Guinée : Excès et crimes commis par les forces de sécurité

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CONAKRY-En Guinée, certains membres des forces de sécurité ont fait usage d’une force létale excessive, ont adopté des comportements abusifs et ont affiché un manque de neutralité politique lorsqu’ils sont intervenus dans des manifestations en avril et mai 2015, organisées par  l’opposition en raison des élections, a déclaré Human Rights Watch aujourd’hui. Des membres des forces de police ont été fréquemment impliqués dans les abus, ce qui révèle l’urgente nécessité d’établir les responsabilités, d’améliorer les responsabilités du commandement et de former le personnel.

Selon les rapports des hôpitaux examinés par Human Rights Watch, au moins deux manifestants ont été tués et 146 personnes ont été blessées, dont 37 blessées par balle, pendant les violences dans la capitale Conakry. Les médecins qui ont soigné les blessés ont indiqué que la vaste majorité de ces victimes étaient des partisans de l’opposition. Les forces de sécurité ont déclaré qu’au moins 77 policiers et gendarmes ont été blessés, dont 28 gravement, alors qu’ils intervenaient dans les manifestations souvent violentes. Les membres des forces de sécurité impliqués dans des crimes graves et les manifestants qui ont mené des attaques violentes doivent être traduits en justice, a déclaré Human Rights Watch.

« Étant donné le niveau actuel des tensions ethniques et politiques et le risque de violences continues liées aux élections, le gouvernement doit tout simplement prendre des mesures pour faire face à ces abus », a commenté Corinne Dufka, directrice de la division Afrique de l’Ouest à Human Rights Watch. « Le gouvernement doit agir sans tarder pour améliorer la discipline dans les rangs et s’assurer que toute personne responsable soit tenue responsable. »

Pendant 10 jours en mai et en juin, Human Rights Watch a effectué des recherches sur les violences qui se sont déroulées dans la capitale, Conakry. Cela incluait des enquêtes menées dans six quartiers, la visite et l’examen des dossiers de sept cliniques et hôpitaux qui ont soigné les blessés, ainsi que des entretiens avec 111 Guinéens de différents groupes ethniques et partis politiques qui ont été victimes ou témoins des violences. Des entretiens supplémentaires ont été réalisés avec des chefs de partis politiques et de communautés, des diplomates et des représentants du gouvernement.

Les manifestations ont été déclenchées par un litige concernant l’ordre des élections locales et présidentielles. Les élections locales, qui ont eu lieu en 2005 et étaient prévues pour 2014, ont été reportées en raison de la crise de l’Ebola. Lorsque la commission électorale a annoncé en mars 2015 que les élections présidentielles auraient lieu avant les élections locales, l’opposition a accusé le gouvernement d’essayer de donner un avantage déloyal au parti au pouvoir, puisque la plupart des responsables locaux représentent le parti au pouvoir et pourraient être en position d’influencer le scrutin.

 

À de nombreuses reprises, des policiers et, dans une moindre mesure, des gendarmes ont fait usage d’une force excessive, ont battu des individus qui ne présentaient aucune menace apparente et ont détruit des biens. Ils se sont également livrés à un comportement non professionnel, notamment à du vol et du banditisme. Des témoins et des victimes ont raconté que les membres des forces de sécurité ont volé des téléphones portables et de l’argent, ont fait main basse sur des marchandises dans des petits commerces, ont cassé des pare-brises, ont coupé des arrivées d’eau dans des communautés et ont jeté des denrées alimentaires, des ordures et des effets personnels dans des puits.

Dans de nombreux cas, des membres de la famille de personnes arrêtées pendant les manifestations ont indiqué qu’ils ont dû verser des pots-de-vin à la police, aux gendarmes et, dans une moindre mesure, aux autorités judiciaires pour les faire libérer. Plusieurs personnes ont déclaré que les détentions semblaient s’être transformées en « opportunité commerciale » pour les forces de sécurité.

Certains membres des forces de sécurité ont aussi fait preuve d’une réponse partisane aux manifestations en criant des injures à caractère ethnique contre les partisans de l’opposition, dont la majorité appartient à l’ethnie peule. À deux reprises au moins, des policiers ont observé sans intervenir ou ont aidé des civils de groupes ethniques soutenant dans une large mesure le parti au pouvoir, alors qu’ils pillaient les biens de personnes considérées comme partisanes de l’opposition.

Human Rights Watch a aussi constaté que de nombreux manifestants ont eu des comportements abusifs pendant les manifestations, y compris, notamment, vol et banditisme. Ils ont également dressé des barrages routiers et volé les passants, jeté des pierres sur les véhicules de transport public et attaqué des personnes qui portaient des t-shirts aux couleurs du parti au pouvoir ou des personnes supposées soutenir le parti au pouvoir, faisant plusieurs blessés.

Pendant les manifestations, ils ont lancé des pierres et des petits objets métalliques avec des frondes sur la police et, parfois, sur des passants. Les leaders de l’opposition ont déclaré que les individus impliqués ne faisaient pas partie de leur mouvement, mais ils ont apparemment pris des mesures insuffisantes pour maintenir la discipline parmi leurs partisans. Des témoins ont raconté que beaucoup d’enfants ont participé aux manifestations, et que bon nombre d’entre eux ont été blessés.

 

Les autorités judiciaires interrogées par Human Rights Watch ont déclaré que peu de victimes des violences des deux camps ont porté plainte auprès de la police ou ont signalé les infractions aux autorités judiciaires compétentes, indiquant un manque de confiance dans le système judiciaire.

Le nombre d’abus perpétrés par les gendarmes semble avoir significativement diminué par rapport aux incidents similaires en 2010 et 2013. Les gendarmes ont néanmoins été impliqués dans le meurtre d’un homme, le viol en bande d’une femme ainsi que dans de nombreux incidents criminels.

En mai 2015, Human Rights Watch a rencontré l’inspecteur général de la police et neuf commandants de la Compagnie mobile d’intervention et de sécurité (CMIS), l’unité de police chargée d’assurer le maintien de l’ordre public. Lors de la réunion, les responsables de la police ont reconnu certains incidents d’indiscipline, mais ont toutefois détaillé plusieurs actions récentes visant à renforcer la discipline, et ont précisé qu’ils manquaient de formations et d’équipements adéquats pour les agents.

Human Rights Watch a exhorté le gouvernement à traduire en justice les responsables des abus documentés dans le présent rapport, à s’assurer que les membres des forces de sécurité respectent les principes de base des Nations Unies sur le recours à la force et l’utilisation des armes à feu par les responsables de l’application des lois, et à établir un comité de surveillance civile indépendant pour la gendarmerie et la police nationale guinéennes.

Source: Human Right Watch

Créé le 30 juillet 2015 10:36

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