Transition, Gouvernance, Cedeao, cas Dalein et Sidya : Ousmane Gaoual Diallo parle…

Ousmane Gaoual Diallo, porte-parole du gouvernement de transition

CONAKRY- Qu’est-ce qui motive la tournée entamée par le premier ministre dans les villes de l’intérieur du pays ? Cette initiative ne risque-t-elle pas d’empiéter sur le déroulement du chronogramme de la transition ? Le Gouvernement envisage-t-il tant soit peu un nouveau cadre de dialogue ? Quid des leaders exilés ? Quels sont ses rapports avec la Cedeao ? Ousmane Gaoual Diallo, le porte-parole du Gouvernement a répondu aux question d’Africaguinee.com.

 

AFRICAGUINEE.COM : Le premier ministre a entamé une tournée dans les préfectures de l’intérieur du pays. Quel le but de cette tournée ?

OUSMANE GAOUAL DIALLO : Il y a deux choses :  premièrement, il faut se rendre compte réellement de l’évolution des activités qui ont été lancées à l’intérieur du pays. Le premier ministre souhaitait lui-même aller faire le constat sur le terrain et ne pas se contenter des comptes rendus que les structures de l’Etat nous remontent. Deuxièmement, il va conférer avec les populations et les structures administratives déconcentrées et décentralisées de l’Etat. Ils rencontrent les préfets, les gouverneurs et les élus locaux pour traduire aussi les missions que le président de la transition lui a confiées. En plus, nous sommes aussi à une phase de fin de dialogue concernant le calendrier de la transition, il profite de temps en temps pour rappeler les points clefs de la transition et l’évolution de la mise en œuvre des recommandations issues du dialogue politique guinéen.

Donc, c’est important que le premier ministre rencontre les populations pour écouter aussi leurs doléances et ce qu’elles demandent aux autorités guinéennes. C’est une mission qui est vaste. Il est accompagné par les ministres sectoriels qui viennent l’aider à rencontrer ces populations, profiter également pour présenter ou inaugurer des infrastructures qui ont été achevées. C’est le cas de l’enseignement technique à Boké où on a eu le plaisir d’aller inaugurer l’ERAM de Boké, mais également avec le ministre de la culture avec lequel on a été voir le projet de réhabilitation du musée de Boké. Il y a un certain nombre de chantiers qui sont ouverts, le ministre des infrastructures est présent, le ministre de l’énergie est régulièrement dans les activités pour voir ce qui a démarré, échanger avec les populations, les élus locaux, les représentants de l’Etat dans ces structures-là. Voilà ce qui va rythmer ces séjours du premier ministre et sa délégation.

Est-ce qu’il y a eu une durée qui a été fixée pour cette tâche ?

Oui ! La première étape de Boké a été bouclée. En général, il va le jeudi après le conseil des ministres et rentre le lundi qui va suivre. Ce processus va concerner la totalité des préfectures. Maintenant, cette semaine, on va se déplacer dans certaines capitales régionales qui vont connaitre la pose de la première pierre de reconstruction des aérogares nationaux.  On ira à Boké, à Labé, à Faranah, à Kankan et à Nzérékoré. Il y aura des aérogares qui vont être réhabilités, les projets ont été attribués, les sociétés identifiées, les travaux vont commencer. Ce sont des chantiers de 8 à 10 mois qui vont se faire. Après la pose de la première pierre pour ces activités-là, on va reprendre sa tournée dans les régions administratives du pays.

Mais certains craignent déjà que ces tournées n’impactent l’exécution normale du chronogramme consolidé de la transition qui est de deux ans. Que répondez-vous ?

Nous sommes dans un pays où il faut constamment rassurer parce qu’on a besoin de construire la confiance entre ceux qui gouvernent et les gouvernés sur ce que nous faisons. Le premier ministre n’est pas directement un des acteurs pour la mise en œuvre des dix points inscrits dans le chronogramme. Il est là pour coordonner, superviser. Donc, je ne vois pas en quoi son absence à Conakry peut impacter la durée de la mise en œuvre de la transition.

Il y a aussi d’autres membres du gouvernement qui sont à l’intérieur du pays. Certains demandent aux populations de soutenir les actions du CNRD. N’est-ce pas là une action globale ?

Non. D’abord, le ministre de la justice, il est en train de faire un formidable travail à l’intérieur du pays parce qu’il a visité des prisons. Moi-même j’en sais quelque chose ayant été incarcéré. J’ai vu des images de prisons… je ne pouvais jamais penser que de telles prisons existaient dans notre pays. Il y a des préfectures qui n’ont pas de prison, c’est le déplacement du ministre qui permet de faire découvrir tout ça. Ensuite, il livre un message clair et de fermeté au personnel pénitencier.

J’ai été incarcéré en Guinée, je sais ce que cela veut dire, les conditions d’incarcération. Le respect des droits des prisonniers, c’est très important. Aujourd’hui, que ce soit la première autorité judiciaire du pays qui prend la parole sur ces questions judiciaires-là c’est quelque chose de fondamentale. C’est aussi quelque chose qui va rassurer le personnel pénitencier, judiciaire pour la disponibilité de l’Etat à les accompagner dans la mise en œuvre de la politique pénale et celle judiciaire du pays. C’est quelque chose d’important. Maintenant, il ne faut pas confondre cela à une activité d’un ministre du gouvernement qui serait dans une forme coordonnée de déplacement à l’intérieur du pays.

Il y a le ministre de l’énergie qui fait des visites en Basse Côte ici parce que c’est un ministre qui n’a pas eu le temps de faire l’immersion avec nous, le ministre des Transports pareil, celui des infrastructures, pareil, le ministre de l’Habitat aussi…Ils n’étaient pas dans l’équipe gouvernementale qui a fait l’immersion. Donc, c’est clair que ces ministres ont besoin de refaire ce parcours que les autres membres du gouvernement ont fait dans leurs secteurs respectifs. C’est ce qui explique ces déplacements-là.

Revenons sur le dialogue politique. Qu’est-ce que le Gouvernement envisage pour le retour des acteurs ayant boudé les pourparlers en fin 2022 ?

L’UFDG, l’UFR, le RPG ne sont pas exclus du dialogue politique. Non ! Ils ont été invités avec tous les privilèges, à venir partager leurs points de vue autour du dialogue. Par contre, ces entités-là ont considéré que tant que leurs leaders ne sont pas là, elles ne viennent pas. Ce sont deux démarches qui sont différentes. Ils ne sont pas exclus. C’est eux qui ont pris la décision de ne pas venir participer, au mépris peut-être des droits de leurs immenses militants. Parce que s’ils revendiquent la majorité des militants, ils devraient respecter ces gens-là. Est-ce que c’est la position des militants de dire tant que tel leader ou tel autre n’est pas là, on ne participe pas aux affaires de la Guinée ?  C’est leur choix, nous n’avons rien à dire là-dessus. Mais personne n’a été exclu parce que même si le dialogue avait eu lieu, ce n’est pas peut être les premiers leaders qui allaient venir, ils allaient désigner des gens qui allaient venir avec leurs instructions pour aborder les sujets. Mais ils peuvent être tout aussi à Conakry, à Paris partout pour donner les mêmes instructions.

Tout ce qu’on peut dire, ce que personne n’a été exclu. C’est quand même dommage de se soustraire et de faire croire qu’ils sont exclus. On ne comprend pas cette attitude alors qu’aucune entité n’a été exclue pour le dialogue politique inter guinéen.  Ce dialogue pour nous, sur le calendrier de la transition et sur sa mise en œuvre, c’est quelque chose qui est dépassé. On a dépassé ça. On a déjà commencé à dérouler le chronogramme. Sauf s’il y a une nécessité dans l’avenir de réajuster ce calendrier ou son contenu, ce qu’on ne souhaite pas, mais si ça arrive, en ce moment-là, avec tous les participants, un autre schéma va s’ouvrir.

Maintenant, il y a des sujets sur lesquels le dialogue est toujours nécessaire, nous sommes l’Etat actuellement, les partis politiques, les acteurs de la société civile qui veulent participer à mieux faire et à mieux organiser notre société mais ils sont les bienvenus dans le dialogue. Ça c’est clair.

Est­-ce que par exemple parmi ces sujets-là, les conditions du retour des leaders exilés, Cellou Dalein Diallo, Sidya Touré, pourraient être abordés ?

Est-ce que ça c’est un problème guinéen ? est-ce que c’est un problème de l’Etat ? Chaque individu peut dire : non, moi je ne veux pas rentrer en Guinée parce que je crains pour ma vie, je crains d’être arrêté, il faut que l’Etat me donne des garanties avant que mon parti ne prenne part au dialogue. C’est très grave. Là on est en train de parler des partis politiques, on n’est pas en train de parler des personnes, quelque soit leur importance par ailleurs. On est en train de parler de personnes. Si la personne dit qu’elle ne peut pas rentrer au pays parce qu’il y a ci et ça, elle en a tout à fait le droit, mais elle ne peut pas dire : mon parti, mon organisation, mon association ne prendra pas part au débat politique guinéen. Ça c’est une aberration. Je pense que c’est très important de faire attention à ça.

Maintenant, est-ce que le président du CNRD est habilité à négocier pour dire à un leader ‘’venez’’ ? l’invitation ne s’adresse pas aux leaders, l’invitation s’adresse aux entités constituées. C’est très important. Ce n’est pas parce que le gouvernement guinéen était au dialogue que le président a pris part au dialogue ou le premier ministre. Non, ceux-ci ont désigné des représentants du gouvernement qui sont allés là-bas pour parler. Toutes les entités ont fait la même chose en envoyant des délégués.

On a l’impression qu’il y a quelque chose qui ne tourne pas bien. Comment comprendre alors l’attitude de la Cedeao qui continue de demander un dialogue inclusif ?

Ce qu’on demande à la CEDEAO, c’est d’être à l’écoute de la Guinée. L’immense majorité des acteurs politiques et de la société se sont réunis et ont abouti à quelque chose. La CEDEAO doit être attentive aussi aux préoccupations de ces populations, non pas seulement être à l’écoute d’une catégorie quelle qu’elle soit, et c’est très important. Mais j’ai une lecture plus nuancée, je sais que la CEDEAO a apporté tout son soutien à ce dialogue. Elle était là pour apporter les corrections nécessaires. Il ne faut pas oublier que ce n’était pas le calendrier initial du gouvernement.

C’est les experts techniques de la CEDEAO qui sont venus apporter la correction au chronogramme. Donc, ils sont co-auteurs de ce qui est sortis là parce que c’est eux qui sont venus remettre en cause en quelque sorte ce que nous avions prévu. Donc, ce n’est pas que le gouvernement guinéen qui a fait ça, la CEDEAO aussi était là pour apporter son expertise pour nous permettre d’aller de 36 à 24 mois de transition. Donc, il ne faut pas présenter ce résultat comme un résultat unilatéral du gouvernement. C’est un résultat qui a été obtenu avec le concourt de la CEDEAO qui était impliqué dans les moindres détails de la planification. Ceci dit, la CEDEAO ne peut pas être contre elle-même.

Dans ce cas, comment comprenez-vous la démarche du président en exercice de la CEDEAO consistant à prendre des initiatives d’engager des consultations pour la tenue d’un nouveau dialogue ?

On ne peut pas savoir pourquoi il agit ainsi. Mais nous ne jugeons pas les attitudes du président en exercice de la CEDEAO, nous jugeons les conclusions de la conférence des chefs d’Etat. Ces conclusions accompagnent le gouvernement guinéen et l’encouragent à aller dans la mise en œuvre dialogue politique. C’est tout ce qui nous intéresse.

Après, on ne va pas personnaliser le débat au niveau de la CEDEAO. Lorsque tous les chefs d’Etat se réunissent et prennent une décision, cela a nettement plus de poids que la volonté d’un d’entre eux quel qu’il soit. C’est très important d’accorder plus de poids à la conférence des chefs d’Etat. Parce que c’est elle en dernier ressort qui est l’instance habilitée à trancher sur ces types des questions.

A suivre…

Entretien réalisé par Boubacar 1 Diallo & Oumar Bady Diallo

Pour Africaguinee.com

Tel : (00224) 655 311 112

Créé le 8 février 2023 06:07

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