Déguerpissement musclé à Kaloum : « Les gendarmes m’ont roué de coups et m’ont embarqué… »

Un véhicule de la gendarmerie stationné à la devanture de la maison déguerpie

CONAKRY-Au quartier Manquepas, dans la commune de Kaloum, la famille « Soumah » s’est réveillée en sursaut ce mardi 5 avril 2022. Des gendarmes, accompagnés d’un huissier de justice, ont débarqué tôt le matin au domicile familial pour « expulser » les occupants manu-militari.

Selon les victimes encore sous le choc, le conflit domanial est toujours pendant devant la justice. Mais ce mardi 5 avril 2022, elles ont été surprises de voir un Huissier de Justice et des gendarmes débarquer dans leur maison. Dehors, leurs affaires sont éparpillées çà et là. Un spectacle désolant.

Élisabeth Thompson Soumah (80 ans), son neveu et d'autres occupants de la maison ont été sommés de vider le bâtiment, sans préavis, selon eux.

"J'étais à l'église ce matin vers 6h 30, quand un neveu est venu me chercher pour me dire qu'il y a la gendarmerie à la maison. J'ai quitté l'église pour venir aussitôt m’en quérir de ce qui se passe. À mon arrivée, j'ai trouvé qu'ils ont déguerpi ceux qui étaient au rez-de-chaussée.

J'ai voulu monter dans ma chambre, un agent m'a empêché en disant qu'ils travaillent là-haut. Je lui ai dit qu’ici, c'est chez moi mais il a refusé. Le monsieur était habillé en tenu militaire. Quand ils ont descendu les affaires, il m'a dit que je pouvais enfin entrer dans ma chambre.

Mes neveux et nièces qui occupaient d'autres chambres ont été vidés aussi manu-militari. Ils n'ont rien emporté mais la vaisselle a été cassée", explique Élisabeth Thompson Soumah. 

L’octogénaire ajoute que les agents ont débarqué chez elle sans aucun acte officiel.  « Il sont venus sans document en disant que c'est la haute autorité de la gendarmerie qui les a mandatés. On ne nous avait pas prévenus. Ils ont débarqué comme ça avec un Huissier de justice et la gendarmerie. Ils ont cassé les portes pour s’introduire", déplore la victime. 

Selon Élisabeth Thompson Soumah, la maison familiale qu'elle occupe a été revendue à un particulier par un nommé Karifa Camara alors qu'elle n'a aucun lien familial avec ce dernier. 

"C'est le nommé Karifa Camara et sa sœur mais celle-ci est décédée. Mais c'est Karifa Camara vient chaque fois. D'abord, il a vendu la maison à Sidimé (l'ancien premier ministre), ce dernier l’a revendu à un libanais qui l'a aussi vendue à une autre personne. C'est la quatrième fois qu'ils viennent mettre nos affaires au dehors. C'est grâce à des amis et connaissance qu'on les récupère. On a aucun lien de famille avec ce Karifa Camara. C'est lui qui dit que son papa a acheté la maison avec notre père. Selon lui, ils ont fait des transactions, mais nous on a aucun document pour nous prouver qu'il y a eu cette vente. C'est la quatrième fois qu'on vient nous sortir et là, ils ont tout dégagé et tout cassé", a-t-elle martelé 

Ces actes de déguerpissement interviennent alors que la famille (victime) devrait répondre à une convocation ce matin, à la direction centrale de la police judiciaire. 

"On était convoqué ce matin à la DPJ (direction centrale de la police judiciaire) mais le commissaire (Bah) qui nous a convoqués nous a dit d'attendre. C'est ce qu'on attendait. Pendant que l'affaire est en justice on vient nous sortir. Ni l'huissier ni la gendarmerie nous a présenté un document. Nous avons toujours occupé cette maison et cela date de plus de 40 ans. On a tous les documents", ajoute madame Thompson Soumah. 

Son neveu accuse les gendarmes de l'avoir tabassé et brutalisé. Sur son corps, des traces blessures sont encore visibles. 

"Ils (les gendarmes, ndlr) sont venus à 5h du matin, accompagnés d'un Huissier pour dire qu'on doit libérer les lieux. Je leur ai dit d'attendre que ma grand-mère revienne de l'église. C'est là que l'huissier m'a bousculé, je suis tombé sur les escaliers. Il a remis de l'argent aux gendarmes pour qu’ils viennent me faire sortir. Les gendarmes m'ont attrapé et m’ont frappé. Ils m'ont embarqué dans leur pick-up et m'ont envoyé à leur base. Il a fallu l'intervention d'un autre parent pour que je sois libéré", a expliqué Amara Soumah. 

Pendant qu’on quittait les lieux (11h passé), la rentrée familiale restait toujours bloquée par un véhicule de la gendarmerie. L’engin de terrassement qui venait pour la démolition du bâtiment a été dérouté par une opposition farouche des femmes voisines de la famille Soumah. 

Siddy Koundara Diallo 

Pour Africaguinee.com 

Tel: (00224) 655 311 114

Créé le 5 avril 2022 14:13

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