Projet Simandou : Samuel Gahigi, Directeur Général de Rio Tinto Guinée se confie à Africaguinee.com… « Interview »

CONAKRY- Samuel Gahigi est le Directeur Général de Rio Tinto Guinée. Dans un entretien accordé à Africaguinee.com, ce haut dirigeant de la multinationale anglo-australienne est revenu sur les derniers développements enregistrés dans le processus de mise en œuvre du projet Simandou. Il présente le bilan de l’année écoulée mais aussi les perspectives pour l’année 2024. Samuel Gahigi lève aussi un coin du voile sur le niveau de mobilisation des investissements ainsi que les huit accords signés en décembre dernier entre Rio Tinto Simfer, WCS et le gouvernement guinéen. Interview exclusive.

AFRICAGUINEE.COM : Simandou représente un enjeu stratégique, tant pour Rio Tinto que pour la Guinée. Quel bilan tirez-vous des activités réalisées par votre société au cours de l’année 2023 dans le cadre de la mise en œuvre du projet ?

SAMUEL GAHIGI : L’année 2023 a été structurante pour le projet. Nous avons signé pas moins d’une dizaine d’accords avec le Gouvernement de la République de Guinée et Winning Consortium Simandou (WCS) pour structurer la Compagnie du TransGuinéen (CTG). Parmi eux se trouvent trois accords qui revêtent une importance capitale : le pacte d’actionnaires signé en mars, les accords fondateurs d’août et les accords d’investissements de septembre. Ces signatures successives soulignent notre engagement indéfectible en faveur du développement des infrastructures minières, ferroviaires et portuaires de Simandou.

En parallèle, nous avons réalisé d’incroyables progrès sur l’ensemble de nos chantiers depuis la reprise des travaux en mars. Au niveau de la mine, nous avons finalisé la 1ère phase de rénovation de notre base de Canga Est, lancé la construction d’une nouvelle base-vie et construit de multiples infrastructures clés : routes de roulage, convoyeurs, bassins de rétention de 10 000 m3 et 25 000 m3, station de gasoil de 3,5 millions de litres… Du côté de l’embranchement ferroviaire, nous avons construit 4 bases-vie pouvant accueillir 1 600 travailleurs, finalisé le programme d’acquisition de terres et mené les travaux de déblayage nécessaires sur 38,3 km. Enfin, au niveau du port, nous avons finalisé nos études géotechniques préparatoires. 

Des étapes clefs ont été franchies l’an dernier. Parmi elles notamment, la signature de l’accord officialisant la mise en place de la coentreprise devant assurer le développement et la gestion du trans-guinéen, mais aussi la signature de l’accord d’investissement qui est un autre défi majeur. Où est-ce qu’on en est dans la mobilisation des 15 milliards nécessaires à la construction des infrastructures ?

Les besoins en capitaux initiaux de Rio Tinto Simfer pour le projet Simandou sont estimés à environ 11,6 milliards de dollars. Comme vous le savez, Rio Tinto Simfer est une coentreprise entre le groupe Rio Tinto, qui en détient 53 % et CIOH, qui en détient 47 %. La part des investissements en capital restant à dépenser pour Rio Tinto à compter du 1er janvier 2024 devrait s’élever à 5,7 milliards de dollars. Ce qu’il faut retenir, c’est qu’en 2023, nous avons accéléré de manière exponentielle nos investissements. Entre janvier et novembre, nos dépenses d’approvisionnement se sont élevées à 686 millions de dollars, dont 345 millions dépensés auprès d’entreprises guinéennes (contre 42 millions sur toute l’année 2022). Cette accélération se poursuivra en 2024.

L’accélération du projet est certes indéniable. Mais on n’a l’impression qu’il existe encore des points en suspens au point que le 23 décembre dernier de nouveaux documents ont été signés entre l’Etat guinéen et ses partenaires dont Rio Tinto. Qu’en est-il ?

Bien au contraire. La signature de ces 8 nouveaux accords en décembre démontre comment tous les partenaires de cet ambitieux projet restent déterminés à le concrétiser, dans un esprit d’effort collectif. Simandou est gigantesque et il n’existe pas d’autre projet de cette ampleur en cours de développement en Afrique. À la construction des mines de Rio Tinto Simfer et WCS s’ajoutent les 670 km de voie ferrée et le nouveau port à Morebaya pour la CTG. Un projet si complexe nécessite l’élaboration de multiples accords juridiques. Si les pièces les plus importantes de cet ensemble ont été signées en 2023, Rio Tinto Simfer, WCS et le gouvernement guinéen ont l’intention de poursuivre leurs efforts en 2024 pour faire de Simandou une réalité.

Pourriez-vous nous en dire un peu plus sur les accords signés ?

Il s’agit principalement de pactes d’actionnaires et d’accords de services entre plusieurs structures juridiques créées afin de réaliser la CTG. Lors des discussions avec nos partenaires, nous nous sommes accordés d’une part sur de nombreuses modalités d’ordre légal nous permettant de réaliser les investissements et la construction des infrastructures de la CTG, et d’autre part sur la manière dont ces infrastructures seront opérées une fois la CTG lancée.

Au regard des avancées enregistrées, la production pourrait-elle effectivement commencer en 2025 ?

Avec nos partenaires, nous avons estimé l’entrée en production du minerai de fer de Simandou à 2025 réalisable et nous mettons tout en œuvre pour que ce soit le cas. Dans les mois à venir nous allons inaugurer plusieurs nouvelles infrastructures clés dont la construction a été lancée en 2023. Nos nouvelles bases-vie, pouvant accueillir 5 000 lits et indispensables à la bonne exécution du projet, sont sur le point d’être achevées. Nous commençons tout juste la construction d’un tunnel de plus de 900 mètres pour notre ligne d’embranchement ferroviaire et inaugurerons bientôt les principales routes de roulage jusqu’au sommet d’Ouéléba. Nos efforts nous conduiront jusqu’au port de Morebaya, où les pieux seront expédiés et installés au cours du premier trimestre 2024.

Quelles sont les perspectives pour Rio Tinto en 2024 pour la concrétisation du projet ?

L’année 2024 sera marquée par une accélération significative des travaux de construction sur l’ensemble de nos infrastructures minières, ferroviaires et portuaires. Pour cela, nos équipes, qui sont actuellement composées de 85 % de Guinéens, vont continuer à croître fortement. Lors de cette phase, la sécurité restera notre priorité absolue. Nous souhaitons également que 2024 soit synonyme de prospérité et apporte des changements significatifs pour les communautés guinéennes. Pour cela, nous allons poursuivre notre politique de contenu local soutenue à travers le renforcement des capacités du Centre de Formation Professionnelle de Beyla (qui formera jusqu’à 400 jeunes Guinéens chaque année) et l’octroi de nouveaux contrats à des entreprises guinéennes (qui sont déjà plus de 300 à travailler à nos côtés). Notre équipe dédiée au développement économique régional continuera également à identifier et mettre en œuvre des programmes de développement économique et social tout le long du corridor de prospérité du TransGuinéen. Tout ceci est nécessaire pour façonner un avenir prospère pour tous.

Entretien réalisé par Boubacar 1 Diallo

Pour Africaguinee.com

Créé le 22 janvier 2024 08:27

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