Monnaie guinéenne : pénurie de coupures de 500 et 1 000 Gnf…

CONAKRY-Les billets de banque de cinq cent (500) et de mille (1000) francs guinéens (GNF) ont quasiment disparu de la circulation. Le manque de ces coupures se fait ressentir de plus en plus à Conakry. Cette pénurie de la petite monnaie a des répercussions dans de nombreux secteurs. Dans le Transport urbain par exemple, cette rareté est devenue une source de tension entre passagers et chauffeurs de taxis. De nombreux citoyens de la capitale s’en plaignent.
Cette crise monnaie qui devient aiguë donne souvent lieu à des disputes ou des altercations entre conducteurs de taxis et passagers. Les marchands rencontrent les mêmes difficultés avec leurs clients. Lamine Sakho, chauffeur de taxi sur le tronçon Cosa-Tannerie, en est excédé :
« Effectivement, nous sommes confrontés au manque de coupures de 1 000 Gnf dans la circulation. Quelquefois cela cause d’énormes problèmes entre nos passagers et nous. La dernière fois j’ai failli me faire passer à tabac par un passager parce que je lui avais dit que je n’avais pas de monnaie. Il a fallu l’intervention des uns et des autres pour calmer ses nerfs. Si les autorités ne nous aident pas à avoir les petites coupures notamment de 500 et de 1 000 gnf, cela pourrait causer d’énormes problèmes entre les usagers et nous« , lance ce chauffeur.
Au carrefour Cosa, Dr Onivogui Bienvenu peinait à embarquer pour Bambeto ce jeudi faute de billet de 1000 Gnf. Dans un coin de la rue, il a accepté de revenir sur l’impact de cette situation sur lui et les sur les usages.
« Je suis là depuis plusieurs minutes en plein ramadan et carême. Je veux me rendre à Bembeto, mais faute de billet de 1000 gnf, je peine à embarquer. Des fois, on est obligé de laisser notre monnaie avec les chauffeurs. Ce qui n’est pas normal, surtout en cette période de mois de Ramadan et de carême. Si c’est le matin, les chauffeurs ne te prennent pas pour un seul tronçon si tu n’as pas la monnaie. Tu es obligé de laisser cela dans leurs mains« , se plaint-il.
Un autre passager rencontré au marché de Koloma, dans la commune de Ratoma, demande aux autorités d’émettre de petites coupures pour mettre fin aux disputes entre chauffeurs et passagers.
« L’État doit mettre les petites monnaies en circulation, car cela valorise la monnaie. Donc, c’est à la Banque centrale de le faire afin de pallier ce problème, sinon, cela risque de créer des problèmes entre les usagers et les chauffeurs. J’avoue que ce problème ne se pose pas seulement entre les chauffeurs et les passagers, mais c’est la même chose dans les différents marchés aussi », a-t-il indiqué.
Interrogé sur cette situation, Dr Alhassane Makanera Kaké, juriste et économiste, propose quelques solutions au problème.
« Il nous faut une discipline monétaire, et cela doit passer par la réforme du système monétaire appliqué en Guinée, et surtout par la réforme de la finance publique, qui va encourager la production nationale afin que ces billets puissent trouver leur équivalent sur le marché, notamment en termes de petites coupures. En effet, le mécanisme de l’offre et de la demande détermine le prix. Donc, en d’autres termes, pour que nous puissions faire circuler les petites coupures, il faut booster la production nationale, et le mécanisme de l’offre et de la demande permettra de fixer le prix à un niveau où les petites coupures peuvent avoir leur valeur en tant que biens », a-t-il indiqué.

La semaine dernière alors qu’il recevait le Premier ministre, le Gouverneur de la Banque centrale Dr. Karamo Kaba avait vanté la bonne santé de la monnaie guinéenne depuis le 05 septembre 2021. Il avait soutenu que depuis septembre 2021, la « monnaie Guinéenne est la monnaie la plus forte au monde contre le dollar ». Et ça, ajoutait-il, « tout le monde peut le vérifier… la monnaie Guinéenne se porte très bien ».
Mamadou Yaya Bah
Pour Africaguinee.com
Créé le 10 mars 2025 10:00Nous vous proposons aussi
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