Bah Oury : « On doit organiser un nouveau congrès au niveau de l’UFDG… » (Interview)

Bah Oury

CONAKRY- Malgré son exclusion de l’Union des Forces Démocratiques de Guinée, Bah Oury ne sent pas vaincu. L’ancien vice-président de la principale formation politique de l’opposition guinéenne vient de dévoiler sa stratégie de combat contre ce qu’il a qualifié de « petit clan » qui veut prendre le parti en otage. Outre la bataille judiciaire qu’il entend mener pour dénoncer son « exclusion » du parti, Bah Oury réagit aux accusations dont il a été victime de la part de certains cadres de l’UFDG…Exclusif !!!

 

AFRICAGUINEE.COM : Monsieur Bah Oury bonjour !

BAH OURY : Bonjour Monsieur Diallo !

Vous aviez annoncé une série de plaintes que vous entendez déposer contre des cadres de l’UFDG, où en êtes-vous ?

Les dossiers sont en cours de préparation. Les avocats sont en train d’y travailler et au plus tard d’ici la fin de la semaine tout sera bouclé pour que la plainte contre X pour tentative d’assassinat sur ma personne, la plainte pour diffamation et accusation d’être porteur d’une arme et d’avoir tiré sur le journaliste, la plainte pour diffamation relative aux 200.000 euros que Cellou Dalein a dit que j’ai reçus du président Alpha Condé pour détruire l’UFDG, la plainte par rapport à l’exclusion illégale de Bah Oury du parti dont il est le fondateur et la plainte relative à la charte des partis politiques, soient déposées.

A votre retour en Guinée vous aviez soutenu que vous avez manqué de soutien de la part de l’UFDG depuis votre exil, or, récemment, Ousmane Gaoual Diallo, a révélé que vous ne receviez pas moins de 2.000 euros par mois venant du parti. Qu’en est-il ?

Je ne commente pas les déclarations de ce député parce que ça n’en vaut pas la peine. No comment.

Que comptez-vous faire désormais concrètement après votre exclusion de l’UFDG ?

Bah Oury n’est pas exclu de l’UFDG. Certains ont montré ce qu’ils veulent. Les masques sont tombés, ils ont pris cette décision de la manière la plus illégale en violant les statuts du parti et en violant les résolutions du congrès de l’UFDG. Mais ils sont allés plus loin en tentant d’assassiner Bah Oury. Et aujourd’hui ils ont entre les bras des problèmes judiciaires  qui vont dans une large mesure rétablir la vérité et montrer à la face du monde à qui on a affaire dans ce cas. Avons-nous affaire à des politiques ? Ou avons-nous affaire à des criminels ?

Les contradictions politiques au sein de l’UFDG ont pris des tournures tragiques et judiciaires. La réconciliation n’est-elle pas compromise à jamais ?

Le parti n’est pas mêlé à cette affaire. L’institution UFDG n’est pas mêlée à cette affaire. Il y a un petit clan qui veut prendre l’institution en otage et qui veut apparaitre comme s’il parle au nom de l’UFDG. C’est un petit clan qui a fait tomber ses masques. Aujourd’hui, il doit répondre de tous ses actes notamment du meurtre du journaliste et la tentative d’assassinat sur Bah Oury, ainsi que les autres plaintes qui sont formulées. Donc, l’institution politique n’a rien à voir à ce niveau. Il y a un groupe qui veut prendre en otage l’institution, mais on fera tout pour que le parti soit assaini et qu’il redevienne un parti où les principes démocratiques sont respectés pour être la colonne vertébrale de l’action qui nous permettra de faire en sorte que notre pays sort de la misère. Peu importe les individualités. Mais l’institution politique demeurera. Je mettrai toute mon énergie, ma détermination et mon expérience au service de ce combat parce qu’il vaut la peine d’être engagé. C’est l’avenir de l’UFDG qui est en jeu, c’est l’avenir de la démocratie et c’est l’avenir de la Guinée.

Vous avez lu la déclaration du forum des cadres du parti. C’est pour vous dire que dans ce combat, il ne s’agit pas d’un combat individuel, c’est un combat d’une collectivité humaine qui s’engage pour que l’UFDG puisse être en adéquation avec les aspirations et les besoins de la grande majorité de la population guinéenne.

Avec quels moyens comptez-vous-y arriver concrètement ?

Je pense qu’il y a d’abord un problème judicaire. Il faut que ce problème judicaire soit la manière la plus diligente et transparente prise en compte et que les responsabilités soient situées pour éclairer aussi bien l’opinion nationale qu’internationale, sur les mobiles, les commanditaires, les exécutants de l’assassinat et la tentative d’assassinat sur Bah Oury. Il faut que cela soit clarifié par la justice de manière objective et transparente.

Ensuite, d’ici là, ça nous permettra de voir l’évolution de la situation, l’évolution des besoins internes au niveau de l’UFDG pour préparer indiscutablement de la manière la plus large possible un congrès extraordinaire pour mettre une nouvelle direction, de nouveaux objectifs pour que le parti fasse ce qu’il a à faire. C’est cela que certains ne voulaient pas. C’est pour cela ils cherchent à tricher, à mentir, à assassiner, mais ils ne peuvent pas étouffer la volonté de changement qui anime une très grande majorité des militants et des cadres de l’UFDG. De ce point de vue, je suis avec eux et je combattrai pour que l’UFDG continue correctement sa route. Ceux qui sont obligés de céder le pas, ça fait partie de l’histoire. Ce qui est important, est que l’UFDG, en termes d’institution soit une institution forte, démocratique. On se donnera les moyens pour y parvenir. Et je sais que nous allons y parvenir.

Parler de démocratie et vouloir remettre en cause les organes du parti élus démocratiquement, n’est-ce pas un gros paradoxe M. Bah Oury ?

Non ! Vous savez, lorsqu’il y a une forfaiture grave, une trahison des principes et une volonté d’empiéter sur les règles démocratiques, il va de soi qu’il faut faire appel à une situation extraordinaire. Le président Nixon (Etats-Unis) à cause de l’affaire du Watergate a été démis de ses fonctions. Pourtant son mandat n’était pas terminé. Donc, dans le cas d’espèce, la situation est extrêmement grave. Il y a eu meurtre d’un journaliste, il y a eu tentative d’assassinat sur la deuxième personnalité du parti par la garde rapprochée de Cellou Dalein. Ça ce n’est pas une petite affaire. La justice doit trancher cela parce que sinon, c’est la criminalisation totale des activités des partis politiques en Guinée. Et à ce moment-là, la Guinée sera pour trop longtemps dans le désordre. Pour notre avenir, l’avenir de nos jeunes, nous ne devons pas permettre que ces méthodes prospèrent en Guinée.

De l’autre côté, le camp de Cellou vous reproche la même chose M. Bah. A quel scenario assiste-t-on là ?

Peu importe ! L’essentiel est que la justice fera ce qu’elle a à faire. Je souhaite que la justice fasse les choses de manière transparente. Ce que les adversaires qui ont des comportements criminogènes (disent) ne m’intéresse pas. Ils  sont prêts à tout pour sauvegarder leur petit poste, en tuant. Comme nous l’avons constaté par le passé, la Guinée a été en proie à beaucoup de crises où beaucoup de nos valeurs, beaucoup de personnes les plus illustres de ce pays ont été éliminées parce qu’il y avait d’autres qui pensaient que le maintien en vie de ces personnes allait porter ombrage à leur petit destin mesquin. De ce point de vue, je vais être clair. Le combat que nous menons n’est pas un combat personnel de Bah Oury.

C’est le combat d’une vision nouvelle pour permettre à la Guinée de sortir de ce cycle infernal de violence politique qui est entretenu par une certaine catégorie qui ne veut pas se départir des méthodes anciennes, dictatoriales que nous avons connues et qui font que la Guinée, depuis l’indépendance est dans une situation de crises permanentes, de dérives dictatoriales. Ce n’est pas l’apanage d’un petit groupe particulier. C’est une question de société importante. Et je pense que beaucoup de guinéens commencent à comprendre les dessous de ce mécanisme qui fait que la Guinée n’est pas encore sortie de l’auberge depuis « 58 ».

Voyant la tournure des évènements ne peut-on pas dire que l’avenir politique de Bah Oury voire de l’UFDG est un peu mis à mal ?

L’avenir politique de Bah Oury c’est une chose. Aujourd’hui, ceux qui  se disent être à la tête de l’UFDG, ils ont terriblement terni l’image de l’UFDG, tant sur le plan national qu’international. La détérioration de l’image de l’UFDG, c’est une question. Les militants se prononceront tôt ou tard par rapport à la responsabilité de ceux qui ont fait que l’UFDG apparait de la manière la plus négative aux yeux d’une certaine opinion.

Par rapport à l’avenir politique de Bah Oury, mais Dieu m’a sauvé ! Dieu continue de me sauver, et Dieu me sauvera encore. Et je remercie mille fois Dieu parce que je sais qu’avec d’autres, nous sommes porteurs d’un vaste projet qui fera avancer notre pays pour l’intérêt de tous. Et le combat ne fait que commencer dans ce cadre.

Aujourd’hui, l’opinion s’étonne beaucoup de votre changement de ton brusque à l’endroit du régime d’Alpha Condé. Et des rumeurs disent que vous avez négocié un deal politique avec le Chef de l’Etat que vous avez caché à vos partenaires de l’UFDG. Qu’en dites-vous ?

(Rires !!!) De toutes les façons, vous savez, c’est trop facile de dire que j’ai quelque chose à cacher. Ils n’ont qu’à donner les preuves du deal. S’il y a deal c’est par rapport à une convergence sur la nécessité que la Guinée s’engage dans une profonde décrispation politique pour l’intérêt de tous. Un premier pas qui est lié à cette possibilité d’être aujourd’hui dans mon pays, est franchi,  d’autres pas restent à faire. Parce que comme je l’ai dit, les personnes pour lesquelles j’avais discuté avec le président Alpha Condé, sur la nécessité de voir pour que tout le monde puisse être élargi, ce sont des questions qui m’intéresse au plus haut point. Je me sens solidaire avec leur souffrance et leur privation de leur liberté. Ce n’est pas maintenant parce que je suis en Guinée que je dois agir comme si ces personnes sont oubliées. Au contraire ça fait partie d’un de mes objectifs. Et je souhaite qu’en Guinée, qu’il n’y ait plus de détenus politiques. C’est le militant des droits de l’homme qui parle, mais aussi c’est le militant engagé pour la défense de la liberté de tous pour qu’on puisse construire une autre façon plus consensuelle, plus civilisée, plus conviviale  de vivre nos contradictions politiques, nos divergences au lieu que ça soit toujours une vision catastrophique de guerre civile larvée.

Notre pays doit dépasser ce cap. Nous devons nous mesurer aux autres, les plus performants du continent.   Ce n’est pas parce que les potentialités ne sont pas là, ce n’est pas parce que les ressources humaines ne sont pas là, c’est parce qu’il y a une petite poignée d’hommes et de femmes qui veulent maintenir cet état de blocage de la Guinée. Nous devons débloquer ce pays pour qu’il puisse reprendre sa marche en avant, et nous allons y réussir parce que la très grande majorité des jeunes et des femmes qui aspirent à une autre modernité le souhaite. Notre devoir c’est de travailler dans ce sens. A mon niveau et au niveau de l’UFDG, je me donne les moyens coûte que coûte y compris au péril de ma vie pour que l’UFDG soit un contrepouvoir efficace. C’est-à-dire une opposition constructive, crédible, responsable qui va préparer l’alternance et l’alternative démocratique dont la Guinée a besoin. Ceux qui sont à contrecourant de cette volonté, n’ont qu’à raconter ce qu’ils veulent. Mais ils ne peuvent pas arrêter la marche du temps, qui est devenue irrésistible.

Quand est-ce que comptez-vous reprendre vos activités politiques au sein de l’UFDG ?

Pour le moment, il y a une question judiciaire, il y a un meurtre, il y a une tentative d’assassinat. Cela doit être élucidé pour que les responsabilités soient situées et que les sanctions pénales soient appliquées avant de parler de ceci ou de cela. La situation est suffisamment tragique. 

Monsieur Bah Oury merci!

C’est moi qui vous remercie!

 

Interview réalisée par Diallo Boubacar 1

Pour Africaguinee.com

Tel : (00224) 655 31 11 12

  

Créé le 22 février 2016 09:43

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