Habitat : Pourquoi se loger à Conakry devient difficile ?

CONAKRY-Dans la capitale guinéenne, se trouver un logement est un véritable casse-tête pour de nombreux citoyens, partagés entre frais de loyer souvent très exorbitants et stigmatisation. Une autre difficulté récente apparaît : le mercantilisme des démarcheurs. Pourquoi se loger devient de plus en plus difficile ? Africaguinee.com a enquêté. Acte 1.

Élisabeth Guilavogui, une citoyenne guinéenne a eu toutes les difficultés pour se trouver un abri avec son conjoint. Elle témoigne avoir été victime de ‘’stigmatisation’’ dans sa difficile quête d’un logement. “J’ai été victime de discrimination deux ou trois fois dans la recherche de logement à Conakry. L’année dernière, mon conjoint et moi cherchions où habiter pour préparer le mariage. Il y avait assez d’agences immobilières qui ont des pages Facebook et qui proposaient des locations. Mais dans plusieurs endroits, on exigeait un ou des mariés, ou une personne partageant la même foi religieuse qu’eux (propriétaires) de maison(…)”, raconte-t-elle.

Les démarcheurs, l’autre casse-tête

A Conakry particulièrement, un logement ne se gagne pas sans passer pratiquement par des intermédiaires autrement appelés dans la jargon populaire “démarcheurs”. Ce sont des individus souvent sans aucune base légale. Ils ont cependant des endroits où ils se regroupent et se disent prêts à livrer des services aux chercheurs de logements, moyennant une somme. Ils sont accusés d’être à l’origine de la hausse du loyer à Conakry.

Voici des gens qui contribuent à l’augmentation des frais de loyer, sans que personne ne sache. Par exemple, un démarcheur, pour te trouver d’abord un logement, tu es obligé de payer son transport, et cela, même si la maison à louer se trouve d’un point A à un pont B. Et le frais de déplacement est fixé à 30 mille pour certains et 25 mille pour d’autres.

Sur place, que la maison te plaise ou pas, ce montant payé n’est surtout pas remboursable. En plus de cela, quand tu décides de choisir une maison parmi tant que les démarcheurs te montreront, place aux fortes sommes considérées comme avance, à payer.

Le propriétaire pourrait te dire que sa maison contenant une chambre, un salon et une douche interne, est à hauteur de 1 million à Tombolia, Kissosso ou à Lambanyi, par exemple. Là, il va t’obliger à payer 7 à 8 mois d’avance, y compris un mois pour le démarcheur. Ceci est un simple exemple. Sinon il y a des maison de deux chambres, un salon et une douche interne à louer dans les quartiers comme Bambeto, Kipé, Taouyah ou encore Hamdallaye, où on peut te dire de payer 2 millions 500; et 6 à 7 mois d’avance, sans compter un mois pour le ou les démarcheurs”, a aussi témoigné D. Camara, un autre citoyen qui a préféré taire son prénom.

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Dans certains endroits, ce sont les démarcheurs qui poussent les concessionnaires à gonfler les tarifs du loyer. Le calcul est simple : pour eux, plus le loyer est cher, plus leur revenu augmente. En Guinée, le secteur n’est pas très souvent réglementé. Même si ça l’est, la loi n’est pas appliquée. De par le passé sous le régime, il y a eu une mobilisation citoyenne pour alléger ce fardeau aux citoyens. Mais la donne n’a pas changé. Ceux qui cherchent des logements sont à la merci des démarcheurs mercantiles.

Ce qu’a démontré la Banque mondiale

Selon les données de la Banque mondiale, la Guinée a un déficit élevé de logement, estimé à 1,4 million d’unités, avec une demande annuelle de 100 000 unités. L’étude réalisée par la Banque mondiale, à travers la SFI (Société Financière Internationale) est intitulée “Analyse du marché du logement en Guinée”. Selon cette étude, la pénurie actuelle d’offre de logements et le manque de financement peuvent être attribués à des dysfonctionnements de l’écosystème clairement identifiables et pouvant être rectifiés.

 

La région métropolitaine de Conakry qui abrite un sixième de la population du pays et connaît une croissance stupéfiante de 6,3 % par an concentre la majeure partie de ce déficit. Sous la pression de l’urbanisation et porté par l’absence d’offre de logements formelle, l’habitat informel s’est développé de manière exponentielle à Conakry. Toutefois, des investissements clés et le renforcement de capacités de certains acteurs fondamentaux pourraient permettre au pays de démarrer une expansion rapide de sa production de logements abordables”, indique le document.

Qu’envisage le gouvernement face à cette problématique ?

C’est un secret de polichinelle. L’Etat guinéen a toujours été à la traine dans bien de domaines impactant la vie des populations. La construction des logements sociaux en fait partie. Pour remédier à ce fléau, le gouvernement guinéen a inscrit au chapitre de ses priorités, la construction des logements sociaux, à travers l’Agence guinéenne pour le financement des logements (AGUIFIL). C’est l’objet de l’acte 2 de notre enquête.

A suivre !

Dansa Camara DC

Pour Africaguinee.com

Créé le 23 août 2024 07:20

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