Election du 18 octobre : Un « obstacle de taille » pour Alpha Condé en forêt…

Des sages de la forêt

CONAKRY-Candidat sortant pour un troisième mandat à l'élection présidentielle du 18 octobre, Alpha Condé aura à surmonter un obstacle de taille en forêt. Après l’invalidation de la candidature de docteur Edouard Zotomou Kpoghomou, la coordination nationale des unions forestières ne compte pas baisser les bras dans la lutte contre le 3e mandat d’Alpha Condé.  Ils l’on fait savoir, dimanche 20 septembre 2020, au cours d’un conclave à Nzérékoré.  

Le président de la coordination nationale des unions forestières, docteur Jean Diminy Tolno, a annoncé que son organisation compte user de tous les moyens légaux pour empêcher Alpha Condé de briguer un troisième mandat en Guinée.

«Le travail qu’on avait fait cette année avec la diaspora forestière, c’était de ne pas aller en rang dispersé dans des élections cette année. Il faudrait qu’on s’arrange à ce qu’on puisse trouver un candidat consensuel qui doit être représenté au compte de la Guinée forestière. Alors ces démarches ont été faites et le candidat a été choisi. Il a effectivement versé sa caution, il a répondu à tous les critères qu’il faut. Mais voilà enfin de compte, notre candidat a été éliminé pour la course. La raison pour laquelle il a été éliminé n’a pas été élucidée. Lui-même, il était étonné. Il a accompli tout, il ne sait pas pourquoi il a été éliminé. Qu’à cela ne tienne, nous de la coordination, nous nous sommes dit, le choix est déjà fait. Nous ne pouvons pas prendre une autre position sans l’avis de notre candidat. C’est ce candidat qui doit orienter la Guinée forestière par rapport à ces élections à venir. Donc, il fallait venir rencontrer les fédéraux pour leur expliquer cela », a-t-il expliqué en donnant les raisons qui ont poussé sa coordination à s’opposer au 3e mandat.

«Si nous nous opposons au 3e mandat d’Alpha Condé, c’est compte tenu de beaucoup de facteurs. Depuis l’avènement du professeur Alpha Condé au pouvoir, la forêt a été victime d’exactions, de tueries. Les fosses communes, c’est en forêt. Près de 42 prisonniers déportés à Kankan. Aujourd’hui, la ville de Nzérékoré est assiégée par les donzos et les Ulimos. La population de Nzérékoré se trouve prisonnière dans sa propre ville. Donc, étant le premier responsable moral de cette région, je ne peux pas rester indifférent sans prendre une position vis-à-vis de tout ce qui se passe. Le professeur n’a jamais voulu enlever son manteau d’opposant. Il s’est opposé à qui? A la population. Nous sommes tous natifs de la Guinée. Pourquoi faire dos à cette Forêt ? Et tout problème aujourd’hui, c’est vers la Forêt. Regardez ce qui s’est passé à Coyah lorsqu’ils ont mis le barrage, il y a eu des tueries. Les gens qui sont morts là-bas, ce n’est pas le gouvernement qui a dépêché la délégation pour venir saluer avec les millions à l’appui et aller consoler les parents ? Par rapport aux exactions qui se font en Forêt, on n’a jamais entendu de déclaration, ni de condoléances de la part de notre premier responsable sur lequel nous comptons tous. C’est nous qui l’avons tous mis là où il est. Le poids électoral aujourd’hui c’est la Forêt. Maintenant, s’il est au pouvoir aujourd’hui et qu’il ne trouve pas où faire ces exactions sauf en forêt, voilà pourquoi les 4 coordinations se sont retrouvées pour pouvoir prendre une position par rapport à son 3e mandat», a-t-il dit.

 Détenus de Kankan

 

Le doyen Julien Tamba Kamano, président de la coordination des unions Kpèlè résidant à Kankan a aussi profité de cette réunion pour évoquer la situation des citoyens arrêtés à Nzérékoré en marge du double scrutin du 22 mars dernier.

 

«Ces jeunes gens ont été arrêtés à Nzérékoré, déportés à Kankan. Arrivés à Kankan, il y’en a qui ne savaient même pas où ils sont. Une fois en prison, ils se sont adressés à la communauté résidante à Kankan pour les informer qu’ils ont été déportés-là et qu’ils sont démunis de toutes assistances. Ils souhaiteraient avoir une assistance de la part de la communauté. C’est ainsi que nous avions réuni la coordination, nous sommes allés voir à la Maison centrale. Nous avions trouvé qu’ils sont venus dans des conditions déplorables.  On s’est dit qu’il faut venir en assistance. Puisqu’il y en a qui sont partis sans chaussures, d’autres torses nus, seulement un débardeur qu’ils portaient. Depuis mars jusqu’à maintenant, ils ne pouvaient pas rester comme ça. Donc, on a trouvé une assistance de tout genre. Je m’adresse surtout à la population de Nzérékoré qui a ses fils en prison à Kankan. Nzérékoré a abandonné ces enfants en prison Kankan. Car, depuis qu’on les a déportés, on n’a pas vu encore les gens de Nzérékoré rendre visite à ceux qui sont en prison. L’assistance est venue de la coordination nationale des unions forestières et de la diaspora forestière. Pour le moment, nous, on peut dire ce sont des détenus qui sont emprisonnés. Mais pour quelle cause ? La cause fondamentale, c'est à cause du double scrutin. Mais, de quoi sont-ils accusés ? Sont-ils des tueurs ? sont-ils des voleurs ? Sont-ils des malfaiteurs ? Pour le moment, cette qualification n’est pas donnée. On considère que ce sont des détenus politiques. C’est pourquoi, nous demandons à la population de Nzérékoré de venir à leur assistance. Parce qu’on a toujours dit que la justice est muette par rapport à la détention de ces gens. Ils sont en prison, on ne dit rien. Alors, si Nzérékoré ne se réveille pas, les enfants de Nzérékoré périrons dans les prisons», a-t-il alerté.

A suivre…

SAKOUVOGUI Paul Foromo

Correspondant régional d’Africaguinee.com

A Nzérékoré.

Tél: (00224) 628 80 17 43

Créé le 21 septembre 2020 19:40

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