Immigration: Comment vivent les guinéens en Algérie?

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ALGER- Quelle est la situation réelle des guinéens vivant en Algérie ? Engagés dans un long trajet d’aventure, certains parmi eux se retrouvent « bloqués » en Algérie.  Le Dr Mohamed Tafsir Baldé, président de l’union des ressortissants guinéens en Algérie, revient ici sur les conditions de vie de ses compatriotes, la situation des immigrés clandestins, et leurs relations avec les autorités de l’Ambassade de Guinée à Alger. Exclusif !!!

AFRICAGUINEE.COM : Dr Mohamed Tafsir Baldé !

MOHAMED TAFSIR BALDE : Oui bonjour !

Comment se porte la communauté guinéenne en Algérie ?

Ici en Algérie, les guinéens étant conscients de leur situation de vie en dehors de la Guinée, sont confrontés à un certain nombre de problèmes tels que les conséquences de l'aventure mais ils vont bien.

De nombreux guinéens se trouveraient dans des situations très difficiles. Ces derniers regrettent d’ailleurs le manque de collaboration entre la communauté guinéenne et les autorités au niveau de leur ambassade. Confirmez-vous ces informations ?

C’est vrai, nos compatriotes traversent des conditions de vie difficile étant rentrés dans la clandestinité dans un pays où il faut entrer avec un visa, ceci constitue déjà un problème lié à leur intégration. Si on vous dit que l'Ambassade ne réagit pas, je dirais que c’est plutôt le contraire. En tant que Président de la communauté guinéenne, je suis mieux placé pour répondre à cette question : L'Ambassade de Guinée en Algérie a ouvert ses portes à tous les ressortissants guinéens de toutes les couches socioprofessionnelles et elle reçoit sans audience le Bureau de l'U.R.G. A (Union des Ressortissants Guinéens en Algérie).

Avez-vous une idée sur le nombre de guinéens en situation irrégulière vivants en Algérie ?

Le nombre réel de guinéens en situation régulière en Algérie ne peut être connu avec exactitude et ne concerne que les étudiants boursiers (150 environs pour l'année passée et une trentaine de nouveaux pour cette année) et quelques anciens étudiants ayant terminé leur cursus universitaire qui sont restés pour suivre des formations privées ou stages (une dizaine environ).

Et les guinéens ne disposant pas de documents légaux ils sont au nombre de combien ?

Les guinéens qui ne disposent pas de papiers sont très nombreux dans le territoire algérien qui comprend 48 régions (wilaya). Ceux qui sont enregistrés actuellement dépassent les 4000 dont des mineurs mais si on parle de la frontière jusqu'à Alger la capitale, le nombre pourrait atteindre les 6000 selon les informations que j'ai reçues de source fiable.

Quel regard portez-vous sur l’immigration clandestine qui habite les esprits de nombreux guinéens ?

Tous nos compatriotes qui sont là, ont pour ambition d’aller en Europe, considérant l'Algérie comme un Pays de transit d'où un blocage pour certains et d'autres parviennent à traverser mais beaucoup perdent leur vie car c'est un grand risque. Certains quittent l'Algérie pour aller en Lybie ou au Maroc avec toute leur économie en poche pour une traversée périlleuse.

Est-ce que l’Etat guinéen vous vient en aide quelques fois ?

Lorsqu’on parle d’Etat, c’est bien sûr sa représentation ici, c’est-à-dire l’Ambassade qui possède une feuille de route liée à ses missions diplomatiques ; et nous pensons que celle-ci joue son rôle.

L'Ambassade est en bonne relation avec la Communauté guinéenne avant tout, elle organise même des réceptions lors fêtes religieuses comme ce Ramadan précédant là par exemple, on a fêté avec tout le personnel diplomatique; les guinéens qui meurent par accident de travail (dans les chantiers)ou par suite de maladie, le Bureau de l'U.R.G.A et l'Ambassade sont informés et l'Ambassade qui représente saisit directement l'autorité algérienne pour le retrait du corps et mène des enquêtes pour connaître les circonstance du décès et procède à l'enterrement ; cela se passe devant la communauté après avoir pris contact avec les parents du défunt pour avoir leur autorisation.

Ceux qui sont blessés soit par accident de travail, soit à la suite d’une agression, ou ceux qui tombent malades (dépression mentale ou autres),sont aussi assistés pour leurs soins, je le fais personnellement en tant que Médecin à chaque fois qu'il y a un problème d'un guinéen, j’informe l'Ambassade qui fait son devoir administratif, il y a d'ailleurs des guinéens hospitalisés(paralysés) suites à des accidents, nous suivons de près leur état.

En Avril passé des guinéens ont été agressés et certains arrêtés pour séjour illégal, les sans-papiers comme on le dit, mais l'Ambassade n'a pas été indifférente face à cette situation. Le cas des guinéens victimes aussi dans la région de Tamarasset, l'Ambassadeur a contacté le Ministère des Affaires étrangères d'ici afin de pouvoir protéger nos compatriotes et nous a (le consul et moi) envoyés dans cette région pour voir réellement comment vont nos frères et savoir ce qui s'est passé et apporter une assistance matérielle et la majorité ne disposait même pas de pièce d'identité.

Moi même j'ai des difficultés des fois quand je convoque des réunions car certains me disent que << comme nous n'avons pas de papiers et la carte consulaire qu'on nous donne n'a aucune valeur aux yeux de la police mais aussi on est de passage incha Allah >>.

Donc il y a des guinéens dont vous ignorez la présence ici ?

On ignore la présence de certains guinéens oui, ceux qui ne fréquentent pas du tout le milieu guinéen à plus forte raison venir dans les réunions, on ne se rend compte que lorsqu'il y a un problème, là l'intéressé se réclame guinéen; je suis en contact avec tous les responsables des autres communautés étrangères ainsi que certains diplomates lorsqu'un guinéen a un problème.

L'effort fourni pour son frère est un sacrifice, c’est humain mais certains ne reconnaissent pas aussi et cela ne m'a jamais découragé, je me suis battu pour l'U.R.G. A dont je suis le fondateur. L’objectif c’est de rassembler les guinéens et là c'est une réussite car tout le monde est avec moi, donc je ne fais plus d'efforts.

Il y a des guinéens en situation irrégulière en Algérie qui souhaitent certainement rentrer dans leur pays. Est-ce que vous avez mené des démarches auprès des autorités de Conakry pour faciliter le retour de vos compatriotes ?

Ceux qui désirent rentrer sont ceux qui sont à Tamarasset dont j'ai parlé plus haut qu'on a été voir au nom de l'Ambassade et le Bureau de l'U.R.G.A. Lors que nous somme allés, suivant notre feuille de route, en les apportant une assistance financière leur permettant de résister en attendant leur retour, on a contacté les autorités de la région, le Haut commissariat des réfugiés(HCR), pour les secourir et là où ils sont actuellement au nombre de 370, je peux confirmer que vous les verrez bientôt à Conakry car l'Ambassade a conclu le dossier de rapatriement avec les autorités d'ici.

Comment vous gérez les cas des guinéens en conflit avec la loi dans ce pays ?

La gestion des cas des guinéens en conflit avec la loi du pays, il n'y a pas de conflits réels, c’est la peur d'être arrêté, mais dans nos réunions on donne des conseils pour le bon comportement et on les écoute afin qu'ils s'expriment pour mieux les orienter mais tout le monde sait que lorsqu'on est en situation irrégulière, on est censé se conformer sur tous les plans. Il n'y a pas que de guinéens ici.

Il y a combien de guinéens détenus en Algérie?

Oui, mais le nombre n'est pas connu avec précision sauf 2 cas d'étudiants. L'un détenu pour 5ans pour complicité d'escroquerie. C'est un certain sylla étudiant en sciences économiques à tizi ouzou situé à 100 km d'Alger, l'autre une fille ancienne étudiante en informatique détenue y a 3 ans et il paraît qu'elle en a pour 5 à 6 ans selon ceux qui ont assisté à son jugement reprochée pour avoir frappé sa fille dont les coups ont coûté la vie à l'enfant qui était âgée de 5 ans. Les autres guinéens détenus ne possèdent pas un document guinéen et sont considérés comme des maliens car lorsqu'ils ont une pièce d'identité malienne ils circulent mieux vu qu'il n'y a pas de visa et seul un cachet d'entrée leur suffit pour un séjour de 3 mois. Lorsqu'ils sont détenus c'est l'Ambassade du Mali qui est informée et qui rejette l'identité et cela même en cas de décès.

De manière singulière quelles sont les difficultés que vous rencontrez pour vos compatriotes ?

Nous avons des difficultés liées à l’hébergement ou à la prise en charge effective de nos frères en situation de détresse. On n' a pas une caisse de sécurité sociale pour retourner des dépouilles mortelles ou les malades au Pays. Nos cotisations ne couvrent pas tous les besoins.

Avez-vous un dernier mot ?

Je remercie l'Ambassade de Guinée pour sa collaboration avec l'U.R.G.A et demande à tout guinéen vivant en aventure, d'éviter de donner des fausses informations à travers les réseaux sociaux disant qu'ils sont à l'étranger et qu'ils vivent bien en envoyant des jolies photos sur des places publiques, incitant leurs amis à voler leurs parents ou abandonner leur quotidien heureux (petit commerce,..) en Guinée pour se lancer dans ce désert pour une destination incertaine. On est toujours mieux chez soi.

Il  y a un réseau de passeurs à partir de Conakry qui prend des millions avec des innocents pour les embarquer pour le Mali en leur donnant des numéros (un autre réseau), c'est une connexion jusqu'à Alger. Trouvez-nous ces gens qui vendent leurs frères.

 Une fois que ce réseau sera anéanti, les guinéens sortiront moins.

C'est ce seul message que je lance pour sauver la vie des guinéens qui veulent sortir.                   

 

Interview réalisée par Alpha Ousmane Bah (AOB)

Pour Africaguinee.com

Tél. : (00224) 657 41 09 69

                   

 
 

 

 

Créé le 20 août 2016 12:07

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