Crise au PUP : « Fodé Bangoura est tombé dans l’illégalité…», dixit Moussa Solano

CONAKRY-Le parti de l’ancien Président Lansana Conté risque-t-il une implosion ? La question vaut son pesant d’or. Cette formation politique est minée par des dissentions internes. L’actuel président du parti Fodé est contesté par certains de ses camarades militants. Comment sortir de la crise ? Comment en est-on arrivé là ? Africaguinee.com a interrogé Moussa Solono, ancien ministre et membre fondateur du PUP (Parti de l’Unité et du Progrès).

AFRICAGUINEE.COM : Le PUP traverse une ‘’zone de turbulence’’ depuis un certain temps. Vous contestez le leadership de M. Fodé Bangoura. Comment en est-on arrivé là ?

MOUSSA SOLANO : Nous membres fondateurs et hauts responsables du parti avons fait une déclaration dans laquelle on a expliqué notre sentiment sur la façon dont le PUP est géré, la façon dont il évolue. Le PUP est complétement en hibernation. Donc, nous nous sous sommes dit qu’il faut qu’on essaye de relever le PUP parce que nous, c’est ce parti que nous connaissons. Personnellement je n’ai été dans aucun autre parti à l’exception du PUP. Les femmes du PUP ont été bastonnées la dernière fois au siège.  Ce n’était pas correct et c’est humiliant. Nous ne connaissons pas ces genres des pratiques immorales et brutales au PUP.

Nous avons constaté la raison pour laquelle le PUP est aujourd’hui à terre. C’est qu’il n’y a pas d’organismes ni des structures, alors que le parti ne peut s’exprimer et connaitre une véritable animation que par les structures. C’est à travers les structures que les organismes se meuvent et essayent de mettre en place des agendas d’activités qui soient de nature à conforter ou à élever la dimension du parti. Alors quand ces choses-là font défaut naturellement on se livre à un pilotage à vue parce que finalement on ne donne que des ordres ‘’allez faire ça, sortez ici, rentrez par-là…’’.  Je crois que ce n’est pas ça la solution.

Nous nous pensons que nous devons repenser le PUP. Naturellement nous avons des textes fondamentaux qui aujourd’hui ne sont pas très bien usités, il manque au niveau des responsables aujourd’hui deux éléments fondamentaux. D’abord, l’appropriation total de ces textes fondamentaux et l’imprégnation dans l’histoire du parti pour connaitre comment à la fondation certaines choses ont été posées. Pourquoi il y a consensus autour de certaines situations non écrites ? ça ce sont des choses que nous devons savoir parce que c’est l’histoire du parti. Puisque nous (PUP, ndlr) avons plus de 30 ans d’existence, nous allons essayer de codifier tout ce qui était secret par le passé qui n’était pas écrit et les mettre dans les dispositions statutaires et réglementaires pour que l’on sache que le parti c’est l’ensemble de tous ceux qui interviennent dans l’animation et l’analyse des problèmes liés au parti.

Est-ce que vous avez envisagé une rencontre avec Fodé Bangoura qui est le leader actuel du parti ?

Nous, nous considérons maintenant que Fodé Bangoura à l’heure qu’il fait a dépassé complétement temps imparti, le quinquennat qui lui est accordé. Il a fait huit (8) ans à la tête du parti. Il a fait 3 ans de plus sans organiser de congrès. Et donc, il tombe automatiquement dans l’illégalité et dans l’illégitimité. Mais qu’à cela ne tienne, puisque d’abord les gens qui sont partis poser le problème du congrès ont assommés, ils ont subi des jets de pierres et des injures alors c’est quand même important que lui-même se ravive d’abord. Parce que ça, ce sont des actes qui ne rentrent pas dans l’idéologie du parti, nulle part on ne verra là où on chasse les militants de leurs sièges parce que si vous chassez les militants de leur siège ils n’auront plus où aller. Après avoir chassé les militants de leur siège où ils vont régler leurs problèmes ? ça veut dire qu’il y a une fuite en avant. Et cette fuite en avant c’est lui seul qui sait comment il peut régler cela.

Nourrissez-vous des ambitions de lui succéder dans la perspective des prochaines joutes électorales ?

Mais non, on ne peut pas avoir d’ambition quand le parti n’est même pas sur pieds. Ce serait utopique de penser comme ça, de se donner un itinéraire pendant que l’embarcation qui doit vous conduire ne peut même pas faire le parcourt. Donc, nous devons d’abord refaire le PUP, lui donner une puissance, lui donner force, lui donner la consistance digne de son nom et c’est en ce moment que nous parlerons de vouloir briguer quoi que ce soit à l’intérieur. Mais là je ne vois pas qu’est-ce qu’on peut briguer en ce moment-là parce que rien n’est en place.

Avez-vous un message à l’endroit des militants du PUP ?

Je voudrais dire aux militants du parti que nous membres fondateurs et hauts cadres du parti ne sommes pas des usurpateurs. Nous sommes des légalistes. Il se pose un problème de droit au sein de notre parti. Le droit, c’est quand on a refusé d’organiser les élections alors que la date est échue. Quand la date est échue pour une durée de 6 mois, c’est encore tolérable mais lorsque ça va jusqu’à 3 ans sans élections alors que c’est un quinquennat là vous allez carrément vers le 2^ème mandat que vous avez fait à 80%. Je considère ça comme quelque chose de très grave que nous ne devons plus refaire.

Je demande aussi aux militants du PUP de serrer la ceinture et retrousser les manches. Nous devons mener un combat sérieux sur nous-même parce que nous devons nous approprier des textes, nous imprégner de l’histoire de notre parti mais nous devons surtout aller dans le sens de l’animation du parti à travers les organismes qui doivent avoir la capacité de le faire. Si nous manquons cela, si nous n’arrivons pas à le faire alors cela veut que le PUP reste un parti inerte, un parti en hibernation qui dort et qui est en plein sommeil, c’est ce que nous refusons.

Aujourd’hui il y a parmi nous ceux qui ont été à la fondation de cette formation politique qui sont là, il y a d’autres qui sont décédés en combattant pour le PUP, en ayant le souci de voir le PUP grandir, paix à leurs âmes. Aujourd’hui ils se retourneraient 10 fois dans leurs tombes quand ils vont constater que le PUP n’est pas en train de bouger. En leurs décernant des palmes nous devons réfléchir que ces palmes-là ne peuvent être qu’un symbole qui doit traduire notre reconnaissance à leur endroit et aussi ce symbole doit être l’expression de la détermination de leurs héritiers à continuer le combat pendant qu’ils ne sont plus là. C’est ça qui fait la valeur du PUP dans sa phase actuelle. C’est-à-dire ceux qui ne sont pas là ont leurs remplaçants, ont leurs héritiers.

Le PUP est un parti rassembleur, un parti national, la façon dont le PUP a été crée à Mamou le prouve éloquemment et nous devons rester dans ce cadre, nous ne devons pas faire des déviations par rapport à cette conception du PUP qui rentre dans la vision du président Lansana Conté. Je pense que nous devons faire en sorte que les choses changent positivement et notre combat doit nous aider à y être, à avoir des résultats dans ce sens et pour cela je compte sur les militants, je compte sur la jeunesse, sur les femmes qui sont vraiment déterminés à faire du PUP un parti d’une valeur nationale, un parti qui a encore son mot à dire sur l’échiquier politique nationale.

Oumar Bady Diallo

Pour Africaguinee.com