Mali Yimbéring : A la découverte de 123 ans d’histoire coloniale et administrative d’une préfecture aux riches potentialités touristiques et agricoles…

MALI- Située dans l’extrême Nord de la République de Guinée, Mali Yembering fait partie des premiers cercles reconnus par l’administration coloniale appelée Guinée française, devenue République de Guinée en 1958. Perchée dans les contreforts du Foutah Djallon, cette préfecture qui abrite le Mont Loura qui culmine à 1 515 mètres d’altitude, est riche d’histoire. Son climat humide presqu’en toute saison, la fertilité de son sol encore sous exploitées lui donne un attrait particulier. Africaguinee.com vous plonge dans un voyage inédit au cours duquel vous allez découvrir 123 ans d’histoire de cette préfecture de la Moyenne Guinée.

Tout est parti du village de Madina Kouta ensuite de Doghel Sigon avant que le cercle ne soit installé définitivement et officiellement sur le plateau de Tangué (actuel Mali centre) à cause du climat frai dans la zone. L’histoire de cette préfecture occupée dès les années 1901-1902 par les colons français venus du Sénégal est toujours vivante, parfaitement maîtrisée presque par tous les citoyens résidents. Pour cause, ce passé est partagé à tout moment par les anciens sur la base des écrits encore jalousement conservés par exemple par le doyen Elhadj Ousmane Dieng, professeur d’histoire et de sociologie à la retraite. Ce fils de chef de Canton qui a très tôt bénéficié de l’instruction avec d’autres enfants de Mali marque les esprits quand il explique l’histoire de sa préfecture natale aux riches potentialités touristiques et agricoles. Une autre particularité de Mali : A l’époque, l’éducation et l’instruction étaient dispensées à tous les enfants sans distinction aucune, contrairement à d’autres contrées où seules les familles des nantis jouissaient du droit d’aller à l’école. Une vision des premiers chefs de canton. Ce qui explique la forte dominance intellectuelle dans cette préfecture.

Là, c’est rare de rencontrer un ancien qui ne manie pas à volonté la langue de Molière, qu’il soit homme ou femme. Le nombre élevé de retraités aussi en fait foi.  De l’occupation coloniale à la succession des administrateurs de 1902 à 1958 (administrateurs coloniaux) de 1958 à 2024 (administrateurs guinéens) au nombre de 72 en tout (français et guinéens), le doyen Dieng se confie à Africaguinée.com dans une parfaite chronologie. Il a aussi éclairé l’opinion sur le colon Destibot qui s’est donné la mort par balles à Mali en 1920, un drame peu connu dans les annales de l’histoire coloniale.

« A l’instar des autres préfectures, Mali a connu la colonisation. Vous savez 1884-1885, la conférence de Berlin s’est tenue. Elle avait réuni les puissances occidentales avec comme objectif de conquérir et partager l’Afrique sans conflit entre elles. En ce qui concerne le cercle de Mali, les administrateurs français, sont arrivés ici au début du 20ème siècle.

En 1902 les colons entrent à Madina Kouta (Mali) via le Sénégal

La présence des colons à Mali remonte à 1902, ils étaient en provenance du Sénégal voisin. Ils se faisaient passer pour des commerçants pour tromper la population locale. Ils sont venus directement de la région de Kédougou (Sénégal) qu’on appelait à l’époque la haute Gambie. Ils sont arrivés pour la première fois dans le village de Madina Kouta, au bas-fond. Madina Kouta relève aujourd’hui de la sous-préfecture de Lebekering (autre poste frontalier avec le Sénégal NDLR). Quand ils sont arrivés, ils ont construit un poste militaire sans l’accord de la population.  Après cette construction, ils étaient déjà en nombre important, ils se sont installés en 1903. En 1904, ils avancèrent pour créer un autre poste militaire à Doghel Sigon (une autre sous-préfecture de Mali NDLR) qu’ils ont appelé cette fois ci ‘’ CERCLE’’. Entre 1904-1905 et les années qui ont suivi, ils sont restés à Doghel Sigon. C’est en 1909 qu’ils sont arrivés à Mali centre où nous sommes.

Pourquoi Mali centre était le choix idéal après Madina Kouta et Sigon pour le colonisateur ? (Contenu des lettres adressées à Antoine Marie Auguste Frezoul, gouverneur de colonie à Conakry)

Les raisons qui ont prévalu à leur installation définitive à Mali centre et non à Sigon sont les suivantes. En 1905, le colon a traversé Mali centre, il a profité du climat doux et tout. Ce qui fait que le 31 décembre 1905, l’administrateur blanc qui était à Doghel Sigon du nom de Commandant Chafaud prend sa plume pour s’adresser au gouverneur de colonie à Conakry. A cette époque on ne parlait pas de stylo, mais plutôt de plume et d’encre. Dans sa correspondance il décrit Madina Kouta et Sigon comme des endroits difficiles à vivre pour justifier sa volonté de s’installer à (Mali centre) appelé aussi « plateau de Tangué »

Je paraphrase pour vous le contenu de la note de Chafaud adressée au chef de colonie à Conakry, : « Madina Kouta est le chef-lieu d’une province dont les ¾ des populations habitent les montagnes. Les cases sont construites en une symétrie intelligemment conçue.  Ensuite l’on se demande comment les européens qui y vivent ont eu à cœur de quitter cette localité. A Madina Kouta les cases sont tellement serrées que si une prend feu c’est tous les autres qui seront la proie des flammes. Madina Kouta est à 400 mètres d’altitude suivie d’une chaleur si terrible que les européens qui y vivent sont obligés de s’enfermer dans leurs cases 2 à 3 heures avant le coucher du soleil pour éviter d’être envahis par les moustiques avec des piqures sévères. La chaleur est intenable. Madina Kouta qui avait été considéré au début comme un paradis s’est révélé comme un enfer à cause de la chaleur. Donc il faut mettre croix sur Madina Kouta » contenu notre sur Madina Kouta

Contenu Note sur Sigon : « Sigon Chef-Lieu de la province de Yembering. A Sigon souffle un vent violent contre lequel on ne saurait prendre des précautions, il s’agit bien de l’Harmattan. Un jour j’étais au bureau, un hibou est passé par la fenêtre pour se poser sur mon épaule droite. J’ai expliqué aux sages du village, ils m’ont fait savoir que c’est un mauvais présage ». Second contenu pour convaincre le gouverneur de quitter Sigon, une notre écrite le 31 décembre 1905.

Mots flatteurs pour justifier sa volonté de s’installer à Mali centre : « j’ai parcouru le plateau de Tangué (actuel Mali centre). Le lieu est central juste entre les deux circonscriptions (Madina kouta et Sigon). L’air est frais et sec, c’est un climat européen. Les moustiques ne sont pas connus au plateau de Tanguè. En plus, trois sources d’eau sortent de ce plateau, et prennent trois directions différentes. Ce qui laisse supposer l’existence d’une nappe importante sous ce plateau. L’habitation d’abord c’est l’eau. C’est là que je souhaiterais installer le cercle ». (Correspondance écrite le 31 décembre 1905 à Sigon).

Suite de la correspondance parvenue au gouverneur de Colonie, Frezoul

Quand la correspondance est parvenue au gouverneur de la colonie à Conakry, (Antoine Marie Auguste Frezoul a été gouverneur de Conakry du 28 septembre 1904 au 27 Mars 1906 NDLR), il a directement donné le feu vert pour supprimer Madina Kouta et Sigon comme cercle au profit du plateau de Tangué comme chef-lieu de Cercle. Ils ont commencé la migration en 1908. En 1909 ils s’installent défectivement.

Toujours en 1909, ils (les colons) créent la subdivision. C’est à partir de 1909 pour être précis qu’ils se sont passé des postes des militaires et du cercle pour mettre en place la subdivision de Mali.

C’est dans ce processus de démantèlement l’Etat du Fuuta théocratique qu’est né l’idée de remplacer les provinces par une autre organisation. Quelle est cette organisation ?

C’était le cercle, de Labé, subdivision de Mali, ensuite les cantons puis les villages. Pour l’histoire, Mali est devenue une subdivision en 1909 au temps du premier administrateur de Mali commandant Chafaud.

1910-1912 (premier lotissement et création de la toute première école de Mali). L’administration coloniale française a continué son occupation, les colons ont fait le premier lotissement de la ville entre 1910 et 1911. La première école de Mali a été fondée en 1912 avec un effectif de 32 élèves dont mon défunt père Alpha Mamadou Cellou Dieng, mais dans cet effectif, il n’y avait aucune fille. Le premier instituteur s’appelle Alexandre Emerson, un soussou de Boké. Lui-même formé à l’école normale de Saint-Louis au Sénégal.

Les provinces de la subdivision de Mali devenues canton et leurs dirigeants 

Comme je vous ai dit après la création de la subdivision, il fallait tout remplacer dans tout le pays. Mali avait 6 provinces qu’on appellera plus tard cantons. C’est d’abord la province de Sangala (actuel Balaki) dirigée par un certain Baaba Niakasso,

La province de Yembering doirigée par Thierno Mamadou Cellou Kansaghel,

La province Pellal Komba ou Komba Nord dirigée par Thierno Yaya

La province de Wora-Sabè devenu Madina Wora dirigée par Alpha Mamadou Cellou Diallo

La province de Baara dirigée par le lieutenant Annou Diallo (premier officier de la Guinée Française, il ne faisait pas partie des chefs de cantons qui devaient commander mais il a été récompensé par l’administration coloniale)

Et le canton de Mali dirigé par Alpha Mamadou Oury Dieng, mon grand-père direct.

Succession chronologique des administrateurs coloniaux à Mali de 1909 à 1958, année de l’indépendance

Le commandant Chafaud fut le premier administrateur (1909 à 1915). Ensuite, il y a eu Henri, Dupus, Flod de Pougeole, Fousset et enfin Coenda. Ils tous ont dirigé la subdivision de Mali de 1909 à 1915 soit six ans de succession. Après il y a eu le Commandant Casterand en 1916, le Commandant Destibot 1917-1920 (Monsieur Destibot s’est suicidé à Mali ici en octobre 1920).

Pourquoi Destibot s’est-il suicidé ?

 Les circonstances de sa mort sont là. Je vous dis Destibot était le commandant de la subdivision de Mali de 1917 à 1920. Destibot vivait là avec son épouse. Pendant les vacances, sa femme est partie en France pour passer 2 mois. Destibot est resté sur place. Il semblerait qu’il est entré en relation amoureuse avec une femme de Mali ici. Vous savez les choses se découvrent à la longue. Le commandant de cercle de Labé en a vite appris à travers une femme de la localité. Malheureusement le courant ne passait pas bien entre le commandant du Cercle de Labé et Monsieur Destibot, chef de Subdivision de Mali. Et Destibot dépendait du Commandant de Cercle de Labé, si vous voulez c’est comme le gouverneur et les préfets. Entretemps, la femme de Destibot est rentrée de Paris jusqu’à Conakry. Le commandant de cercle de Labé a conseillé Mme Destibot de rentrer vite à Mali parce qu’elle a déjà une coépouse à la résidence. Elle quitte Conakry pour arriver à Labé. C’est de Labé que Mme Destibot informe son mari qu’elle est arrivée à Labé, par le courrier postal et qu’elle sera à Mali. Ce message a mis Destibot dans une situation difficile. Il ne pouvait pas être tranquille consciencieusement.

Un début de soirée il prend son diner comme d’habitude. Quand il a fini, il a demandé aux gardes de se retirer. Destibot va à la toilette, cette chambre existe encore de nos jours, le bâtiment même existe là, c’est la première résidence coloniale. Il a pris un fusil qu’on appelle mousqueton, il a placé une cartouche pour se donner la mort en se pointant la bouche, la balle a touché la boite crânienne. Le coup de feu a alerté les gardes. Ils ont compris que quelque chose se passe. Ils sont venus voir, le commandant blanc était déjà mort. L’administration coloniale avait un commis appelé agent spécial ; celui-ci a été informé, la ville est informée. Une correspondance a été envoyée au chef de canton à Hoore Siidon pour annoncer la nouvelle. Voici les circonstances de la mort de Destibot, peut-être avec la honte il n’a pas voulu croiser les yeux de sa femme en route pour le Mali. 

Après Destibot, Martin Chastreix (1920-1921) est venu, puis Bernard (1921-1922), Monsieur Mitteraire (1922, décédé à Mali ici le 22 Aout 1922). Mitteraire était en recensement démographique à Wora-Sabè actuel Madina Wora quand il a contracté la fièvre jaune, rentré d’urgence à Mali centre il décède. Après ceux-ci, il y a les Commandants Boulanger (1923-1927), Kentri Lamonte (1927-1931), Raoul (1931), Monsieur Meunier (1931-1932à, Michelon (1932-1933à, De Kantelard (1933-193), Vigier (1934-1935), Monsieur Ossoni (1936), Bichat (1936-1937), Marcechau Gaston (1937-1939). Ce dernier et le chef de canton qui ont découvert la dame de Mali au Mont Loura alors qu’ils étaient en recensement Démographique à Tensira. C’était en 1937. Après, suivirent le Commandant le Grontec (1939-1940), Monsieur Gros Loup (1940-1941), Galiené Réné (1941-1942), Monsieur Gardère (1942-1943), Monsieur Moreau (1943, ce qui a signé mon extrait de naissance en 1943), Monsieur Anthony Géant (1944-1946), Commandant le Corfec (1946-1947), Angeleni Paul (1947-1948), Monsieur Pierre Serval (1948-1950) qu’on a connu à notre enfance, Baleine Jean (1950-1951), Commandant De la Roche (1951-1953), François Calistix (1953-1955), Marcel Peton (1955-1957), Monsieur le Floche (court séjour Janvier Juillet 7 mois, Éginhard (2 mois seulement Juillet Aout 1957), Menard 1957-1958 (septembre 57 à Février 1958). Le commandant Gros Desormeaux est le 39ème et dernier administrateur de la subdivision de Mali. Il est resté de février 1958 à l’indépendance de la Guinée le 2 octobre 1958. Au referendum du 28 septembre 1958 il était là. De Chafaud à Menard, ils sont 39 administrateurs coloniaux qui se sont succédés à Mali ; de la création de la Subdivision de 1909 à 1958.

Elhadj Ousmane Dieng a été généreux en confidences avec Africaguinee.com. Après l’administration coloniale, il a aussi partagé avec les administrateurs guinéens de 1958 à 2024.

PREMIERE REPUBLIQUE

Le tout premier administrateur de Mali en tant que Gouverneur, c’est Ibrahima M’baye, d’origine sénégalaise (1958-1959), Bella Doumbouya (1959-1962), Daye Diallo (1962-1964), Elhadj Mbemba Diakhaby (1964-1965), Falilou Diallo, (1965-1966), Tamba Kalas Traoré, (1966-1967), Yoro Diarra (1967, 7 mois seulement), Sidiki Coulibaly (1968-1970), Mamadou Tounkara, natif de Mali (1970, 8 mois), Moussa Sandiana Camara (1971-1973), Karamoko Kouyaté (1973-1974), Mohamed Sacko (1974-1980), Elhadj Banani Diallo (1980-1982), Elhadj Mamadou Aliou Diallo (1982-1984, prise du pouvoir par le CMRN sous la direction de colonel Lansana Conté).

Sékou Touré, premier président de la Guinée
Sékou Touré, premier président de la Guinée

DEUXIEME REPUBLIQUE (l’appellation gouverneur, change au profit de préfet).

Le capitaine Souleymane Camara (3 Avril 1984- Novembre 1984) est le premier administrateur sous la magistrature de feu président Lansana Conté. Il a été suivi par : Capitaine Cécé Balamou (novembre 1984- octobre 1985), Commandant Bouba Diallo (octobre 1985-septembre 1986), Capitaine Abdoul Salam Diallo (septembre 1986-decembre 1988), Abdoulaye Diouma Diallo (décembre1988-1er Mai 1991), Oumar Tanou Sow, (1er Mai 1991-Avril 1993), Commandant Sékou Camara, (Avril 1993-Aout 1994), Issa Doumbouya, (Aout 1994-5 janvier 1996), Mamadouba Camara, (5 janvier 1996-4decembre 1996), Charles André Haba, (4 décembre 1996-21 juillet 1998), Fodé Sylla, (21 juillet 1998-26 janvier 2001), Mamadou Saliou Camara dit Papa jeunesse, (26 janvier 2001-26 novembre 2004), Sékou Conté, (26 Novembre 2004-22 juin 2007), Fansoumane Touré (22 juin 2007-24 décembre 2008).

Feu Général Lansana Conté
Feu Général Lansana Conté

PRISE DU POUVOIR PAR DADIS CAMARA (décembre 2008)

Capitaine Faindo Nikavogui, (24 Décembre 2008-7mars 2011),

TROISIEME REPUBLIQUE (ALPHA CONDE)

Elhadj Harouna Souaré (7 mars 2011 à 2020), Mohamed Deen Camara (de 2020 au 5 septembre 2021).

PRISE DU POUVOIR PAR LE CNRD

Lieutenant-colonel Pévé ZOUMANIGUI (5 septembre 2021-18 novembre2021), Colonel Manson Sangala Camara, préfet de Mali depuis le 18 novembre 2021. Il est officier de la marine et natif de Mali. Il est le 72ème administrateur de Mali.

Alpha Ousmane Bah, de retour de Mali

Pour Africaguinee.com

Tel : (+224) 664 93 45 45

Créé le 8 juillet 2024 11:04

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