CENI, MATD, Fichier électoral, Rapprochement avec l’UFDG, Air Guinée : Bah Oury parle…

Bah Oury, leader de l'UDRG

CONAKRY-Dans un entretien accordé à Africaguinee.com, Bah Oury s’est exprimé sur le processus du retour à l’ordre constitutionnel. Dans cette deuxième partie de notre interview, le leader du parti UDRG s’est prononcé de nombreux sujets d’actualité. Du cas de la Ceni, du fichier électoral en passant encore le projet de rapprochement avec l’UFDG ou encore du dossier Air Guinée, l’ancien ministre de la réconciliation nationale livre son analyse. Entretien exclusif.

AFRICAGUINEE.COM : En novembre 2024 la Guinée devrait être dans la ferveur de l’élection présidentielle censée ramener le pays vers un régime normal. A treize mois de ce rendez-vous, êtes-vous sûrs qu’on y arrivera ?

BAH OURY : Je pense que l’étape la plus essentielle, c’est l’établissement du fichier électoral. Et l’établissement de ce fichier électoral demande au préalable le lancement de l’opération RAVEC (recensement administratif à vocation d’état civil) et par la suite, procéder à l’extraction de tous ceux qui ont plus de 18 ans pour la consolidation du fichier électoral. Cette étape, elle est essentielle, c’est le nœud gordien du processus. Et je pense que dans les prochaines semaines, si mes informations sont exactes, on aura quelque chose de beaucoup plus précis à ce niveau-là. Parce que c’est cela qui commandera le reste du calendrier.

Si le fichier électoral est déjà établi, il va de soi que des élections pourraient être organisées à un rythme accéléré où des consensus pourront émerger, qui permettront de voir quelles sont des élections majeures à organiser et quelles sont celles qu’il faut peut-être économiser pour être dans le délai requis. Donc, pour le moment, je ne suis pas inquiet, mais ce que je recommande et ce que je dis, tous les acteurs impliqués dans l’organisation des processus électoraux doivent s’activer pour être à jour, pour nous permettre de ne pas connaître des aléas susceptibles de contribuer à une déstabilisation de notre pays.

Un mois après l’adoption des Lois portant « Identification des Personnes physiques » et « Régime de l’Etat civil », elles n’ont pas été encore promulguées. Cela ne constitue-t-il pas pour vous une source d’inquiétude ?

Comme cela fait pratiquement plus d’une semaine je suis à l’intérieur du pays, ce que vous soulignez, peut être un élément sur lequel on pourrait en discuter avec le ministre de l’Administration du territoire de manière beaucoup plus précise.

Pendant ce temps, la volonté du Président de confier l’organisation des élections au ministère de l’administration du territoire et de la décentralisation divise la classe politique. Quelle est votre position ?

Cette question a été réglée dès le lancement de la mise en œuvre du chronogramme. Dans le cadre du dialogue inter-guinéen, cet aspect a été discuté et un consensus a émergé. Dans le contexte actuel de la Guinée, dans cette phase de transition, il n’est pas essentiel d’avoir un organe indépendant du type CENI comme on l’a connu par le passé pour l’organisation des élections. Pourquoi ? Parce que les CENI, depuis 30 ans que nous avons ces types de structures pour réguler, organiser les élections, le résultat n’a pas été probant. Les résultats n’ont pas été en conformité avec les votes et l’attente des citoyens. Donc, il faut tirer la leçon. Il ne s’agit pas de s’arc-bouter et de répéter toujours les mêmes fautes. La vraie question : Qui est responsable des élections ? Lorsque vous désignez une personnalité même issue d’une société civile « politisée », vous n’êtes pas à l’abri des manipulations et de dysfonctionnements graves.

Or, dans le contexte de transition, les responsables du CNRD, les membres du gouvernement, les membres du CNT ne sont pas éligibles pour les élections à venir. Par conséquent, ils doivent avoir la responsabilité d’organiser de la manière la plus transparente, la plus équilibrée, la plus conforme aux principes démocratiques, une élection. Si le processus échoue, ça sera de la responsabilité des autorités de la transition. Si ce processus marche et met la Guinée dans l’orbite d’un retour apaisé à l’ordre constitutionnel, alors ça sera le mérite des autorités de la transition. C’est ça le plus important.

C’est la responsabilité qui est dévolue à celui qui organise. Par le passé, on a mis des structures et la responsabilité a été dévoyée parce qu’il y a la corruption, par ce qu’il y a des intimidations…, or dans le contexte actuel, puisque nous voulons que les choses marchent, il faudrait que le ministère de l’administration du territoire organise les élections à travers une direction générale des élections qui aura une autonomie financière et qui sera également surveillée par un observatoire qui aura une latitude de vérifier et de veiller au respect scrupuleux des principes concernant le déroulement du processus électoral de A à Z.

Maintenant, pour les prochaines années, après le retour à l’ordre constitutionnel, la constitution mettra en place un organe de gestion élections en conformité avec les attentes. Mais si on veut encore répéter les erreurs du passé, je dis, ça serait ouvrir la boîte de pandore pour qu’on redescende encore.

Comment expliquez-vous l’opposition de vos pairs comme le Rpg arc-en-ciel, l’Ufr, l’Ufdg à ce que le MATD organise les élections ?

Ces formations politiques dès le début, ont été opposées au principe directeur de cette transition actuellement. Ils n’étaient pas d’accord avec les 10 points et ils continuent d’exprimer leur désaccord. C’est tout à fait en conformité avec leur attitude de départ. Mais par rapport à l’intérêt de la Guinée, par rapport aux leçons que nous devons tirer du passé, il faut reconnaître que les CENI, non pas seulement dans notre pays, mais dans plusieurs autres, ont mené les pays dans des situations incertaines. Nous devons tirer les leçons. Les autorités de la transition ont la totale responsabilité de ce qui va être fait. Si c’est bien fait, c’est eux. Si c’est mal fait, ça sera eux aussi. Et le peuple guinéen jugera.

Dr Fodé Oussou Fofana demande à la classe politique de se donner les mains autour de l’essentiel pour le retour à l’ordre constitutionnel. Il a dit citation : « ce qui nous unit est plus fort que ce qui nous divise ». Qu’est-ce que vous pensez de cette main tendue ?

Bon, il exprime un souhait et puis il avance une analyse objective d’une situation. Et je pense que c’est tout à l’honneur de Dr Fodé Oussou de l’exprimer clairement. Je dois dire que je partage son point de vue, qui consiste à mettre en avant l’intérêt supérieur de la nation et la nécessité objective de parvenir à des consensus susceptibles de nous permettre d’avoir un processus de retour à l’ordre constitutionnel apaisé et aussi d’avoir un processus de restauration de l’ordre constitutionnel après la présidentielle de fin de transition. Ce, pour créer un autre environnement politique qui ne soit pas un environnement politique marqué par ce que nous avons connu pendant plus d’une décennie. C’est très important. Je partage ce point de vue. Je m’étais déjà exprimé publiquement sur la question. Et de retour à Conakry, je me ferai le plaisir de rencontrer Dr Fodé Oussou pour qu’on déblaie le terrain pour discuter de comment il faut faire pour que la classe politique guinéenne montre une capacité de responsabilité, une plus grande maturité, un plus grand désintérêt pour des égos personnes en mettant en avant l’intérêt du pays. Là, je suis tout à fait en phase avec lui sur ce côté-là et je salue sa déclaration.

Le Garde des Sceaux annonce l’envoi d’une mission rogatoire au Sénégal pour entendre Cellou Dalein Diallo dans le dossier Air Guinée. Qu’en pensez-vous ?

Non, je n’ai pas de commentaires, parce que, ça serait s’immiscer dans un processus judiciaire. Il n’est pas du tout de bon aloi lorsqu’on s’exprime sur des questions judiciaires. C’est une question judiciaire pendante, que le droit soit dit, que le droit s’applique dans le respect de la présomption d’innocence.

Au Liberia, le candidat sortant George Weah a reconnu sa défaite face à un opposant. Comment analysez-vous l’issue de cette élection ?

Je salue l’exemple libérien. Je salue l’attitude chevaleresque et responsable de Mister Weah. Je lui dis bravo. Il montre qu’il y a une capacité de s’élever. La présidence est une chose, la vie politique est autre chose. La vie d’une responsable peut être multiple. George Weah, en faisant le bonheur des africains à travers son ballon d’or, est en train aussi de marquer un autre challenge, en montrant une attitude qui permet aux africains d’espérer que la démocratie n’est pas en panne en Afrique de l’ouest, mais qu’il y a des aléas et que le processus continue. Je dis bravo à George Weah, bravo aux libériens qui ont montré une maturité et une responsabilité avec un résultat très étriqué.

Ceci est une leçon pour nous en Guinée. Il faut que nous puissions être dans une dynamique susceptible de restaurer la paix, de restaurer la confiance, de restaurer la confiance aux votes et aux processus constitutionnels de la démocratie qui peut permettre d’apporter la paix, la cohésion, la fraternité, l’équité et le développement. La Guinée doit s’inspirer de cela.

 

A suivre…

Dansa Camara

Pour Africaguinee.com

Créé le 27 novembre 2023 13:05

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