Culture de la pomme de terre : La « belle de Guinée » sourit aux producteurs de Timbi-Madina

PITA-Dans la sous-préfecture de Timbi Madina, les résultats de la campagne agricole 2022-2023 sont bons. La récolte de cette année dans cette zone de production par excellence de la pomme de terre, a atteint un niveau record. Certains parlent même de surproduction. Mais en réalité, ce n’est pas le cas. C’est le résultat d’une politique agricole rondement murie par les autorités et les producteurs.

Au Foutah, la zone de Timbi-Madina est considérée comme la base arrière de la « Belle de Guinée », la pomme de terre. Si habituellement à cette période, les récoltes s’épuisent avant même d’être acheminées vers les zones d’écoulement, cette année ce n’est pas le cas.  Les chambres froides ainsi que les magasins relais contiennent une quantité de 5000 tonnes en conservation alors que 40% des champs en pleine maturité attendent d’être récoltés.

Un champ de pomme de terre
Un champ de pomme de terre

Cette production record est le résultat d’un accompagnement du gouvernement guinéen. En octobre dernier, le ministère de l’agriculture à travers le FODA (fonds de développement agricole) a mis à la disposition des producteurs 31 milliards de francs guinéens dont une valeur de 5 milliards Gnf en intrants. Cet appui était conditionné : les producteurs devraient multiplier la production et rendre accessible la pomme de terre au dernier kilomètre de la Guinée à un prix qui ne dépasse pas 7000gnf le kilogramme, de la période allant de janvier à juillet 2023. C’est cet engagement qui est en train d’être honoré en partie. Présentement, le prix de départ est fixé à 4.400 Gnf le kilo soit 110.000Gnf le sac de 25kg.

Oumar Lamarana Diallo, chef des travaux dans les exploitations agricoles de Timbi suit des champs depuis des décennies dans cette zone considérée comme la base arrière de la belle de Guinée. Pour cette campagne, avec l’accompagnement de l’Etat, ses taches ont multiplié. Ce matin il est dans un champ de 13 hectares en pleine maturité à Bareng. Il rassure :

« Certains craignent déjà une surproduction tellement que les périmètres agricoles ont été élargis cette année, la main-d’œuvre a augmenté parce que les taches ont augmenté partout. Ce qui est normal. Si la production agricole habituelle a augmenté de plus de 40%, dans ces conditions tous les travaux vont multiplier. Ce qui posera problème peut-être, c’est les magasins de stock qui sont déjà remplis. Ce qui retarde la récolte des champs en maturité restants.

La vision, c’est de donner la pomme de terre à tous les guinéens à un prix accessible à tous. Actuellement sur le marché local, le sac de 25kg est à 110.000Gnf. La fédération joue un rôle important pour arbitrer tout ça. Cette année, le besoin en pomme de terre n’embêtera personne chez nous. L’an passé à la même période le sac était à plus de 150.000gnf. Mais l’accompagnement du ministère de l’agriculture a porté fruit. Nous avons eu la variété à temps, les semences, les intrants, les engrais ainsi que les productions phytosanitaires. Il n’y aucun risque sur le plan local et national parce que les prix sont abordables » rassure cet exploitant agricole.

Dans les différentes chambres froides dont la capacité de stock est de 5000 tonnes, les rayons sont déjà pleins. La quantité déjà stockée sera réservée pour la période de soudure afin de combler le besoin. Désormais, toutes les récoltes partiront des champs pour être acheminées vers le marché. Ce qu’explique Mamadou Diallo, responsable commercial, stockage dans la plate-forme de Timbi-Madina.

« C’est vrai que la production est énorme, mais on essaye de gérer pour ne pas qu’il y ait des pertes. La politique mise en place, c’est d’utiliser les chambres froides disponibles pour la conservation bien qu’elle n’arrive pas à contenir toutes les récoltes. Nous utilisons aussi les magasins relais au moins 10 dans les différentes zones de production. A l’heure qu’il fait, nous avons 5000 tonnes dans les chambres et les magasins. Pourtant plus de 30% des champs ne sont pas encore récoltés. En même temps, on approvisionne les femmes qui envoient dans les différents marchés du pays pour ne pas qu’il ait des ruptures ou augmentation de prix.

Actuellement, la quantité stockée dans les chambres froides resteront sur place. On va privilégier les récoltes directes vers les marchés. C’est quand tout ça va être consommé qu’on va ouvrir les magasins et les chambres pour combler le vide jusqu’au mois de juillet 2023. Le prix du kilo est à 4400gnf à Timbi, le sac de 25kg coûte 110.000gnf. À Conakry, le sac est revendu entre 130.000 et 140.000 Gnf. En tout, ça ne dépasse pas 150.000gnf. Donc même dans la capitale, le kilo ne dépasse pas 6000gnf. Je suis certain qu’on va honorer notre engagement », précise Mamadou Diallo.

Un magasin de Stockage
Un magasin de Stockage

Elhadj Amadou Barry est entrepreneur agricole. Il dirige la coopérative Gobel Sarl. Selon lui, les producteurs ont un engagement à honorer et une convention à respecter vis-à-vis du ministère de l’agriculture et du FODA. Les récoltes déjà réalisées le réconfortent.

« Nous sommes plus que satisfaits aujourd’hui. Car on est certain de pouvoir honorer notre part d’engagement devant le ministère de tutelle. Il était indiqué que nous devons agir de sorte que la pomme de terre soit vendue à 6000gnf le kilo de janvier à Juillet. Avec les risques et d’autres réalités de terrain on nous avait laissé une marge 1000Gnf. Et, comme vous le constatez ici dans les champs, environs 40% des productions ne sont pas récoltées encore alors que nos points de stock font le plein déjà.

Une quantité sera réservée pour la période de soudure. Avec ce résultat record en termes de production, nous osons dire haut que le prix du kilo de pomme de terre ne dépassera pas la barre de 6000 à 7000gnf. C’est cet accompagnement que les nouvelles autorités ont fait qui manquait aux agriculteurs. Les fonds que le ministère a mis à notre disposition nous a permis vraiment d’avoir une semence de qualité à temps avec une forte augmentation de la quantité de semence. L’an dernier on était 1000 tonnes, cette année avec le fonds d’appui nous sommes allés à 1400 tonnes.

En réalité, nous avons misé sur une surproduction pour qu’il n’y ait pas de manque de pomme dans le pays. Nous avons inversé la tendance économique pour que cette fois l’offre soit supérieure à la demande, comme ça les prix resteront stables. Avec cette politique, nous resterons tranquilles en termes de prix.

A côté, il y a la forte implication de la fédération des paysans du Fouta Djallon pour soulager les producteurs. Aujourd’hui aucun paysan ne s’interroge où et comment vendre ses récoltes. La fédération est en train de racheter pour tout le monde pour maitriser les spéculations. Le processus est simple, la fédération nous a donné les intrants et les semences à crédit. Après la récolte, les producteurs déposent leur production dans les magasins de stock où on fait un remboursement automatique. On fait la situation, la fédération paye le reliquat aux paysans après avoir soustrait les dépenses. Chacun sort gagnant.

Une fois que ce processus est atteint, le paysan est libre, c’est la fédération qui se chargera de la commercialisation avec les femmes déjà installées et qui ont reçu des fonds pour faciliter la commercialisation. Le résultat est sans appel nous avons accès aujourd’hui à beaucoup de marchés à l’intérieur du pays et dans le grand Conakry », rassure Elhadj Amadou Barry

Les machinistes à l’image de Mamadou Aliou Diallo ont ressenti la lourdeur des taches suite à l’augmentation de l’étendue des champs de productions. Mais ils sont contents de la bonne moisson.

« L’élargissement des champs, l’augmentation de la production, nous les ressentons dans nos activités de machinistes. C’est plus que les années précédentes. De la semence à la récolte ici, nous avons redoublé d’efforts et d’heures de travail pour atteindre l’objectif. (…) Le rendement a été bon aussi pour nous. La main-œuvre a augmenté dans tous les sens. Chacun a augmenté son revenu, des producteurs aux portefaix », témoigne ce machiniste.

Lamine Diallo, responsable de la jeunesse de Timbi-Madina a aussi des champs de pomme de terre. Il exprime des besoins auprès de l’Etat.  « Cette année la question qui revient partout, c’est la crainte de surproduction, mais je pense que ça ne sera pas le cas. Loin de là. Pour produire la pomme de terre, il faut obligatoirement un appui. Le gouvernement commence à se réveiller en venant en aide aux producteurs. Ce qui est bien. Désormais, il faut donner la priorité aux routes, à la conversation en augmentant les magasins de stocks, parce que ceux existant ne couvrent plus les productions. Mais ce qui est urgent maintenant, c’est la construction des routes et la conversation ».

Les transporteurs et les portefaix ont senti la hausse du revenu journalier. Cette année Mamadou Bah n’a presque pas eu de temps de repos depuis le début de la récolte. Trouvé à la chambre de froide de Koubi, il s’affaire à décharger sans relâche des sacs de pomme de terre.

« Nous n’avions pas compris ce qui s’était passé au début, mais nous venons d’avoir l’information que c’est la production qui a augmenté…Nous voulons qu’on produise encore davantage pour que ça se répercute encore sur notre revenu. L’an dernier à cette période, on était au chômage. Mais cette année, nous sommes là encore pour travailler », témoigne ce transporteur.

A Timbi Madina, alors que la récolte continue, les acteurs de la chaîne de production se penchent déjà autour de la prochaine campagne agricole.

De retour de Timbi-Madina, Alpha Ousmane Bah

Pour Africaguinee.com

Tel : (+224) 664 93 45 45

Créé le 27 mars 2023 06:57

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