Kaloum, un mois après l’explosion : « Nous tirons le diable par la queue… », témoignent des sinistrés

CONAKRY- Il y a un peu plus d’un mois, les habitants de la presqu’île de Kaloum étaient réveillés par une gigantesque explosion qui a ravagé le principal dépôt des hydrocarbures. Le drame a fait une vingtaine de morts, des centaines de blessés et des dégâts matériels. Plus de 11. 000 personnes ont été touchées par cette catastrophe qui a profondément affecté les ménages, notamment dans le quartier Coronthie, épicentre du sinistre.

Un reporter d’Africaguinee.com est allé à la rencontre de ces familles pour toucher du doigt la réalité sur la façon dont elles vivent, un mois après le drame. Ce quartier insalubre garde encore intact les traces de l’explosion. Sur les lieux, aucune activité de reconstruction n’a été entamée. Les habitants quant à eux restent accrochés aux promesses des autorités. Des promesses qui, selon certains peinent à se réaliser. Fatoumata Soumah témoigne :

« Nous ne savons rien de ce qu’ils font. Depuis le début de cette tragédie, on ne nous fait que des promesses. Notre chef de quartier a tout fait pour que ceux qui sont en charge de la gestion de cette crise viennent au chevet des vraies victimes mais le résultat laisse à désirer.

On ne peut pas dire qu’on n’a rien reçu, mais on aurait souhaité que ça ne soit pas de cette façon, sinon au début, ils préparaient ici et nous donnaient des morceaux de pain et un peu de jus. Mais ça s’est arrêté depuis. On ne voit rien.

La seule chose que nous demandons aux autorités, c’est de comprendre que nous sommes les vraies victimes. Donc, elles doivent continuer à nous venir en aide. Qu’elles nous aident à reconstruire nos maisons pour nous permettre d’être là-bas sans risque », lance cette victime.

Hawa Keïta, une autre sinistrée raconte que la donne n’a pas changé depuis l’incendie. Au contraire, les choses se compliquent du jour au lendemain.

« Nous vivons la même situation, depuis que l’incendie a ravagé le dépôt : nos maisons sont décoiffées, on n’a pas d’abri. Les dons c’est à la télé que nous les voyons. Ils ne sont jamais venus chez nous. Exceptés les particuliers qui viennent avec des enveloppes. Mais l’Etat nous a mis dans les oubliettes. Nous sommes obligés de rester là puisqu’on n’a pas où aller. On aurait voulu que les autorités mettent des moyens nécessaires ne serait-ce que pour refaire nos concessions. Nous dormons la peur au ventre », a-t-elle indiqué.

Aïssata Camara a sa maison presque contiguë au dépôt. Elle a toujours peur de rentrer dans son habitation. Bien que la situation commence à changer, elle vit une sorte de hantise depuis ce drame.

« La situation commence à aller petit à petit, les enfants ont repris les cours. Mais, jusqu’à présent nous n’avons pas reçu les dons promis. Les cadres du ministère de l’habitat sont venus pour évaluer les dégâts. Après, ils nous ont dit de ne pas toucher les murs. Dans certaines familles il y a des personnes qui dorment à la belle étoile. Nous dormons dans ces maisons parce qu’on n’a pas le choix. Mais nous avons la peur au ventre. Parce qu’on pense toujours aux murs qui sont fissurées. Alors, si le gouvernement guinéen ne nous vient pas en aide les murs là, risque de créer d’autres victimes encore », a-t-elle averti.

Almamy Aboubacar Sylla avait un salon de coiffure. Son lieu de travail a été détruit pendant l’explosion. Depuis, il est dans le chômage. Une situation pénible à vivre pour ce coiffeur qui avait un revenu stable.

« Nous sommes là, mais la situation reste toujours difficile pour une grande partie des habitants qui sont dans les quartiers sinistrés. Moi j’avais un salon de coiffure qui a été complètement détruit pendant l’explosion.

Donc, pour travailler mes clients sont obligés de venir jusqu’à chez moi. Et avant l’explosion, je gagnais beaucoup d’argent. Mais, aujourd’hui, nous tirons le diable par la queue. Je profite de cette occasion pour demander au gouvernement de nous aider parce que pour le moment ça ne va pas du tout », a-t-il indiqué.

Mamadou Yaya Bah 

Pour Africaguinee.com