Syndicats-Gouvernement : Tibou Kamara a du pain sur la planche…

CONAKRY- Plusieurs jours après l’ouverture du dialogue direct entre les syndicats à l’origine de la grève qui paralyse le secteur de l’enseignement pré-universitaire et les membres de la commission chargée de négocier au nom du Gouvernement, aucun accord n’a pour l’instant été trouvé.
La rencontre entre Alpha Condé et Aboubacar Soumah, le leader des grévistes, avait suscité de l’espoir. Après plusieurs jours de négociation, la fumée blanche n’est pas encore sortie de la salle des actes du Palais du peuple. Les représentants du syndicat libre des enseignants chercheurs de Guinée affichent plus de fermeté. Plusieurs de leurs points de revendication sont « non négociables ». Aboubacar Soumah et ses camarades revendiquent le payement intégral des 40% avec effet rétroactif.
Tibou Kamara, le Conseiller personnel du Chef de l’Etat, malgré sa subtilité dans les négociations, a pour l’instant du mal à convaincre ses interlocuteurs. Plusieurs obstacles se dressent devant lui.
Premièrement, la marge financière de l’Etat est très limitée. Ce qui rend un peu difficile les négociations puisqu’à date, la commission qui représente le Gouvernement n’a fait aucune contre proposition aux syndicalistes. Deuxièmement, Soumah et ses camarades sont devenus très méfiants. Ils ne veulent plus des promesses. Ils exigent du concret.
En 2017, le Gouvernement guinéen avait obtenu un accord avec les centrales syndicales. La Confédération nationale des travailleurs de Guinée et l’Union syndicale des travailleurs de Guinée avaient souscrit à un accord qui prévoyait justement cette augmentation des 40%. Ce qui atteste qu’il ne s’agit point d’une nouvelle revendication. Ce qu’exigent Soumah et ses camarades, c’est l’application immédiate de cette augmentation avec effet rétroactif, alors que le Gouvernement avait échelonner cette augmentation jusqu’en 2019. A la fin du mois de février 2018, 10% ont déjà été pris en compte.
Le SLECG qui n’avait pas pris part aux négociations antérieures, soutient qu’on ne saurait lui opposer le contenu de l’accord.
Aboubacar Soumah serait-il en quête d’une légitimité au sein du mouvement syndical ? Aujourd’hui, bon nombre d’observateurs s’interrogent sur l’objet de la grève du moment où l’essentiel des points de revendication font partie de l’accord qui avait été signé avec le Gouvernement et le patronat en 2017.
« Je pense que Soumah est en quête de légitimité. Il veut prouver aux enseignants qu’il est capable de leur trouver mieux que ce qu’avaient obtenu la CNTG et l’USTG. Ce qui rend les négociations un peu compliquées parce qu’il ne peut pas retourner vers sa base sans pour obtenir quelque chose », a indiqué un syndicaliste interrogé par notre rédaction.
Amadou Diallo
Pour Africaguinee.com
Créé le 5 mars 2018 11:22