CAN, Kaba Diawara, cas Morlaye-Mady, Féguifoot : Kémoko Camara brise le silence… « interview »

CONAKRY- L’ancien gardien du Sily National de Guinée était dans les locaux d’Africaguinee.com ce mardi 26 décembre 2023 ! Avec Kémoko Camara, 48 ans, nous avons survolé sans détour l’actualité du football guinéen. De la crise latente à la Féguifoot (fédération guinéenne de football), en passant par la liste composée par Kaba Diawara pour la Can 2023, l’hôte de votre quotidien électronique a dit ce qu’il pense. Très relaxe, l’ancien portier guinéen qui a passé 20 ans avec la sélection nationale (17 janvier 1993 – 17 janvier 2013) avec à son compteur 71 matchs avec le Syli national de Guinée, s’est exprimé sans langue de bois. Interview exclusive, première partie.

AFRICAGUINEE.COM : Quelles sont vos relations avec les autorités sportives guinéennes actuellement ?

KÉMOKO CAMARA : Ça se passe très bien. J’ai fait des moments avec la sélection comme joueur et entraineur, il y a eu du changement, on a installé le CONOR (Comité de Normalisation). Et ceux-ci ont pris leur décision et c’est normal. La sélection n’est pas faite pour moi seule. Je continue à les supporter comme tout bon guinéen.

La FEGUIFOOT traverse une crise sans précédent. Selon vous comment sortir de cette crise latente ?

Cette crise n’a pas commencé aujourd’hui. C’est la deuxième ou la troisième fois qu’on a le CONOR chez nous. Déjà après l’installation du premier CONOR, on n’a pas pu réfléchir sur comment gérer les affaires. Par la suite, on est revenu encore à la case de départ avec un autre CONOR. Personnellement, je vais en vouloir à nos ainés qui étaient là avant nous, qui ont joué avant nous pour le Syli et qui n’ont pas pu gérer la fédération. Je me demande pourquoi quand ils ont pris leur retraite ils ne se sont pas donnés pour le football ? Tout le monde a fait ses business et c’est par après qu’on commence à faire un recul et revenir. Et c’est trop tard. Ce sont nos ainés qui nous ont bloqués la route. Ils devaient se lever depuis fort longtemps pour gérer la Fédération.

Kémoko Camara

Après nos ainés, nous aussi on devait venir mais il n’y a eu personne à la fédération. C’est pour cela qu’on n’a pas la force d’intégrer la fédération. Il y a qui comme ancien footballeur à la FEGUIFOOT ? C’est ça notre problème et ce problème vient de loin. On a raté depuis le départ. Ce n’est pas maintenant là qu’on va sortir nos têtes pour les cogner de gauche à droite. Ça me fait très mal ce qui se passe à la FEGUIFOOT. Mais maintenant qu’on est presque tous rentrés au pays, il faut qu’on essaie de mettre les mains dans la patte, de partir au moins commencer dans un club peu importe le niveau. Que ce soit en 2ème ou en 3ème division pour relancer le football guinéen. Mais il faut redescendre en bas pour remonter sinon franchement je ne vois pas l’avenir.

Pensez-vous que l’un des trois candidats en lice à la tête de la FEGUIFOOT pourra faire l’affaire du football guinéen ?

Oui ils peuvent le faire. Pour moi, monsieur Almamy Sylla qui a un club depuis plusieurs années et qui a travaillé avec la ligue professionnelle et qui est en train de faire plein de trucs pour le football guinéen, peut apporter quelque chose. Je ne le dis pas parce que c’est mon actuel président et que je travaille avec lui mais franchement je dirais chapeau pour ce monsieur pour tout ce qu’il est en train de faire pour le football guinéen. Aujourd’hui, son club qui vient de nulle part représente la Guinée dans les compétitions africaines et vend l’image de la Guinée.

Parlons maintenant de l’actuelle équipe nationale. Que pensez-vous de cette nouvelle génération qui joue pour le Syli en ce moment ?

On a tout comme talent avec la nouvelle génération, mais il faut qu’on essaie de les faire venir pour vivre la réalité du football guinéen. C’est-à-dire les faire venir jouer chez nous. Malheureusement, on n’a pas de terrains (stades ndlr). Aussi, presque la moitié (des joueurs) sont des binationaux, qui ne connaissent presque pas la Guinée. Beaucoup d’entre eux ne sont jamais restés un mois en Guinée, ils viennent juste pour quelques semaines et repartent. Si on avait des terrains on allait les faire venir en Guinée, pour jouer des matchs et voir l’engouement du football guinéen, savoir à quel point le peuple guinéen aime la sélection et le football guinéen.

Kémoko Camara et notre reporter Oumar Bady Diallo

Le jour où ils décideront de venir vraiment pour jouer pour leur nation, pour la Guinée, sur la terre de leurs ancêtres paternels ou maternels, ce jour ils se rendront compte que le football guinéen n’est pas du hasard, ça demande beaucoup de travail et ils seront beaucoup plus forts mentalement. Parce que le fait de rester à l’extérieur ne donne pas le mental, c’est juste venir jouer, faire plaisir et repartir. Aujourd’hui, il y a des terrains partout avec des synthétiques mais à notre époque il n’y en avait pas mais on se battait, on jouait, nous on se battait avec le peu qu’on gagnait. Certes, on n’a pas ramené un trophée chez nous et cela nous démange, ça nous fait très mal mais ils n’ont qu’à accepter de venir jouer pour la Guinée et ils comprendront le football guinéen.

Le manque d’infrastructures sportives est-ce le seul problème pour l’avenir du football guinéen ?

Cela joue beaucoup sur l’avenir du football guinéen. Je vous donne un exemple, nous on est sorti à la compétition africaine, on n’avait pas de terrain pour jouer, on était obligé d’aller jouer à l’extérieur où on n’avait pas de supporteurs ni d’engouement encore moins personne qui met la pression. A l’époque nous on pouvait jouer les matchs aller et retour chez nos adversaires devant leur public. Il nous faut des stades pour qu’on puisse recevoir des équipes chez nous.

La Guinée s’apprête à participer à la CAN 2023 en Côte d’Ivoire. Selon vous, quelles sont les chances du Syli National à cette compétition ?

On a la chance de s’en sortir. Parce que là on s’est focalisé sur les binationaux, Kaba Diawara a décidé de prendre des binationaux et quelques joueurs qui ont joué pour le championnat national mais s’il arrive à gérer le groupe, je pense qu’on a la chance. Mais la seule chose qui me fait mal, ce qu’on part à la CAN sans engouement, il n’y a rien au pays, c’est calme et ça, ça fait peur pour les guinéens. Je pense que les joueurs devaient mettre dans leur tête qu’il n’y a pas d’engouement et de se donner à fond pour faire revenir les supporteurs guinéens à leur forme.

Quel est votre avis sur la liste des 25 joueurs appelés par Kaba Diawara pour cette compétition ?

Tous les entraineurs du monde entier font leur choix. Le choix de l’entraineur est indiscutable, on est obligé de faire avec. On parle de plusieurs joueurs certes, mais il a pris sa décision et on est obligé d’y faire avec, c’est lui l’entraineur et il a pris sa décision et on ne peut pas la changer. Certes, il n’a pas appelé Morlaye, d’un côté ça fait mal et de l’autre côté cela ne fait pas mal parce que c’est son choix. Donc, il faut y faire avec et le soutenir. C’est à lui de nous montrer pourquoi il a fait ce choix d’ignorer Morlaye Sylla, Mady Camara et autres.

Avez-vous des contacts avec Kaba Diawara ?

Oui on se parle de temps en temps. Même les anciens qui sont en Europe, ça fait des années on ne se voit pas mais on s’envoie des messages des temps en temps, on s’appelle. Ceux qui sont rentrés en Guinée, on a formé une sorte d’association des anciens du Syli 3ème génération avec Kalabane, Taboura, Kanfory Sylla et beaucoup d’autres.

Quels conseils avez-vous à donner à Kaba Diawara pour le succès du Syli pour la CAN 2023 en Côte d’Ivoire ?

Je dirais bon vent à lui, qu’il soit costaud mentalement. Ce ne serait pas facile pour lui, le football guinéen si tu n’es pas costaud dans la tête ils vont te faire passer de l’autre côté.

A suivre…

Entretien réalisé par Oumar Bady Diallo

Pour Africaguinee.com

Tel : (00224) 625 39 30 81

Créé le 27 décembre 2023 13:00

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