Koubia : sur les ruines de la résidence de feu général Lansana Conté, vandalisée lors des évènements de janvier-février 2007…

KOUBIA-A Koubia, ville sainte située dans la région administrative de Labé, en Moyenne Guinée, la résidence privée de feu général Lansana Conté (1984-2008) ressemble à une villa fantôme. Pourtant, le reste du bâtiment R+2 prouve que le propriétaire n’avait aucunement lésiné sur les moyens pour bâtir une infrastructure digne de nom.

Jusque-là le plan de la bâtisse résiste à l’isure du temps et garde son esthétique d’antan. L’ingénieur et entrepreneur Italien Guido Santullo avait usé de toute son ingéniosité et de toute son habileté pour sortir une imposante infrastructure. Elle est située au quartier Missidè, à 2 pas de la mosquée centrale de Koubia. Le coin sera appelé plus tard Conteyah, par les militaires.

Avant d’être pillée lors des évènements de janvier-février 2007, Koubia se faisait un nom à travers cette somptueuse résidence. Les Koubiaka notamment les riverains regrettent l’état actuel du bâtiment. Le président paysan avait choisi Koubia comme sa zone spirituelle et s’était déclaré fils de sa centaine de villages « vénérés ». Des contrées dans lesquelles le général Conté a marché pieds nus en signe de respect aux érudits et a partagé des repas à la main avec des talibés (disciples).

Hélas, en 2007, lors que son régime a vacillé, la colère l’a emportée sur la raison. Sa résidence a été complètement vandalisée. Le regret est assez profond aujourd’hui chez les Koubiaka. Leur souhait le plus ardent est la réhabilitation de ce palais qui pourrait accueillir des hôtes surtout que la préfecture ne dispose d’aucun hôtel.

De loin, ce qui reste de l’immeuble attire. Tout près, l’on découvre la réalité saisissante : des murs revêtus d’une sévère couche de salissure, des plâtres défoncés, des pots de toilettes et accessoires arrachés, des tables à manger à terre, portes et fenêtres disparues, des crottes de chèvres et de bouse de vache par endroit, des vitres brisées. Les meubles emportés des carreaux emportés sous l’effet d’une colère agressive. Le décor est frappant. Reportage sur les ruines de la résidence présidentielle de Koubia.

Houssainatou Cissé est nostalgique de cette résidence. Elle était élève quand chacun tenait à visiter le bâtiment. Aujourd’hui, elle est mariée et est mère de plusieurs enfants. Elle se souvient avec peine :

« Quand nous étions élèves à l’école primaire de Misiidè, on partait souvent puiser de l’eau à la résidence du président Conté. C’est vers la fin que je me suis rendue compte que c’est la maison de l’ancien président. Quand j’ai appris qu’elle a été vandalisée, cela m’a profondément touché. Je me souviens de certains présumés auteurs qui avaient été mis aux arrêts.

Notre souhait aujourd’hui est que cette maison soit réhabilitée, nous saurons loger des hôtes ou tenir des cérémonies. Nous n’y allons plus. Nous sollicitons l’attention de l’Etat et de la communauté pour la réhabilitation de cette résidence », plaide Houssaina Cissé, habitante de Koubia.

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Ibrahima Sory Barry, agent de santé à la retraite est rentré chez lui à Koubia en 2015. Le doyen regrette que les citoyens de la préfecture soient faits emporter par la colère au point de mettre ce patrimoine à sac :

« Lorsque j’étais en service ailleurs, tous les ressortissants de Koubia brûlaient d’envie de rentrer pour voir cette résidence construite par le président Conté. Un moment, cela m’a rendu fier de ma préfecture. J’avais même demandé un moment une mutation pour rentrer chez moi pendant que le bâtiment était en chantier. Aujourd’hui, je suis écœuré de le voir en ruine. Cela met mal à l’aise beaucoup de citoyens de Koubia. Cette situation est arrivée en 2007 lors des mouvements de grève organisés par le Syndicat. Koubia a été trompé pour que nous basculions dans la grève aussi.

Dans certaines préfectures, les gens ont dit : comme vous à Koubia, vous avez un fils qui est Lansana Conté, vous refusez de faire la grève chez vous. Et hop, des enfants ont été emportés, ils ont détruit ce qu’il y avait de précieux chez eux. Finalement nous sommes revenus au même niveau que les autres. Que le gouvernement du président Doumbouya y pense afin qu’on transforme les lieux en logements. Le bâtiment est toujours résistant ; c’est des petits détails qu’il faudra régler » renchérit Ibrahima Sory Barry, agent de santé à la retraite.

Néné Mbalou Seck est devenue Thierno après avoir obtenu sa couronne coranique. Griotte de son état, elle vivait à l’étranger quand elle a eu vent de la construction de cette résidence. La réhabilitation de l’Infrastructure lui tient à cœur :

« Bienvenue à vous à Koubia. Je prie Dieu que votre séjour chez nous soit une ouverture pour la restauration de ce bâtiment. Si cette maison est rénovée, ce serait un salut pour Koubia. Quelle que soit la dimension de notre hôte, cette résidence pourra l’accueillir sans que nous ayons honte. L’actuel président de la République, c’est un homme d’honneur, toute promesse qu’il tient, il réalise.

Nous le prions de réhabiliter ce bâtiment, nous prions le bon Dieu qu’il le grandisse davantage afin qu’il ait le courage de nous refaire cette maison. Que Dieu bénisse Koubia et toute la République de Guinée. J’étais en Côte-d’Ivoire quand cette maison a poussé ici ; c’est de là-bas que j’ai eu les échos. A mon retour, la résidence était toujours imposante, nous voulons qu’elle retrouve cette image », plaide Thierno Mbalou Seck.

Notre reporter Alpha Ousmane Bah, arrêté dans la cour de la résidence en ruine

La mairie de Koubia et certains citoyens avaient entamé des démarches dans le but de réhabiliter le palais, hélas ils n’avaient pu réussir cette mission faute de moyens financiers. Depuis ils veulent un appui.

Mamadou Saliou Baldé, vice-président de la délégation spéciale de Koubia lance un plaidoyer pour sa réhabilitation :« La résidence de feu général Lansana Conté est un joyau pour Koubia. C’est l’une des plus grandes infrastructures qui existent ici. Un moment, nous avons mis la mairie à contribution pour entrer en contact avec la famille du président Conté afin d’avoir l’autorisation d’utiliser la maison et qu’on essaye de la restaurer pour au moins accueillir les hôtes. Vous devez savoir que Koubia n’a pas d’hôtels, la villa n’est pas opérationnelle. Donc nous sommes dans le besoin, il faut que la villa soit réhabilitée ne serait-ce que pour héberger des missionnaires et des délégations au besoin.

Nous demandons l’implication du ministère de la Culture et de l’hôtellerie pour rénover cette villa, elle nous servira à quelque chose de bien. Toutes les missions à destination de Koubia sont obligées de repartir (aussitôt) passer la nuit à Labé faute de logement sur place. C’est une très grande villa avec beaucoup de pièces qui peuvent accueillir suffisamment de monde.

C’est un cri de cœur pour nous. Nous souhaitons l’implication de tous pour retoucher cette villa que ça soit l’Etat ou des particuliers pourvu que la maison soit refaite. Ça va servir énormément Koubia vraiment » plaide le vice-président de la délégation spéciale, Mamadou Saliou Baldé.

Actuellement, un P A (poste d’appui armé) monte la garde et occupe les annexes de la résidence pour veiller sur la propriété. L’endroit sert également à passer des messages radios.