfices qui doivent leur revenir à l’arrivée de ces produits en Guinée », a expliqué le Président de la chambre du commerce national de Guinée.

« Aujourd’hui nous sommes en train de consommer les anciens stocks, c’est pourquoi je ne voudrais pas les gens confondent. Cette convention signée a pour but de limiter, prévenir ou encore empêcher l’excès des prix. Si ce protocole n’avait pas été signé, on risquerait de voir aujourd’hui le prix de riz à près de 400 mille gnf. Les commerçants ont accepté de sacrifier tout ce qu’ils pouvaient avoir comme gains. Nous sommes convenus à avoir un plafond sur les prix maximum », précise Mamadou Baldé.

Oumar Bady Diallo

Pour Africaguinee.com

Tel : (00224) 666 134 023

Créé le 3 février 2024 11:50

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