Route Labé-Mali : bienvenue dans « l’enfer » de Mbagou…

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MALI- La préfecture de Mali risque un drame humanitaire. Si rien est fait dans les prochains jours, les populations de cette localité située à 120 km de la commune urbaine de Labé vont être complètement isolées.

Contrairement aux images qui avaient été présentées par la direction régionale des travaux publics de Labé, les voyageurs en provenance ou en partance pour Mali souffrent le martyr. Des voyageurs malades, exaspérés par cette longue traversée à cause de l’état de la route, sont obligés de traverser Mbagou à la nage. La déviation qui avait été aménagée a été emportée par les eaux. Le lieu est devenu un cauchemar pour les voyageurs. 

 

Ils sont des centaines de personnes qui souffrent tous les jours à cause de l’arrêt des travaux au niveau de ce pont. La déviation de fortune qui avait été aménagée a été emportée par les eaux. Les usagers de la route vivent un véritable enfer au niveau de ce point de passage. Des passagers malades, des familles qui vont ou rentrent des vacances, des transporteurs, des commerçants pataugent dans cette galère sans fin. Des jeunes rabatteurs deviennent les maitres des lieux en imposant des montants élevés pour la traversée. Manque d’eau potable, de nourriture saine, de toilettes exposent les voyageurs à des risques énormes de santé. 

Bloqué à  Mbagou avec sa famille,  Abourahmane Diallo venu de la Hollande pour passer quelques jours de vacances dans la grande famille à Mali explique son calvaire.  « C’est le jeudi  passé que nous sommes allés à Mali dire bonjour à la famille. Ce jour il y avait moins d’eau, mais aujourd’hui à notre retour l’eau est partout. Pourtant nous voulons rejoindre Conakry le plus vite pour retourner en Europe. Traverser ici est un véritable calvaire. Certains sont là depuis l’aube. Ce que j’ai vu ici est inimaginable. Je suis là avec ma femme et mes 5 enfants depuis 3 heure. Il est urgent que ce pont soit réparé, même avec ça le problème est loin de finir sur cette route. Tous les ponts sur cet axe ont été faits en période coloniale ou au temps de Sékou Touré. Donc tout est vétuste. Ces ponts aussi peuvent céder à tout moment », se plaint M. Diallo.

Complètement éprouvé, Ibrahima Sory Diallo, chauffeur qui a déjà passé plusieurs jours à MBagou, se demande comment quitter cet enfer. « Je ne vois pas encore le sérieux fait au niveau de ce pont. C’est une véritable torture pour les usagers. Depuis l’année dernière les travaux sont entamés si c’était sérieux le Gouvernement aurait fini mais Mali est une préfecture abandonnée en Guinée. À l’heure qu’il fait quoiqu’il arrive on ne peut décrire réellement la souffrance des chauffeurs et des passagers ici. On plonge dans l’eau avec tous les risques du monde. Beaucoup de véhicules se bloquent dans les eaux. Même la semaine dernière c’est un camion qui a failli couler. Ici on enchaine ton véhicule on le tire et toi aussi tu accélères avec toute la vitesse possible. Parfois tu passes, le plus souvent les véhicules coulent ou s’éteignent dans les eaux », raconte ce chauffeur. 

Couchée sous un arbre à 13 heures Hadja Mariama Diaka est malade hypertendue. Elle se rend à Labé pour des soins mais l’attente dure des heures encore. « J’ai des complications avec ma tension, je me rends à Labé pour des contrôles et des soins mais nous sommes dans l’impossibilité pour le moment faute de route. Depuis 7h du matin nous sommes là. On m’a fait traverser la rivière, mais le véhicule reste de l’autre côté encore de la rive, j’ai peur avec mon état de santé que Dieu m’aide », se plaint cette passagère malade. 

Témoin de cette scène hors du commun, Souaré Alhassane est dans la tourmente. « Vraiment ici la situation est trop dure, depuis 8 heures nous sommes là. Vous voyez comment les choses se passent, le matin les eaux étaient montées, on était obligé d’attendre qu’elles baissent pour qu’on tire les véhicules. Heureusement il ne pleut pas. Il y a des malades bloqués avec nous ils n’ont pas le choix. Parfois on fait traverser les passagers alors que les véhicules sont de l’autre côté, ou bien les véhicules passent et les passagers à l’autre rive. Il y a même eu un véhicule qui transporte un corps ici, il fallait payer de l’argent pour faire traverser le corps. Je demande aux autorités guinéennes de faire face à cette situation très dure pour Mali, sinon la route peut se couper définitivement. Imaginez les conséquences pour la circulation des personnes et de leurs biens. Ça risque de créer des crises alimentaires », prévient cet autre voyageur.

Le malheur des uns fait le bonheur des autres nous dit-on ! Depuis que les eaux ont surplombé la déviation de Bagou, faire traverser les véhicules, les motos et les personnes constitue une activité lucrative pour bien des jeunes. Et le prix monte à tout moment sans état d’âme. Alpha Oumar Fougou dit Woulourè Power est l’un d’eux.  « Ils ont relégué Mali  au second plan, un véhicule paye 200,000 gnf, une moto à 50.000gnf, une personne à 15000 gnf, on porte les gens au dos ou les soulève pour les faire passer. Mais si on vous tient juste les mains pour bloquer les vagues vous marchez vous-mêmes vous payez 5000gnf. Une personne a failli se noyer ici, difficilement il a été sauvé», raconte ce jeune

Au moment où nous quittions les lieux, ces tarifs connaissaient des hausses fantaisistes, chaque groupe fixait le prix comme  bon lui semble et les passagers coincés sont contraints d’obéir. Le problème à Bagou n’est pas seulement lié au passage des personnes. Des risques énormes de maladies hydriques guettent les gens. Il n’y a pas de nourriture ni d’eau potable, les passagers font recours à l’eau de l’unique source qui est dans les parages. Tout le monde s’y bouscule. 

Amadou Mouctar, fonctionnaire à la retraite résident au Sénégal qui craint des maladies dans la zone dénonce cet état de fait. « La souffrance qui est là ne date pas d’hier, Mali n’a pas de route, la construction de ce pont a beaucoup retardé, on ne travaille pas. Que l’Etat répare  la route afin que les véhicules traversent, transportent des  denrées alimentaires pour nos populations. Mais je ne vois aucune aide, chacun remplit ses poches et nourrit sa famille sans faire ce qu’il faut. Nous avons peur de contracter des maladies ici, tout le monde est exposé ici notamment des enfants. Même des dépouilles mortelles sont arrivées ici sans trouver facilement une issue, c’est grave dans un pays, il n’y a pas de latrines, tout le monde est obligé de faire son besoin dans la brousse. Africaguinée merci d’être venu comprendre notre souffrance ici, nous vous souhaitons longue vie et bonne santé », formule ce fonctionnaire à la retraite. 

Pendant la traversée, plusieurs  véhicules sont tombés en panne car une quantité importante d’eau est rentrée dans les moteurs. Maitre Abdoulaye Bah Fougou, chauffeur dénonce. « Qui pour répondre à notre souffrance ? Les gens souffrent de part et d’autre sans solution, nous avons des passagers ici, certains vont au Sénégal, à Manda, à Banjul, d’autres à Labé, à Conakry. Nous souffrons, regardez combien de véhicules ont pris l’eau ici, des moteurs irréparables. Le moteur d’un minibus c’est autour de 3 millions et pour celui d’un 505 c’est 12 millions. Tous ces véhicules-là sont foutus. Depuis 6h du matin les gens sont là sans traverser, sans gagner à manger. Il faut que les autorités se réveillent  sinon c’est la souffrance qui se prolonge », martèle ce transporteur.

Cette situation difficile au pont de MBagou rappelle celle de Linsan l’année dernière ou des femmes en état de famille ont perdu la vie, des corps en cours de rapatriement ont été inhumés sur place faute de route. Et des marchands ont profité de la situation pour faire de la surenchère

Pour le cas de Mali, outre le pont de Bagou, beaucoup d’autres ouvrages de franchissement risquent de céder à tout moment. A plusieurs endroits on retrouve des ponts qui sont dans un état vétusté très poussé. 

Alpha Ousmane Bah(AOB)

De retour de Bagou

Pour Africaguinee.com

Tel. (+224) 664 93 45 45 

Créé le 29 juillet 2019 11:40

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