Koundara : Immersion au Parc National du Badiar, riche patrimoine en souffrance… « ils sont en train de décimer l’espèce phare »

Situé à cheval entre le Sénégal et la Guinée, dans la sous-préfecture de Sambailo, le Parc national du Badiar est un trésor écologique créé en 1985 par ordonnance du président de la République feu général Lansana Conté. Il a été érigé en réserve de biosphère en 2002. Le parc national du Badiar est à environ 25 kilomètres de la commune urbaine de Koundara, dans la région administrative de Boké. Dans ce reportage, Africaguinee.com vous plonge dans une découverte inédite sur ce trésor écologique presqu’à l’abandon.

Mercredi 25 décembre 2024, nous sommes au Parc national du Badiar. Nous faisons notre immersion dans la partie Nord du Parc. Nous allons découvrir la mare de Koumbakoubourou, qui sert d’abreuvoir à la faune, à certains bétails et à la flore. Puis le barrage et le campement touristique. Une équipe d’agents conservateurs de la nature nous sert de guide tout au long de la visite. Elle est conduite par Capitaine Moussa Diop, conservateur en chef de la préfecture de Koundara.

« Ici le village Wouda bah est là. La limite avec le Parc est à moins de 500 mètres. Eux (les habitants) y font toutes leurs activités ; c’est presque dans la réserve. L’élevage, la collecte des produits forestiers non lignés, c’est directement lié à la réserve », explique Capitaine Idrissa Diop, notre principal guide.

Il est 10H30, nous voilà dans le Parc. Une vaste étendue de forêts composée d’une mosaïque de paysages. A l’entrée, des balises délimitant les zones tampons par des pistes, mais celles-ci (bornes et pistes) sont difficilement visibles aujourd’hui (car non entretenues depuis leur création). C’est En 1996 que ces balises ont été mises là.  Mais d de nos jours, l’endroit est envahi par de mauvaises herbes. Notre guide, ses éléments et nous-même nettoyons légèrement les alentours pour lire les écritures servant de direction.

« Cette balise, c’est la limite des différentes voies qu’il faut emprunter. Aller à la Colline Sow, aller à la route nationale (numéro 5), le campement touristique et puis la direction du parc national », explique notre guide. Mais il y a ce qui est mentionné sur la balise et la réalité du terrain.

A quelques mètres de là, une seconde balise qui délimite la zone d’habitation et la zone intégrale jusqu’à la base-vie. Le fait que certains villages soient proches du Parc n’est pas forcément interdit : « Les habitants de Wouda bah sont là depuis la création du Parc. Comme l’objectif de la conservation c’est de créer le bien être, on ne peut pas chasser les gens et dire quelque part qu’on est en train de créer le bien-être. C’est donc initié les communautés à la gestion des ressources, c’est tout ce qu’on a envisagé pour l’instant », précise Capitaine Diop. Il n’est donc pas prévu de déguerpir les communautés, dira-t-il.

S’étendant sur une superficie de 43.860 Hectares repartis en deux zones (Zone Intégrale: 38 200 Hectares et zone de Tampon 7.630 Ha), le parc national du Badiar est une réserve de biosphère depuis 2002. « On dit parc national et une réserve de biosphère. La biosphère c’est pour les communautés, on ne les déloge pas sinon ça cesse d’être une réserve de biosphère comme le stipule sa création », ajoute Lieutenant Sidiki Kaba, chef de section suivi écologique et surveillance.

Puisque les populations riveraines du parc ne doivent pas être délogées, il y en a qui exercent des activités pastorales. Il s’agit des éleveurs qui amènent leurs bétails. Nous y avons remarqué les traces de leurs habitations. Des huttes faites de tranches d’arbres leur servent d’abris. Sur place, nous n’avons pas trouvé les éleveurs, mais le conservateur en chef confirme bien leur présence.

« Ce sont les éleveurs qui ont campé ici. Il n’y a pas d’autorisation expresse mais d’habitude, on a des sites pour les installer. Mais avec l’arrivée de World Chimpanzee Foundation (WCF), on n’a pas su les gérer cette année car ils avaient un chef de programme pastoralisme qui est chargé du suivi des éleveurs. Ce qui fait qu’on n’a pas eu le temps de les suivre », explique le capitaine Diop.

La présence des éleveurs dans le parc peut avoir des conséquences. Parce qu’il y a conflit entre les hommes et la faune. A cela s’ajoute la transmission des maladies. « Le cheptel est censé être traité régulièrement. Par contre, la faune ne bénéficie pas des soins de la part des hommes. Alors, on ne le souhaite pas. Mais s’il y a une épidémie qui ravage le cheptel, elle peut se propager à la faune car ils partagent le même abreuvoir, le même pâturage. Là, dès qu’il y a une épidémie qui est déclarée, l’homme est censé secourir le cheptel mais la faune, à quand va-t-on lui porter assistance ? Ce sont là des conséquences », explique notre guide.

Au-delà de cet aspect, les bouses de vaches sont reconnues comme plus destructrices de la couche d’ozone à travers le méthane qu’elles dégagent. « C’est pourquoi il n’est pas souhaitable que la zone soit transformée en site de pâturage », ajoute le conservateur en chef.

La raison du départ de la faune du Parc

Au parc National du Badiar, l’un des lieux importants qui gardaient la faune est aujourd’hui menacée. Il s’agit de la mare Koumbakoubourou, un abreuvoir pour la faune. De nos jours, faute d’entretien et de surveillance régulière, cette marre n’attire plus la grande faune sauvage. Ce sont des éleveurs qui profitent pour mener leur bétail en saison sèche.

« Ces éleveurs nous envahissent en pensant que la réserve est un refuge pour eux et leur bétail. Du coup, si les moyens ne sont pas là pour les organiser, les assister ou les envoyer dans des zones de pâturages, cela nous crée assez de problèmes », selon le capitaine Idrissa Diop.

La mare Koumbakoubourou est vaste. Elle s’étend du Parc jusqu’à la rencontre avec le fleuve Koulountou.

« La mare Koumbakoubourou est un lieu d’affluence pour la grande faune. On observait beaucoup d’animaux ici : des coups de tatas, des coups de bouffon et même des espèces rares. On les observait ici à la mare. Mais aujourd’hui faute d’aménagement on ne peut pas dire qu’ils ont disparu, mais le manque d’aménagement et un suivi continu manquent au Badiar. Sinon on avait aménagé le site de la marre pour permettre aux touristes de visiter et observer la faune à distance. Mais tous ces aménagements n’ont jamais été renouvelés, il n’y a pas d’ouverture de pistes, même la mare est envahie par des espèces végétales nuisibles. Cela ne permet plus de visiter comme auparavant », déplore notre guide.

L’importance de la mare

Cette mare est très importante dans la préservation de l’écosystème faunique et floristique du Parc national du Badiar.

« Elle sert de lieu de refuge à certains animaux tels que les crocodiles. Mais des pêcheurs venaient ici et on a souvent trouvé des petits crocodiles attachés à leurs filets. C’est pourquoi on a interdit la pêche dans cette marre. Les crocodiles venaient pour faire leur reproduction ici. Il y a également de gros poissons qui venaient là pour une période et puis ils retournent dans le fleuve », explique le conservateur en chef.

Cette année, la forte pluviométrie qui s’est abattue dans la préfecture a fait que certaines espèces envahissantes, ne sont pas apparues au moment où nous réalisions ce reportage. Généralement, si le bétail envahit la mare très tôt, ces espèces envahissantes poussent et couvrent toute la zone, empêchant ainsi tout accès. « Pour cette année comme il y a eu suffisamment de pluie, on ne constate pas la présence de ces espèces envahissantes qu’on appelle mimosa ».

Un barrage à l’abandon

Dans le but de retenir l’eau pour une période aussi longue que celle qui peut tenir la mare, un barrage avait été mis en place en amont de la mare. Mais faute de suivi et d’entretien régulier, le barrage est en train de céder. Conséquence, la mare, étant saisonnière, sera en manque d’eau avant la saison des pluies.

« Pratiquement depuis 2002, il n’y a pas eu d’entretien ni de suivi. Les vannes n’ont pas été réaménagées. Cela veut dire que le barrage ne peut plus retenir l’eau. C’est juste la retenue naturelle de la mare qui tient, l’artificielle qu’on a créée pour maintenir l’eau en grande quantité pour toute l’année ce n’est plus le cas. C’est ce barrage qui permet de maintenir le point d’eau. Le Badiar, c’est pratiquement la savane. Et cette mare ne peut aller que jusqu’au mois de mai. C’est pour garder son niveau d’eau que ce barrage a été construit. Cela permettait de garder le niveau élevé et la mare reste tout le temps inondé. Cette année les vannes n’ont pas fonctionné, il n’y a donc pas eu retenue d’eau », déplore notre interlocuteur.

Selon lui, il y a eu des réalisations d’infrastructures sans le respect de certains préalables. Car, selon son analyse, il fallait déterminer certains paramètres d’abord pour dire que ‘’le jour de votre départ ou que l’aménagement ne répondra pas à vos attentes, il faut trouver une mesure palliative. Sinon en principe, ici, ça devrait faire rafler pour la faune. Quand vous aménagez des choses à des lieux où il n’y a pas d’eau, la faune est attirée par les points d’eau. Malheureusement la surveillance n’est pas continue. On n’a pas de moyens pour la surveillance afin que seule la faune vienne à cette mare. Aujourd’hui, il y a des éleveurs qui viennent camper à 50 mètres de la mare. C’est des problèmes. Eux ils trouvent un point d’eau, ils s’installent et ça nous crée des problèmes ».

Au Badiar plus de la moitié de la population est éleveur. « Avec le conflit agriculteurs – éleveurs et le manque de moyens pour la conservation font que chaque année on est envahie par ces éleveurs. Soit à une période donnée ou pour toute l’année. Vous imaginez, au mois de mars, cette mare sera le seul point d’eau dans la zone. Ça veut dire que vous allez retrouver ici la faune, le cheptel, tout est mélangé. Quand vous leur parler, ils disent qu’ils n’impactent pas, pourtant ce sont eux qui impactent le plus. Ils causent de graves conséquences à l’environnement. Ils font l’objet de feu tardifs dans la zone parce qu’ils n’osent pas aller dans des endroits touffus, et dans le Parc, il y a des zones ou des carnivores viennent se réfugier et s’attaquer au cheptel ».

Une espèce phare du parc, menacée

Au Parc du Badiar, les problèmes sont nombreux. En plus du manque d’aménagement du barrage devant appuyer la mare pour retenir la faune qui est en voie de disparition, une autre espèce de ce patrimoine est menacée. Il s’agit du rônier, arbre à partir duquel certaines communautés extraient le vin pour la consommation locale et d’autres pour de besoins lucratifs.

« Avant, on pensait à quelque chose de traditionnel. Maintenant là c’est devenu lucratif parce que ça génère beaucoup d’argent. Il y a des gens qui sont là spécialement pour récolter le rônier. Il y a même des universitaires parmi eux. Avant c’était coutumier, mais avec la croissance démographique, c’est devenu quelque chose de lucratif. Vous pouvez voir ici quelqu’un qui est chargé à la récolte du vin de rônier, il y a une femme en ville (Koundara centre) qui vend, il y a un petit fonctionnaire qui lui achète la moto, ça lui sert de moyen de transport. Alors, il vient camper dans leur centrale ici, il ne fait que récolter, puisqu’il a un transporteur, ce dernier ne fait que convoyer vers la ville pour donner à la vendeuse. Celle-ci ne fait que revendre et le lendemain, le même circuit continue. Le transporteur peut faire un à trois voyages par jour avec au moins dix (10) bidons de 20 litres à bord. Alors imaginez, si en un seul tour vous pouvez avoir jusqu’à 300 mille francs guinéens, et que vous pouvez faire 2 à 3 voyages par jour, voyez-vous ce que ça fait ? », s’interroge Lieutenant Sidiki Kaba, le chef de section suivi écologique et surveillance.

Comment s’organise le trafic ?

Pourtant, ajoute-t-il, le rônier, c’est l’espèce phare du Badiar. « Si on parle des espèces phares du Parc, le rônier fait partie. Mais aujourd’hui le rônier est décimé par nos parents traditionalistes à des buts lucratifs. C’est le plus grand combat à mener. Car les éleveurs, eux ils sont saisonniers, c’est quand toutes les zones cultivables sont occupées par les agriculteurs, qu’ils pensent au Parc, comme il y a la paix ici, ils font entrer ici leur bétail pour éviter un conflit avec les agriculteurs », dira le chef de section suivi écologique et surveillance.

Ils préfèrent nous abattre que de les empêcher de récolter le rônier

« Ils sont en train de décimer l’espèce phare du Badiar. On a tout fait mais jusqu’à présent on n’a pas de solution. Pourtant c’est un fléau qui mérite d’être encadré. Au-delà, ceux qui récoltent le vin font aussi de la chasse. Si on ne trouve pas une espèce (animale) c’est parce que d’une part, ils font de la chasse », selon Lieutenant Sidiki Kaba.

Selon ses dires, une alternative aurait été proposée aux récolteurs du vin de rônier. Il s’agit de la pratique de la saignée douce sur les rôniers en lieu et place de la saignée sévère. Mais ils auraient compris que cette pratique n’est pas rentable.

« Ils préfèrent la saignée sévère. Avec cette méthode, ils font la récolte d’une importante quantité de vin, 2 à 3 bidons par jour. Et avec la saignée douce, ils ne peuvent pas avoir 10 litres par jour. Ils préfèrent donc la saignée sévère, tuer à leur profit et décimer l’espèce. Avec le nouveau projet qui est venu appuyer le Parc, nous sommes en train de voir comment les orienter vers d’autres activités pour préserver le rônier. Mais ça ne sera pas facile parce qu’ils gagnent avec la récolte du rônier facilement et rapidement, sans contrôle. Et si rien n’est fait, si le rônier, une des espèces phares du Parc disparaît, c’est que le Parc perd un de ses atouts phares. C’est ce que certains ne comprennent pas. Eux ils pensent que c’est un don divin, mais c’est quelque chose qui peut finir. A notre arrivée ici, on nous a dit qu’à Youkounkoun, il y avait le rônier jusqu’au niveau de la direction de l’administration, mais aujourd’hui, il y en a plus. Avant, ils venaient à pied pour la récolte, puis ils ont commencé à utiliser des vélos, actuellement ce sont des motos. Et les rôniers ne font que disparaître. C’est pourquoi certains partent vers Salemata, côté du Sénégal pour récolter du vin parce que vers chez nous là est fini. Ils préfèrent nous abattre pour les laisser exploiter le rônier qu’ils disent que c’est Dieu qui leur a donné. Malheureusement il y a toute une chaîne derrière ce fléau », déplore le chef de section suivi écologique et surveillance.

Selon le conservateur en chef, il y a même des camions qui transportent spécialement le vin du rônier du Badiar. « Dans certaines villes il y a des endroits où on ne vend que du rônier extrait au Parc national du Badiar alors que c’est interdit ».

En venant visiter le Parc, notre curiosité était d’espérer voir de près ou observer à distance des fauves ou autres animaux. Mais pour cette fois-ci, il n’y a que des chants d’oiseaux migrateurs que nous attendons à la place des cris des singes, chimpanzés ou d’autres animaux sauvages.

Un campement touristique à l’abandon

Dans les années 2000, le Parc attirait du monde à cause des infrastructures qui avaient été réalisées grâce au projet AGIR  (projet régional d’aménagement des Bassins Versants et projet AGIR mis en œuvre entre 1994 et 2005).

Sur place, il ne reste plus que des murs en ruines. Pour rejoindre le campement touristique situé sur une colline qui donne une vue panoramique du Parc, il faut être un habitué des lieux ou se munir d’un GPS, sans quoi les risques de s’égarer sont élevés.

« Ce campement faisait venir énormément de touristes. Les gens réservent les lieux car ceux qui ont créé ce campement avaient tout mis en place : l’eau, l’électricité et naturellement les touristes aimaient venir ici s’isoler pour une semaine et puis se retirer. Mais avec les ruptures répétitives de financement, un incendie a ravagé les paillotes et depuis les choses ne sont plus au point », a regretté Capitaine Idrissa Diop.

« Dans les années 1995, alors qu’on faisait le collège au centre 2 de Koundara, nous y partons faire une randonnée pour observer les animaux et la végétation », se souvient Korka Boiro, natif de la préfecture. Ce patrimoine autrefois attractif n’est plus qu’un lieu de souvenir pour certains citoyens de Koundara.

Sur cette colline il y avait ce campement, il n’y avait que des murs vieillissants. Sur les quatre cases en paillotes qui y avaient été construites, deux se sont affaissées. Les autres sont là pour la forme. L’unique forage qui a été mis en place est invisible, à cause des mauvaises herbes selon notre guide. Ce forage, selon nos informations, approvisionnaient en eau la colline où siège le campement, mais aussi la mare de Koumbakoubourou. C’était également l’endroit à partir duquel des visiteurs pouvaient observer à distance la faune qui venait s’abreuver. Mais tout cela de nos jours ressemble à une ruine.

« Tous les accès sont obstrués, mais s’il y avait l’aménagement, on n’allait pas vous dire que ce n’est pas le bon moment de visiter le Parc parce qu’il y a encore le feuillage, les mauvaises herbes. Sinon la promotion du tourisme dans le Parc c’est à partir du mois de février jusqu’à mai. C’est parce qu’il faut jeter coup d’œil par rapport à ce que nous faisons, c’est pourquoi nous vous amenons visiter les lieux (Colline) en cette période », explique le capitaine Diop.

Ce campement touristique était fait en paillote. Les conditions de vie étaient là ; l’eau, l’électricité, le logement. « Et si vous avez suffisamment de nourriture, vous pouvez rester. C’était l’avant de la colline. Ce campement a existé jusqu’en 2005 grâce au projet AGIR, malheureusement ce projet n’a pas connu de succès. Les bailleurs n’appréciaient pas la gestion, finalement ils ont arrêté. C’est après 2005 que la paillote a été ravagé par un incendie. Bref, ceux qui ont géré le projet ont mis la charrue avant les bœufs. Les partenaires quand ils sont venus, ils ont aussitôt fait l’aménagement alors que le personnel n’était pas qualifié. Les moyens permettant de maintenir le personnel existant n’y étaient pas, finalement tous les aménagements sont partis », rappelle notre guide.

Un lieu qui refoulait du monde

« Pendant les week-ends, beaucoup de gens venaient ici. Certains réservent des places pour leur séjour. C’est nous qui faisions le programme. Il y avait des préfets, des cadres de l’administration et même le sultan de l’Arabie Saoudite est venu ici. Il voulait faire de la chasse, mais on le lui a interdit », se souvient Lieutenant Sidiki Kaba.

Un feu dans le Parc

Alors que nous effectuons la suite de notre visite au niveau du camp situé à la colline, nous apercevons un feu. Aux dires du conservateur en chef, c’est un feu précoce qu’eux-mêmes recommandent aux communautés riveraines. « C’est un feu précoce. Nous-même nous mettons le feu précoce pour éviter d’éventuels feux ravageurs. C’est un feu d’aménagement qui pourrait nous éviter d’autres incendies », explique capitaine Idrissa Diop.

Des actes de sabotage

En plus du manque d’aménagement, les braconniers sont aussi actifs dans le Parc. Profitant du manque de surveillance régulière, certains viennent faire de la chasse aux fauves. Sur place, nous avons trouvé des traces de pêcheurs ayant laissé des pièges contre des Porc-épic.

Un manque de financement

Le Parc national Badiar n’a pas bénéficié de fonds depuis des années. A part l’appui de l’union européenne pour la surveillance de 2019 à 2022, il n’y a pas eu d’autres fonds et, 2023 a été marquée par une rupture, selon le conservateur en chef.

« A part le salaire des travailleurs, il n’y avait rien. A partir de fin 2023, il y a eu renouement de contacts avec l’Union Européenne encore, qui a accordé un fonds dénommé (Natura Guinée) pour la protection des espèces phares et de l’espace. Ce projet a été décroché par la WCF (World Chimpanzee Foundation), une ONG qui protège les chimpanzés sauvages. Mais à travers une espèce, on peut protéger tout l’environnement parce qu’il faut protéger son habitat et appuyer les communautés riveraines. C’est sur ce projet que nous portons espoir. Ils ont commencé à se déployer dans le Badiar. Mais le contact n’est pas totalement rétabli parce que je dois souligner que la surveillance doit-être régulière. Car s’il n’y a pas de continuité, on ne peut pas jeter les ressources aujourd’hui et espérer les retrouver si vite. Si on les abandonne aujourd’hui, on ne trouvera pas les mêmes ressources. C’est ce que le Badiar est en train de subir. On a connu trop de rupture, et cela ne favorise pas la surveillance », explique notre guide.

Un lieu tout de même vivable

Malgré l’absence de la faune où nous étions sur les lieux, la flore du Badiar est tout aussi fascinante. Des arbres majestueux tels que le baobab et le karité parsèment le paysage. Ces espèces, en plus d’être magnifiques, sont précieuses pour les communautés locales. Le karité, par exemple, est utilisé pour produire du beurre tandis que les feuilles de certaines plantes servent de composant pour la production de médicaments traditionnels.

Au-delà, le climat est doux. Les lieux dégagent une fraîcheur naturelle avec un paysage verdoyant. Le Parc national du Badiar est un symbole d’espoir et de résilience. Entre ses paysages spectaculaires et sa biodiversité unique, il rappelle l’importance de protéger ces écosystèmes pour les générations futures. Une visite s’impose aux amoureux de la nature et aux curieux en quête d’aventure.

La réhabilitation de ce patrimoine est un défi majeur à relever pour les autorités guinéennes à travers les ministères de l’environnement et du développement durable, de la culture, du tourisme et l’artisanat ; du budget et de l’économie et des finances.

Un reportage réalisé par Siddy Koundara Diallo

Pour Africaguinee.com

Tel : (00224) 664 72 76 28

Créé le 30 décembre 2024 10:23

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