Mali Yembering : À la découverte d’un trésor touristique ignoré au cœur du Mont Loura

MALI – La nature a particulièrement doté la préfecture de Mali de richesses touristiques remarquables. Elle compte à elle seule plus de 75 sites naturels au potentiel exceptionnel. Pourtant, aucun de ces sites n’est véritablement aménagé, à l’exception de la célèbre « Dame de Mali », qui reste le plus connu et le plus visité.

Mais cette attractivité naturelle est freinée par de nombreux obstacles : absence d’infrastructures hôtelières, manque de grands restaurants, aucune agence bancaire, et état critique des routes. Des difficultés qui dissuadent bon nombre de visiteurs et empêchent les populations locales de tirer des revenus du tourisme.

Malgré l’éloignement de Conakry et l’inaccessibilité de certaines zones, la préfecture de Mali reçoit chaque année quelques touristes. Un espoir pour les acteurs du secteur, mais un espoir fragile.

Nous avons rencontré Oumar Sadio Souaré, guide touristique et instituteur en service à l’Office du tourisme de Mali. Passionné par la valorisation du patrimoine local, ce doyen, qui entretient des échanges avec ses homologues du Sénégal et du Mali (pays voisins), se dit préoccupé par le retard touristique de la Guinée par rapport à ces pays.

Il affirme que le nombre de visiteurs du site de Mali a chuté de manière drastique entre 1999 et 2025, malgré la renommée de certains lieux comme la Dame de Mali. Aujourd’hui, il plaide auprès du ministère de la Culture, du Tourisme, de l’Hôtellerie et de l’Artisanat, pour la construction d’un hôtel et l’aménagement d’au moins cinq sites touristiques prioritaires. 

 

Pour lui, c’est le minimum nécessaire pour enclencher une véritable dynamique de développement dans la région.

AFRICAGUINEE.COM : Vous êtes guide au compte de l’Office du Tourisme de Mali. Avez-vous une idée précise du nombre de sites touristiques dans votre préfecture ?

OUMAR SADIO SOUARÉ : Officiellement, la préfecture de Mali compte plus de 75 sites touristiques. Mais des visiteurs européens m’ont confié que Mali pourrait en compter plus de 1 000, tant les potentialités sont immenses : montagnes, plaines, grottes, forêts… Le fleuve Gambie y prend également sa source et traverse plusieurs localités. Pourtant, beaucoup de visiteurs se limitent uniquement à la Dame de Mali, alors que ce site est loin d’être le seul à mériter de l’attention.

Par exemple, le long du fleuve Gambie, nous avons plus de quatre sites majeurs. Dans la sous-préfecture de Yembering, il existe des lieux d’intérêt à Wora, Niirè et Daali. À Sigon, une montagne mystérieuse abrite, selon la tradition, les âmes des anciens combattants. Il y a aussi les châteaux de Lebekering, la mosquée souterraine de Madina Kouta, ou encore la montagne de Balaki, un site interdit à la communauté peule. Là-bas, si un Peul est piqué par une abeille, il en meurt, dit-on. Les membres des autres communautés, eux, peuvent y aller sans danger.

Les puits de Wouyouka, les cordonniers traditionnels de Sigon Sabè, et la montagne de Wora qui ressemble à un chien assis complètent cette liste non exhaustive. Franchement, le potentiel touristique de Mali est exceptionnel, mais malheureusement il reste inexploité.

Des difficultés structurelles qui freinent le développement du tourisme

Le tourisme à Mali fait face à de nombreuses contraintes :

  • Aucun des 75 sites officiels n’est aménagé, pas même le Mont Loura, pourtant le plus visité. 
  • Absence d’hôtels, de grands restaurants et de banques dans toute la préfecture. 
  • Routes impraticables, notamment en saison des pluies. 
  • Peu de stations-service disponibles pour les voyageurs.

Tous ces obstacles découragent les touristes. Résultat : le nombre de visiteurs a chuté drastiquement depuis les années 2000.

Moi-même, j’ai pu bénéficier d’une formation en visitant des pays comme le Sénégal ou le Mali voisin. Là-bas, j’ai constaté que les recettes issues des visas touristiques sont partiellement reversées aux structures locales pour soutenir le secteur. C’est ce genre de mécanisme qu’il nous faut ici. Je l’ai dit à plusieurs reprises, même si cela ne plaît pas à tout le monde.

Un secteur en survie

Notre survie dépend des rares visites. Quand un touriste vient et qu’on le guide jusqu’à la frontière du Sénégal, il paie 150 000 GNF, dont 50 000 GNF vont à l’Office du tourisme. Mais s’il n’y a aucune prestation encadrée, il ne paie rien. Et comme aucun site n’est aménagé, il n’existe aucun guichet de paiement ou de billetterie à l’entrée.

Malgré cela, nous continuons d’y croire. Mais sans investissements publics dans l’hôtellerie, les routes, l’aménagement des sites et la promotion touristique, Mali Yembering restera à la traîne, alors qu’il pourrait être un véritable moteur de croissance économique pour toute la région.

Démarche vers les ressortissants afin de construire des hôtels

Nous avons toujours sensibilisé nos ressortissants qui ont des moyens de penser à construire des hôtels.  On leur a dit de prendre l’exemple sur Labé, Kindia ou ailleurs ; où ce sont  les ressortissants qui ont construit des hôtels. Ce sont les privés qui construisent les hôtels. Ici le climat est beau, doux mais pour se reposer il faut un hôtel quand-même. Un restaurant haut standing bien aménagé où les touristes peuvent manger un plat préféré. Les touristes se plaignent vraiment.

Tracasseries à la frontière, problème de visa

A nos frontières c’est difficile quand vous partez au Sénégal. En entrant en Guinée il y a trop de tracasseries.  Ce qu’on demande aux touristes est trop. On a ce problème. Nous avons toujours dénoncé.  Avoir le visa touriste n’est pas facile alors qu’au Sénégal voisin les touristes peuvent entrer sans visa. 

Nombre de visite des touristes à Mali de 1999 à 2025

En 1999, Mali a reçu 28 touristes, En 2000, 60 ; 107 en 2001 ; 218 en 2002 ; 286 en 2003 ; 398 en 2004 ; en 2005, record 1155 touristes sont venus. (….) Lors d’une rencontre annuelle au Sénégal en 2008, j’ai dit à des collègues que j’ai reçu 1342 touristes ; ils ont applaudi et m’ont demandé combien j’ai empoché. Quand je leur ai dit zéro franc ; ils n’en revenaient pas. C’était décourageant. Les touristes se font enregistrer à l’office mais pour qu’ils payent il faut les faire visiter quelque chose ce qui n’est pas le cas.  En 2009, nous avons reçu 622 touristes ; 258 en 2010 ; 714 en 2011 ; 1304 en 2012 ; 837 en 2013 ; 396 en 2014 ; 21 en 2015 ; 198 en 2016 et 265 en 2017. Je pense que le plus grand nombre de visiteurs s’arrête là. Le reste est insignifiant.

Une plaidoirie pour le renouveau touristique à Mali

J’ai parlé avec des hautes personnalités avant aujourd’hui, maintenant comme c’est un jeune qui est ministre, nous  souhaitons qu’il pense à changer certaines choses à Mali. Quand vous prenez Binndè-Fello au Sénégal ici, 30% des revenus de la commune viennent du tourisme, chez nous c’est vérifiable aucune trace de revenus dans nos communes venant du tourisme. Donc ce que je vais demander au ministre de la culture, du tourisme d’aménager ou de faire aménager par des privés au moins 5 sites touristiques et construire un hôtel. Ainsi les gens vont revenir travailler. Aujourd’hui même les fils de Mali qui ont fait hôtellerie et tourisme n’ont pas le courage de rentrer ici faute de débouchés. Dès  que quelques sites seront  aménagés ; des hôtels construits, beaucoup de chômeurs vont trouver de l’emploi. Si cela est corrigé, la commune peut avoir de l’argent et ouvrir les routes, cela va nous encourager  à investir dans la restauration. Nous comptons entièrement sur lui (Ministre de la culture, du tourisme et de l’hôtellerie) surtout depuis l’avènement du CNRD des proches du pouvoir échangent avec nous. Nous demandons au ministre de visiter au moins 2 ou 3 sites à Mali et rencontrer les  acteurs, les ONG ou le gouvernement pour qu’on ait des hôtels à Mali. L’autre ouverture importante pour le tourisme à Mali, il y a beaucoup d’artisans ici et des producteurs agricoles, nous exportons du miel vers le Sénégal après on dit que c’est du  miel du Sénégal mais en réalité c’est le miel de la Guinée ; des tomates, de la pomme terre, vous verrez plusieurs camions chargés en direction du Sénégal, on célèbre même la fête de la pomme de terre ici. Si le tourisme est développé parallèlement à ces atouts majeurs, le décollage est automatique. Il faut encourager les touristes à venir en améliorant les conditions surtout que nous avons un climat très favorable. Les populations de Mali sont très accueillantes. Dans les registres , les visiteurs mentionnent toujours qu’ils sont bien reçus.

 Liste des sites touristiques bien connus à Mali-Yembering 

Le mont Loura, le mont Lansa,  le sage et la dame de Mali, le téléphone de la dame, la chute de Koumeya, les cascades de Guillo, les cascades de Wougnè, les cascades de la GAMBIE, la chute de Kantou, Petoy Naaly, La grotte de Fougou, le mont Sondomoli, les hirondelles de Horè Lyti, les cascades de la Gambie numéro 2, les abeilles guerrières de Wouyouka, la tombe de Sanda, la grotte de Bhourouya, la grotte et la chute de Soulounden, les hauts fourneaux de Gaya, Gnirè(dent) de Daaly,  Kourè Gnaky dans Touba, les puits creusés par Koly Tenguela, la mosquée souterraine de Madina kouta, l’amant de la dame de Mali, les cases traditionnelles de Pellal, la chute et les cascades de Panna, Les teinturiers de Tinsira, les tisserands de Mali, Les Tisserands de Kolossi, les cordonniers de Sigon.

 

Entretien réalisé par 

Alpha Ousmane Bah

Pour africaguinée.com

Tel. (+224) 664 93 45 45

 

Créé le 15 juin 2025 13:55

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