La Lutte contre le Sida en Guinée « menacée » par le gel de l’aide Américaine : fermeture annoncée d’une institution clef…

CONAKRY – La décision de l’administration Trump de réduire massivement l’aide internationale américaine, avec la suppression de 92% des financements de l’USAID pour les programmes à l’étranger, fait craindre le pire dans de nombreux pays. En Guinée, cette coupe drastique intervient à un moment charnière voire critique pour le programme national de lutte contre le VIH Sida. Dans un entretien accordé à Africaguinee.com dont l’intégralité sera publiée ultérieurement, le Dr Abass Diakité, Secrétaire exécutif du Comité National de Lutte contre le Sida (CNLS), a tiré la sonnette d’alarme. Explications.

Fermeture de l’ONU SIDA en Guinée

Le Dr Diakité exprime de vives inquiétudes quant aux répercussions directes de cette décision annoncée en février dernier par le Gouvernement américain, sur le terrain. Il anticipe la fermeture de plusieurs structures essentielles, citant notamment le cas d’ONUSIDA :

« Il y a beaucoup de structures qui vont être fermées. Par exemple, je regrette de vous dire qu’en Guinée, d’ici fin septembre, le bureau de l’OnuSida va être totalement fermé. Et l’OnuSida nous a apporté beaucoup financièrement, techniquement. Et sur tous les plans. Donc ça a une conséquence directe« , confie Dr Diakité.

L’USAID, acteur majeur dans le domaine de la santé en Guinée, n’est pas épargnée par ces coupes, ce qui menace l’emploi de nombreux professionnels. « Même l’USAID, l’agence américaine pour le développement, moi j’ai travaillé là-bas avant d’être ici (CNLS). Mais nos collègues qui sont là-bas aujourd’hui sont menacés parce qu’on va fermer le bureau, » révèle le Dr Diakité. Il insiste sur l’importance de la contribution de l’USAID dans des secteurs clefs en Guinée: « l’USAID intervenait dans beaucoup de domaines, mais surtout le domaine de la santé, il faisait beaucoup« , a-t-il indiqué.

Dr Abass Diakité, Secrétaire exécutif du Comité National de Lutte contre le Sida (CNLS)

La fermeture de ces bureaux signifie un vide immense que le gouvernement guinéen devra combler. Face à ce retrait des partenaires internationaux, le Dr Diakité met en lumière la nouvelle charge financière qui pèsera sur les épaules du gouvernement guinéen. Si l’État a toujours contribué à l’effort de lutte contre le Sida, l’équilibre des forces de financement est désormais bouleversé.

« Ce qui aidait beaucoup le gouvernement, quand il mettait quelque chose dans le panier, les partenaires eux ils mettaient beaucoup plus dans le panier. Mais malheureusement, si ces partenaires n’en n’ont plus et se retirent, non seulement le gouvernement va faire face à ce qu’il avait l’habitude de faire, mais aussi ajouter ce que les partenaires faisaient au quotidien pour nous accompagner« , explique le Sécrétaire exécutif du CNLS.

Cette situation est d’autant plus préoccupante que même les institutions multilatérales comme le Fonds Mondial, un acteur crucial dans la lutte contre le Sida, pourraient voir leurs capacités réduites. Le Dr Diakité souligne le rôle significatif des États-Unis au sein de cette institution : « l’un des plus gros bailleurs en matière de lutte contre le Sida, c’est le Fonds mondial. Mais le Fonds mondial aussi, c’est une institution qui est financée par différents pays, mais parmi les grands pays donateurs, on ne peut pas dire que les États-Unis sont à la tête, mais ils occupent une place très importante« , a-t-il relevé.

Un retrait des États-Unis du Fonds Mondial signifierait une diminution significative de son apport pour la Guinée. L’enjeu est d’autant plus préoccupant que l’interruption des traitements n’est pas une option pour les personnes vivant avec le VIH.

Le Dr Diakité est catégorique : « Il faut compenser obligatoirement parce que, quand un malade commence le traitement, c’est à vie. Il ne peut plus arrêter parce que les États-Unis ne donnent plus de financement. Cela veut dire qu’on met l’État devant une situation compliquée, difficile et qu’il faut se préparer dès maintenant pour faire face« .

Comme pour dire que la situation actuelle exige une mobilisation immédiate et une réorganisation des priorités budgétaires nationales. La survie de nombreux patients et la pérennité du programme national de lutte contre le Sida dépendent désormais de la capacité du gouvernement guinéen à assumer pleinement cette nouvelle responsabilité financière.

Nous y reviendrons !

Dansa Camara

Pour Africaguinee.com

Créé le 4 juillet 2025 08:51

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