Guinée : Des étudiants produisent de l’électricité à l’aide de plantes…

N’ZÉRÉKORÉ-A N’Zérékoré, un groupe d’étudiants du département « Génie Environnement » ont repoussé leur limite pour réussir un exploit sans précédent en Guinée, en matière d’innovation. Grâce à leur génie créateur, ils ont pu mettre en place un dispositif permettant de fournir du courant électrique à travers des plantes. Ces étudiants qui doivent recevoir leurs diplômes de fin de cycle ce jeudi 01 février 2024 ont démontré à travers un montage en série, qu’on pouvait bel et bien alimenter des ménages en électricité à la base des plantes. Ils l’ont fait savoir lors de la défense de leur thème de mémoire à l’Université de Nzérékoré, la plus grande institution d’enseignement supérieure située dans la capitale du sud de la Guinée. Rencontrés par notre reporter basé dans la région, ces étudiants sont revenus cette initiative. Ils parlent de leurs motivations et de leurs visions.

« L’objectif qu’on s’est fixé, c’est d’abord prouver réellement que les plantes pouvaient donner de l’électricité. Dans cette thématique, il était question de prouver par des démonstrations mais aussi avec des explications très claire. Parce que c’est une nouvelle technologie qui montre qu’on pouvait avoir de l’électricité à travers les plantes. Et une fois que cet objectif est atteint, pour l’équipe, c’est une fierté », soupire Yomba Diawara, étudiant sortant en génie de l’environnement.

En 4ème année, ces étudiants étaient obligés de passer un stage pratique et à défendre un thème de mémoire. Pour leurs travaux de recherche, ils ont jugé important de travailler sur les énergies renouvelables.

« C’est dans cette optique que nous avons travaillé sur les bio piles. Nous avons suivi le principe de la photosynthèse. Pour vivre, les plantes ont besoin du CO2, de l’atmosphère. Une fois que les plantes arrivent à capter le CO2, ce processus va permettre à la plante à travers l’eau de l’arrosoir, de former le sucre. Cette matière organique est décomposée par les micros organismes qui se trouvent au niveau des racines. Dans ce processus, il y a ce qu’on appelle les micros organismes Rhizosphériques. Ce sont eux qui vont décomposer cette matière organique, c’est ainsi qu’il y’aura la libération des électrons. Cependant aujourd’hui, on parle de réchauffement climatique. Alors qu’est-ce qu’il faut faire pour remédier à ce réchauffement climatique ? Il faudrait reboiser. Nous nous sommes dit donc, est-ce qu’on ne pouvait pas récolter les électrons ici libérés dans cette activité microbienne. Voilà comment l’idée est venue et nous avons essayé de mener quelques recherches bibliographiques, on a vu réellement comment ça doit marcher’’, renchérit Sékou Keïta, étudiant sortant de la même faculté.

Dans une salle de laboratoire, les futurs diplômés ont utilisé plusieurs dispositifs notamment des seaux et bidons remplis de terre, dans les quels sont implantés les plants, liés au cuivre, à l’aluminiums et à des fils électriques ainsi qu’aux ampoules pour former un montage en série. C’est ce branchement qui leur permet de produire du courant électrique à travers les plantes.

« Nous sommes partis au marché, acheter les matériels nécessaires qui rentrent dans la conception de ces dispositifs. Donc nous avons acheté le pot en PVC, des électrodes et des files. Nous avons aussi cherché des plantes. Il faudra aussi chercher à savoir quelles sont les plantes capables de donner plus d’énergie. Donc nous avons fait la caractérisation de ces plantes ainsi que le sol. D’après toutes ces études, on s’est dit qu’on va concevoir le dispositif, capable de produire le courant. Par définition on dit le courant électrique est le passage d’électrons à travers les conducteurs. Si à travers le conducteur, nous avons la libération des électrons dans l’activité microbienne, nous nous sommes dit, qu’on va récolter ces électrons pour pouvoir produire l’électricité », indique Sékou Keïta de la licence 4 Génie de l’environnement.

Les plantes contribuent réellement à la réduction des gaz à effet de serre dans l’atmosphère, donc à protéger l’environnement. Les résultats de ces recherches offrent un triple avantage sur trois volets. D’abord le côté économique, social, ensuite environnemental.

« Produire de l’électricité à travers les plantes, c’est comme si c’était un challenge qu’on s’était lancé. D’un côté, lutter d’abord contre le réchauffement climatique, de l’autre côté, répondre aux besoins énergétiques des ménages, qui sont dans les zones rurales et qui attendent suffisamment qu’il y’ ait des changements positifs du côté énergétique. Parce que les besoins énergétiques dans les pays sous développées, ne continuent qu’à grimper. La population augmente, les gens en veulent plus, mais les sources de production d’énergie sont limitées. C’est pourquoi nous, nous avons pensé produire de l’électricité à travers les plantes parce que l’énergie obtenue à travers les plantes est une énergie renouvelable, et cette énergie ne pose pas de préjudice aux ressources de l’environnement’’, précise Yomba Diawara.

L’énergie produite à la base des plantes est différente des autres énergies renouvelables déjà connues, explique l’étudiant. Les panneaux solaires par exemple ne peuvent pas travailler lorsqu’il n’y a pas l’ensoleillement alors que les éoliens ne peuvent travailler que lorsqu’il n’y a le vent. L’hydro électricité quant à elle demande des moyens économiques mais aussi des débits forts pour que la production du courant soit constante. Avec les plantes la différence est là.

Yomba Diawara détaille : « Avec les plantes, vous avez besoin seulement de faire un petit montage, et là vous avez le courant matin midi soir. Vous n’avez pas besoin de pluviométrie ou d’ensoleillement pour avoir l’électricité. Là il suffit seulement d’avoir les plantes qui sont en contact directement avec les rayons solaires peu ou pas, ou arrosés, et là vous avez l’électricité renouvelable non limitée. Parce que les autres là sont momentanées ou bien fonctionnent en fonction du temps ou du climat. Mais cette énergie vue que sa production ne peut pas être limitée par le temps, on pense que c’est une bonne idée et nous allons continuer dans ce sens à se battre réellement pour que les recherches qui doivent rentrer encore plus dans cette étude soient ici éclairées et que les gens puissent bénéficier de cette technologie plus généralement la population de notre pays », promet l’étudiant.

A quoi contribuera ce processus de fourniture du courant électrique ? Aux dires de ce groupe d’étudiants-chercheurs, fournir du courant à la base des plantes, permet à la population de contribuer au reboisement. Puisque disent-ils chaque ménage devra s’en servir pour se procurer du courant électrique.

« Nous avons des approches écologiques. C’est inciter les gens à se servir de l’électricité obtenue à travers les plantes. Dans ce cadre les gens vont reboiser et planter. Là ils vont contribuer d’abord à l’élimination des gaz ou bien à la réduction des gaz à effet de serre. Deuxièmement, notre objectif, c’est aider par exemple les ménages, les petites maisons en matière d’énergie. Ce n’est pas pour concurrencer par exemple l’hydroélectricité. Notre objectif c’est répondre au besoin les plus culminants qui se posent dans les zones les plus reculées. Lorsque tu as une petite case, au lieu d’aller chercher les énergies s’il faut par exemple le bois ainsi de suite pour venir bruler et ça va polluer l’environnement. Tu te sers des plantes que toi-même tu as planté pour avoir de l’électricité, allumer une ampoule chez toi, une télé, un ventilateur juste des choses que tu peux utiliser de façon écologique. Parce que n’oubliez pas que la production de l’énergie ne doit pas aussi porter préjudice aux ressources de l’environnement.

Par exemple on interdit aux gens d’allumer les ampoules lorsqu’ils ne les utilisent pas. Notre objectif c’est de fournir de l’électricité en une quantité vraiment responsable juste ce que les gens ont besoin, que ces personnes utilisent cette énergie et qu’elle participe à la protection d’un écosystème bien équilibré au niveau de l’environnement. On s’est dit peut-être dans les années, dans les mois à venir qu’on pourra certainement faire une présentation un jour d’une maison bien électrifiée avec l’électricité obtenue à travers les plantes. Imaginez par exemple on se sert de 10 plantes pour alimenter une maison et pour une population de treize millions d’habitants combien de guinéens seront obligés de reboiser, de planter ? Donc ce sont les approches, qu’on vise réellement que chaque maison soit autonome en matière d’électricité. Le citoyen ne consomme que ce qu’il a produit », explique Yomna Diawara, le chef de groupe.

Pour parvenir à un tel exploit déjà expérimenté, l’on a besoin de beaucoup de moyen. Il faut un soutien matériel et financier, soutiennent les jeunes étudiants. Ils appellent les autorités à leur fournir des moyens pour développer cette innovation.

‘’C’est une expérience qui n’est pas assez vaste d’abord. Il y a peu de personnes qui ont tenté de produire de l’électricité à travers les plantes.  En Guinée ici c’est la toute première expérience pour un grand public. Nos objectifs sont liés vraiment à la recherche. On veut approfondir cette recherche mais pour y arriver il nous faut de l’aide. Nous avons besoin de matériels mais avec les maigres moyens que nous-mêmes tirons de notre poche, vraiment on ne peut pas atteindre ce genre d’objectif. En plus de cela, ce sont quelques plantes que nous avons choisies mais nous voulons dans un temps record exporter cette technologie un peu partout en Guinée.

Donc, nous voulons nous enquérir un peu partout des réalités obtenues à travers ces plantes pour que cette étude-là soit diversifiée. C’est-à-dire utiliser plusieurs échantillons pour que nous ayons des résultats vraiment fiables. Nous voulons aussi avoir à notre disposition des matériels qui entrent dans ce processus de montage. Lorsque par exemple vous prenez les éléments que nous avons utilisés, les électrodes que nous avons utilisées ne sont pas des électrodes idéals mais faute de moyens financiers on était obligé de s’accommoder avec ce que nous avons sur le terrain. Les plantes, les pots, rien ne répond ici aux normes écologiques qu’on s’est fixé mais par faute de moyen on était obligé de s’adapter avec ce que nous avons sur le terrain. Donc nous avons besoins suffisamment de matériel électronique et de l’électricité pour pouvoir évoluer dans ce sens-là’’, lancent-t-ils.

SAKOUVOGUI Paul Foromo

Correspondant Régional d’Africaguinee.com

A Nzérékoré.

Tél. (00224) 628 80 17 43

Créé le 30 janvier 2024 14:28

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