Des violeurs pourraient intégrer l’armée malienne

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Des victimes de violences sexuelles sortent de leur silence alors que Bamako négocie la paix avec leurs bourreaux.

Elles sont quatre-vingts à avoir porté plainte, mais des milliers à avoir été meurtries dans leur chair. Dans le nord du Mali, avant l’intervention militaire de janvier 2013, les violences sexuelles étaient pratiquées à grande échelle par les groupes armés qui contrôlaient la région. Terroristes islamistes ou combattants rebelles, ils sont aujourd’hui impliqués dans les pourparlers de paix avec Bamako.

La semaine dernière, six associations maliennes unies autour de la Fédération internationale des ligues des droits de l’homme (FIDH) ont déposé une plainte pour demander justice au nom de 80 femmes et filles victimes de viols dans le nord du Mali. En 2012, les populations des régions de Kidal, Tombouctou, Gao et une partie de la région de Mopti ont vécu sous le joug des groupes islamistes Ansar Dine, Mujao ou AQMI et des indépendantistes touaregs du MNLA. Durant ces longs mois, les occupants se sont livrés à de nombreuses exactions et les Maliennes, particulièrement visées, ont payé le prix fort.

«Des viols de femmes et de filles ont été commis, souvent sur la base de l’appartenance ethnique, pour intimider les civils et dissuader toute forme de résistance, dans une culture où le viol constitue un tabou et les victimes sont frappées d’ostracisme», relevait en janvier 2013 Rupert Colville, le porte-parole du Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme (HCDH).

Viols, flagellations, séquestration, prostitution forcée, esclavage: pas moins de 2785 cas de violences sexuelles ou sexistes ont été recensés par le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) à la fin de 2013. Un chiffre largement en dessous de la réalité, estimait alors le porte-parole du HCR au Mali.

Au cours de leur offensive et durant l’occupation des territoires conquis, «des membres de tous les groupes armés, sans exception, ont perpétré des crimes sexuels en masse», affirme de son côté la FIDH, qui a recueilli des centaines de témoignages. Plus de deux ans et demi après les faits et face à l’inertie de la justice malienne, certaines victimes ont décidé de sortir du silence en portant plainte pour crimes contre l’humanité. Mais le chemin promet d’être long.

De nombreuses informations judiciaires ont été ouvertes à l’encontre de responsables présumés des violations des droits humains perpétrées au cours du conflit, mais les charges de viols et autres formes de violences sexuelles – constitutives de crimes contre l’humanité et crimes de guerre – sont totalement absentes du champ des enquêtes, dénoncent les associations. Si la justice malienne ne réagit pas, ces crimes devront donc être portés devant la justice internationale.

Par ailleurs, et paradoxalement, les pourparlers de paix entre Bamako et les groupes armés du nord du pays en cours à Alger pourraient se révéler être un obstacle de taille pour ces femmes. Au cœur des débats: l’intégration de combattants des groupes rebelles dans l’armée malienne… Les autorités maliennes assurent que le «recrutement» de ces hommes exclura les acteurs de crimes graves. Reste à savoir ce qu’elles entendent par «crimes graves». Il est à craindre que l’objectif de la réconciliation fasse oublier ces viols de guerre

 

Tribune de Genève

Créé le 19 novembre 2014 18:00

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