Alpha Bacar Barry : ‘’ Nous allons recruter 1600 fonctionnaires…’’

CONAKRY- C’est une annonce phare que vient de faire le ministre de l’Enseignement Technique, de la Formation Professionnelle et de l’Emploi. Dans une interview exclusive qu’il a accordée à Africaguinee.com  jeudi 11 janvier 2023, Alpha Bacar Barry a annoncé un vaste recrutement au niveau de l’enseignement technique et de la formation professionnelle.

Avec lui, nous avons également évoqué plusieurs sujets dont entre autres : les conséquences des restrictions des réseaux sociaux, les avantages que son département offre à la jeunesse guinéenne, la révision des programmes enseignés dans les institutions d’enseignement techniques, le village numérique de Kipé, le bilan de son département courant 2023, les perspectives de son département pour l’année 2024… (Interview)

AFRICAGUINEE.COM : Comment avez-vous réussi à changer l’image voire même la perception du département de l’enseignement technique et de la formation professionnelle ?  

Alpha Bacar Barry, ministre de l’Enseignement Technique de la Formation Professionnelle et de l’Emploi

ALPHA BACAR BARRY : Je dirai que rien n’aurait été possible sans le concours du président de la transition qui nous a gratifiés et qui nous a apporté tout son soutien depuis le début.Nous avons aussi obtenu le chef du Gouvernement, de l’ensemble des membres du Gouvernement surtout nos collègues du système éducatif avec lesquels nous avons bâti cette stratégie pour pouvoir valoriser l’enseignement technique et la formation professionnelle en Guinée. Le travail a consisté d’abord à améliorer le cadre d’étude et le cadre de vie des apprenants dans les écoles et montrer la pertinence de suivre certaines filières au niveau national et régional pour certains apprenants. Donc, la rénovation des écoles, la rénovation de certaines filières et de certaines formations, la digitalisation du processus qui permet de faciliter à la fois l’accès à l’information mais aussi à l’inscription et à l’orientation.

Il y a eu l’initiative du président de doter chaque apprenant d’une bourse d’entretien qui a été aussi un facteur très encourageant pour attirer beaucoup de personnes au niveau de l’enseignement technique. Mais aussi ce qui est important et intéressant, c’est la qualité des équipements qui ont été achetés et déployés dans les écoles pour pouvoir assurer une formation pratique à nos apprenants. Donc, c’est la qualité des infrastructures que nous avons regardées, la qualité des équipements, la digitalisation du processus pour faciliter à la fois l’accès à l’information mais aussi à l’inscription. Aujourd’hui nous nous attaquons à un autre problème : notre chantier de 2024 est de diversifier les filières et d’apporter un vaste programme de formation des formateurs.

Poses de pierre, rénovation ou construction d’édifices…2023 a été riche en activités. Que peut-on retenir concrètement ?

Nous nous sommes attaqués avec le soutien du Gouvernement et du Président à la rénovation de plusieurs écoles et à construire de nouvelles. Vous avez assisté à la pose de la première pierre du village numérique qui va construire l’essentiel de la formation et de l’exercice du numérique en Guinée. En plus, vous avez assisté aussi à la rénovation de plusieurs centres de formation professionnelle à travers le pays, la pose de la première pierre du Centre national aux métiers de sport qui est l’école nationale d’éducation physique et de sport. Nous avons rénové le CTA de Matoto, le CBK, l’école des chemins de fer qui a été transféré de Kaloum à Simbayah, l’école maritime aussi a fait peau neuve. Nous avons également accéléré le processus d’équipement de ces écoles et la refonte de certaines écoles comme l’école numérique de Kipé qui est l’école nationale des postes et télécommunications qui va devenir l’école nationale du numérique. Elle sera logée au sein du village numérique.

Cette année a été une année riche parce que nous avons continué le processus de dématérialisation à travers la digitalisation. Nous avons maintenant dématérialisé toutes les démarches d’obtention des agréments. Pour créer une nouvelle école et obtenir un agrément c’est en clin d’œil. Nous avons dématérialisé le payement des bourses, nous avons aussi dématérialisé tout le parcours professionnel de l’apprenant, de son inscription jusqu’à la première expérience professionnelle à travers une plateforme qui s’appelle Insert-jeune. En plus, vous avez la poursuite du développement du projet Allô Maitre qui permet suivre les métiers au niveau de Conakry et à l’intérieur du pays. 2023 a été une année très riche au cours de laquelle on a réalisé beaucoup d’activités. Nous sommes très heureux des résultats qui ont pu être obtenus à ce niveau-là.

On remarque très souvent qu’il y a hiatus entre l’emploi disponible et la formation offerte dans nos écoles. Qu’est-ce qui a été fait ou envisagé pour corriger cette inadéquation ?

Il faut d’abord améliorer le dialogue entre le secteur privé et les institutions de formations présentes en Guinée. Ceci a été fait parce que nous avons approché des structures faitières du patronat guinéen, nous avons approché les entreprises et nous avons aujourd’hui la plateforme Insert-jeune qui permet de collecter l’ensemble des désidératas du secteur privé. Cela nous permet justement de nous projeter, d’avoir un élément de planification assez pointu pour pouvoir justement répondre aux besoins. La seconde chose que nous sommes en train d’améliorer c’est l’asymétrie sur le système d’information liée au marché de l’emploi. Là aussi, nous avons mis en place une plateforme qui est la refonte de l’initiative du président Servir 224 qui devient Servir Guinée et qui va être localisée au niveau de l’agence guinéenne pour la promotion de l’emploi. C’est un programme qui va permettre de collecter l’ensemble des demandes d’emploi sur l’ensemble du pays et en dehors de la Guinée. Cette base de données va être mise à la disposition du secteur privé.  C’est ce qui va permettre de résorber un tout petit peu le déficit de l’information à ce niveau également.

Et puis le dernier point, ce que le président et le gouvernement nous ont instruits de mettre en place un programme accéléré pour la création de 20 mille emplois. Ce programme est à sa phase exécutoire parce que la première étape de ce programme c’est la création de la maison de l’emploi, de l’entreprenariat et de la formation. Cette maison sera inaugurée le 24 de ce mois.  Elle va permettre justement d’offrir un service de proximité aux usagers et demandeurs d’emplois en Guinée. Nous avons pris la question de l’emploi de façon holistique. Nous avons fait adhérer toutes les parties prenantes, tous les autres départements ministériels qui ont aussi un rôle à jouer dans la création d’emploi. Il ya un comité interministériel institué et présidé par le premier ministre et qui va justement permettre de dérouler ce programme accéléré pour la création des 20 mille emplois.

Une révision des programmes est-elle en vue ?

Absolument ! A ce niveau aussi nous avons une approche systémique qui a permis de faire revivre l’école normale des professeurs d’enseignement technique et de la formation professionnelle à Matoto. Un sérieux investissement a été fait pour pouvoir remettre cette école sur pieds. Cet EPA maintenant qui est dirigé par des professionnels est doté d’un conseil d’administration avec un plan d’action opérationnelle. Ct EPA sera fortement approché et développé dans le cadre d’un projet PAIED/FP qui nous avons conçu et mis en place avec l’Union Européenne pour un montant total de 26 millions d’euros. Cet argent pour la plupart sera investi sur la formation des formateurs, sur l’ingénierie de formation et sur le transfert des techniques de technologiques et des compétences ici en Guinée dans le cadre de la formation et l’amélioration de la qualité des formateurs.

A date, quelles sont les opportunités qui sont offertes par votre département à la jeunesse guinéenne dans les différentes écoles professionnelles et les centres de formations professionnelles du pays ?

Les opportunités c’est d’abord la compétence. Nous sommes résolument engagés à doter les jeunes Guinéens des compétences nécessaires pour pouvoir occuper les postes et les emplois qui sont crées par notre économie nationale. Pour avoir plus des détails j’invite chacun à visiter le site parcoursproguinee.org qui permet de vous donner l’ensemble des informations sur les disponibilités de formation au niveau de la formation initiale technique mais aussi le perfectionnement ainsi que la formation continue. Nous nous positionnons comme étant un opérateur de formation pour l’ensemble des secteurs en république de Guinée. C’est pour cela que nous sommes résolument engagés à apporter de la qualité le système.

Pouvez-vous nous parler de l’importance de l’évolution technologique dans la formation professionnelle  ?

Pour vous répondre directement, premièrement le digital par exemple qui est une évolution technologique que nous expérimentés cette année à travers des classes intelligentes, la réalité virtuelle et la réalité augmentée nous permettent fortement d’améliorer la qualité du contenu des cours. Par exemple, la réalité virtuelle et la réalité augmentée permettent de mettre tout apprenant à situation professionnelle, la situation d’exercice du métier et qualifié, c’est ce qu’on appelle le transfert des compétences. Ça permet de recréer un environnement par exemple d’atelier, professionnel ou d’entreprise et ça à travers juste un casque et une connexion internet et un peu d’électricité. Pour nous c’est l’avenir, reproduire et digitaliser, le processus de formation pratique va permettre d’épargner de l’argent pour pouvoir le réinvestir la qualité.

Deuxièmement, au niveau de la recherche documentaire, l’accès aux sources, l’accès aux tutoriels, l’accès même à l’expérience virtuelle nous permet de mettre à disposition de ces jeunes beaucoup plus de matériels, d’outils et de formations disponibles. Cela améliore et agrémente les formations déjà qu’ils ont dans les salles de classes. Et troisièmement, les classes intelligentes que nous avons mises en place nous permettent de mutualiser les professeurs parce que nous avons un déficit d’enseignants de qualité. Par exemple, un enseignant qui donne des cours à Donka est capable aujourd’hui simultanément d’enseigner à Donka et à Kindia à travers les classes intelligentes parce que les deux classes se parlent, se voient et s’entendent. Donc, à travers cette méthode, vous dématérialisez et vous démultipliez l’audience du professeur. Cela permet pour un professeur de dessin technique, de plomberie, d’électricité d’enseigner dans 10 écoles de façon simultanée. Cela nous permet de mutualiser les techniques, les technologies mais aussi les ressources que nous avons au niveau interne et au niveau du ministère.

Le 27 mai 2023, vous avez lancé la construction d’un village numérique à Kipé dont le délai des travaux est de 12 mois. Dans quatre mois ce délai va expirer, est-ce que la réception de ce bijou se fera dans le temps ?

Nous espérons. Nous sommes en train de mettre les bouchées doubles pour mettre la pression sur les entreprises qui sont en charge de la construction du village numérique. Nous avons connu quelques retards à cause des pluies et aux contraintes liées au déguerpissement mais aussi aux contraintes liées à l’environnement. Vous savez que le plateau de Kakimbo est un plateau protégé par le ministère de l’environnement. Donc, il a fallu mettre en place un plan de reboisement pour pouvoir avoir l’autorisation de commencer le chantier. Mais le chantier avance très bien, tous les partenaires sont à pied d’œuvre pour qu’on puisse respecter les délais d’exécution.

Vous avez fait du déploiement du numérique dans l’enseignement technique et de la formation professionnelle en Guinée un cheval de bataille. Sauf que depuis plusieurs semaines il y a une restriction totale de l’accès aux réseaux sociaux en Guinée. Est-ce que cela ne joue pas en défaveur des apprenants dans les écoles professionnelles ?

C’est un problème national, même le gouvernement, moi-même qui suis devant vous je suis soumis à la même contrainte, à la même restriction. Je n’ai pas accès à l’internet. C’est un problème technique qui est en train d’être résolu, nous sommes en train d’y travailler et bientôt… c’est inhérent à tous les pays du monde. Il y a des problèmes techniques qui peuvent arrivés sur internet, nous sommes en train d’y faire face et de régler le problème.

Quelles sont vos perspectives pour l’année 2024 ?

Premièrement, c’est de consolider les acquis, continuer la digitalisation et renforcer la qualité des équipements mais surtout lancer un vaste chantier de formation des formateurs. Cette année, le gouvernement va recruter environ 60 mille fonctionnaires et 1600 d’entre eux seront des formateurs de l’enseignement technique et de la formation professionnelle. Le chantier pour nous c’est de transformer ces 1600 formateurs en formateurs de qualité qui ont une carrière de formateur et qui seront déployés dans nos écoles.

Un dernier message ? 

Je souhaite aux lecteurs d’Africaguinee.com une très belle année 2024. En plus, j’encourage plus de personnes de venir à l’enseignement technique et de la formation professionnelle. Parce que pour la Guinée et pour l’Afrique c’est une réponse concrète aux problématiques du chômage.

Interview réalisée par Oumar Bady Diallo

Pour Africaguinee.com

Tel : (00224) 625 393 081

Créé le 14 janvier 2024 12:18

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