Guinée: Enquête sur le business des sextapes…

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LABE- Le business du sexe à travers les réseaux sociaux prend des proportions inquiétantes en Guinée. En témoignent les scandales à répétition de sextape sur la toile, alors que la Loi guinéenne réprime cette pratique. Pour comprendre son ampleur, il suffit d’un simple détour sur le réseau social Facebook où les signalements de vidéos à caractère pornographique sont quotidiens. Mais qu’est-ce qui motivent réellement ceux qui se livrent à ces pratiques ? Dans cette enquête Africaguinee.com lève un coin du voile sur l’une des facettes cachées de cette pratique devenue un véritable business. 

Beaucoup, par ignorance peut-être, condamnent ceux qui se livrent à ces pratiques contraires aux mœurs. Mais derrière cette pratique, se cache un réseau obscur de distributeurs de photos et vidéos à caractère érotique. Ils expédient délibérément ces clichées à des obsédés sexuels contre des billets de banque. La réalité, d’après nos enquêtes, c’est qu’il s’agit d’un véritable business. Les montants varient entre 50 et 100 dollars (1 million de francs guinéens) pour chaque photo ou vidéo expédiée. Autrement dit, proposer désormais une fille à un homme dans le cadre d’une relation sentimentale, la présentation physique à elle seule ne suffit plus. Il faut désormais exposer au moindre détail son corps, y compris même des parties intimes. Les situations sont diverses et variées. Ceux et celles qui vivent de ce business prolifèrent à l’image des démarcheurs de terrain ou de maisons d’habitations. 

Si certaines filles se filment elles-mêmes avant d’envoyer les images aux nécessiteux pour une observation, d’autres par contre optent pour la soustraction frauduleuse d’images de leurs copines. De loin on pense à la complicité parfaite dans l’amitié, mais au fond le but recherché est tout autre.  Certaines filles expédient les photos à leurs copines afin que celles-ci apprécient leur forme avant d’envoyer. Dans une autre catégorie, ce sont des garçons qui parviennent à convaincre leurs copines à faire des ébats sexuels filmés. C’est ce qu’on appelle « la garantie de fidélité ». Le jour où la fille tombe dans les bras d’un autre homme, l’épée de Damoclès (la sextape, ndlr) qui plane sur elle, est vite brandi en menace. 

A Labé, une affaire de distribution d’images sensibles impliquant même des femmes mariées a permis de lever un coin du voile sur l’ampleur du phénomène. Ladite affaire se trouve devant une unité de gendarmerie. Une femme qui dit avoir été victime de chantage a porté plainte devant cette unité. Trois femmes ont été interpellées. Les différentes dépositions des femmes interpelées ont surpris les agents enquêteurs.  

« C’est à la fois grave et triste. Certaines de nos sœurs ont complètement oublié qu’elles viennent des familles. A travers cette affaire, nous avons compris que ces scandales de sextape à répétition sur les réseaux sociaux ne sont pas anodins. Ce qu’on voit sur les réseaux sociaux n’est qu’une goutte d’eau dans l’océan. Au-delà de ce dossier, de graves révélations font état de choses qui dépassent l’entendement. Avant que les images ne soient à la portée de tous, il se trouve que les auteures se partagent entre elles. Chacune propose sa copine à travers les images à des hommes via Messenger en vue de les attirer moyennant de l’argent. D’autres femmes proposent leurs propres images. Des hommes qui sont proches du réseau peuvent demander à des filles d’envoyer des images qu’ils vont proposer à des expatriés installés dans le pays. Si ça marche, le butin est à partager. Certaines femmes prennent le risque d’envoyer leurs images à des hommes qui, à leur tour les envoient à d’autres plus nantis dans l’espoir de percevoir des commissions. Mais quand les relations ne sont plus au beau fixe, certains n’hésiteront pas à vendre les images. Jusque-là, on s’interrogeait sur la persistance des scandales liés aux sextapes. Nous venons de comprendre l’appât du gain qui est derrière. Malheureusement cette situation fait légion dans tout le pays », a confié un officier de gendarmerie sous anonymat. L’officier regrette qu’on partage ces genres de choses dans un pays dont la majorité est de confession musulmane.

Revenue à Labé au chevet de sa mère malade, F.B Baldé a été victime de distribution de ses photos sur lesquelles elle est nue. Elle avait décidé de quitter la ville à cause de la honte. Désormais, elle est voilée. Elle est mariée et mère d’un garçon. Rencontrée dans une clinique de la place à sa demande, elle nous a raconté son histoire. 

 « Ce phénomène continue toujours. Moi mon cas c’est suite à la mauvaise compagnie. J’avais une amie qui m’appelait ma jumelle, j’ai cru en elle comme ma propre mère. Elle est allée jusqu’à mettre ma photo sur son profil. Vous savez, les femmes se disent tout. Parfois quand on est couché à la maison, elle sort des images où des filles sont nues, elle se déshabille devant moi et se prend en photo ou en vidéo qu’elle garde. Elle m’a poussé à faire la même chose un jour quand je sortais de la douche, je suis tombée dans son piège. Mais après j’ai pris le téléphone pour supprimer sans savoir qu’elle a envoyé les images ailleurs. Sans que je me rende compte, elle a envoyé mes photos à des hommes qui sont partout à travers le pays, et même à l’étranger, en se faisant passer pour ma personne. Je ne sais pas si elle a pris de l’argent avec les gens, mais jamais je n’ai rencontré un homme. 

Un jour, un voisin à moi installé à l’étranger m’a renvoyé une de mes photos me disant de faire attention à ce que je fais. C’est là que j’ai compris que ma copine exploitait ça. Heureusement, la propagation n’a pas connu une grande ampleur mais les jeunes du quartier en parlaient à chaque fois que je passais. J’ai décidé de quitter un moment. J’ai trouvé que porter plainte allait m’exposer de plus. J’ai laissé tomber. Mais le phénomène est réel. On montre les images à des libanais, à des personnes qui se déplacent dans vos villes, etc. Certains invitent les filles à Conakry ou de Conakry à l’intérieur du pays », a raconté F. B Baldé. 

Un « client », un jeune d’une vingtaine d’années a accepté lui aussi de se confier à notre rédaction.

« Je suis un homme. Parfois on peut avoir envie de s’éclater un peu sans bouger par exemple du bureau ou autre. Pour moi c’est comme acheter une orange quelque part puisque c’est un service qu’on paye », a témoigné A.B.

D’autres témoins nous ont confié que certaines femmes vont même jusqu’à consulter des charlatans afin qu’elles ne ratent aucun coup devant les clients qui les sollicitent.

 

Alpha Ousmane Bah (AOB)

Pour Africaguinee.com

Tél. : (+224) 664 93 45 45

Créé le 13 novembre 2019 17:29

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