Guinée : la corruption au cœur du baccalauréat, une plainte déposée…

Des candidats au baccalauréat dans leur salle d'examen

KANKAN-La corruption continue de miner le système éducatif guinéen. Le phénomène monte crescendo chaque année, surtout pendant la période des examens de fin d'année.

De l’examen du certificat de fin d'étude primaire(CEP) en passant par le brevet de fin d’étude du premier cycle(BEPC) ou encore le baccalauréat unique, la corruption a pris forme. Mais comment ? Si on parle de moins en moins de fuites de sujets, maintenant ce sont des réseaux bien organisés qui agissent via des plateformes électroniques pour traiter les sujets et les diffuser sur ces plateformes. Chaque élève membre peut, (s'il est permis),  copier à partir de là.  

La pratique gagne du terrain. Ce sont les élites de demain qui se livrent à de telles pratiques répréhensibles en complicité avec certains enseignants indélicats mus par un mercantilisme boulimique. Moyennant des sommes d'argent proposées à l'avance, des surveillants font preuve de légèreté, en permettant aux candidats d'introduire des smartphones dans les salles d'examen.  

Face à l'ampleur du phénomène, la société civile commence à se bouger. A Kankan, une ONG locale de la commune urbaine vient de saisir le parquet du Tribunal de première instance de la ville. Une plainte a été portée contre x. Cette ONG attire l’attention des autorités judiciaires par rapport au nombreux cas de corruption et de fraude qu’elle a constaté dans le déroulement des épreuves du baccalauréat unique session 2019-2020, dans les différents centres d’examens.

Lire aussi-Des cas de fraudes signalés au BAC : des surveillants renvoyés, des candidats éliminés…

« Nous avons porté plainte pour alerter et aider le gouvernement à qualifier davantage l'école. C’est une action citoyenne, nous nous sentons concernés par ce qui se passe au sein de l’éducation guinéenne. On a constaté les faits, des sujets du baccalauréat se sont retrouvés sur les réseaux sociaux. La fraude va avec la corruption. C'est une façon de saboter l'examen. Sur la base de ces éléments nous avons porté plainte contre x. Mais nous pensons que la justice est bien outillée pour situer les faits et traduire les auteurs de ces actes répréhensibles devant les tribunaux pour qu'ils répondent », a confié Bangaly Sylla coordinateur de l’ONG "donnons la voie", à l'origine de la plainte.

Des fuites de sujets ?

Cet acteur de la société civile dit avoir reçu des sujets. « Personnellement j’ai reçu des sujets de BAC qui émanent des personnes dont je préfère garder le nom pour le moment. Ce sont des personnes qui ne sont pas des bacheliers. Je me demande comment elles ont reçu ces sujets. Le sujet d’Anglais que j’ai reçu à partir de 9 heures 14 minutes. A peu près 14 minutes après le lancement de l’épreuve. J’ai assisté à une discussion indirecte avec des candidats eux-mêmes qui ont confirmé l’information. Les faits existent, il suffit de faire une enquête autour de cette affaire », a-t-il dit.

Il n'y a pas qu'à Kankan où ces faits sont dénoncés. A Conakry également des pratiques similaires ont été dénoncés çà et là. Près de 100 candidats ont été éliminés alors que des surveillants ont été renvoyés par les autorités de l'éducation pour laxisme dans la surveillance.

Dansa Kourouma responsable du CNOSCG (conseil national des organisations de la société civile prône la fermeté pour mettre un terme à cette corruption dans le déroulement des examens.

"Des smartphones en classe, des sujets et réponses transmis par Messenger devant des surveillants et délégués corrompus jusqu’à la moelle épinière. Des parents inconscients aux affûts des épreuves et les corrigés, des élèves vivants avec le syndrome corruptif congénital achètent tout, même les faux sujets juste pour passer en classe supérieure…C’est le visage sombre, honteux et surtout ahurissant de notre système éducatif. Chez nous en GUINEE, la corruption est congénitale, endémique et surtout complimentée. Ces élèves malhonnêtes portent dans leurs chromosomes les gènes dominants de la Corruption. Une fois grands et cadres de l’Etat, ils vont vendre nos avions, domaines publics, notre bauxite pour se remplir les poches. Mais ce qui m’étonne c’est le pauvre enseignant guinéen, vraiment pauvre, avec un salaire de misère. Mais certains parmi eux font la honte de la corporation. Je demande à tous les patriotes de se mobiliser pour sauver l’école", a interpelé ce responsable de la société civile.

A noter les épreuves du baccalauréat unique session 2019-2020, ont pris fin ce Vendredi 28 Août 2020, sur l’ensemble du territoire guinéen.

Facély Sanoh

Pour Africaguinee.com

 

Créé le 28 août 2020 22:39

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