Grandes vacances : Quand des enfants sont « obligés » de travailler pour gagner leur vie…
CONAKRY- C’est une situation qui perdure en dépit des appels de plusieurs entités qui défendent la cause des enfants en République de Guinée.
Aux différents carrefours, dans les marchés et dans la circulation partout à Conakry, on voit de nombreux enfants qui font la navette entre les étals et les coins des carrefours pour écouler divers articles pendant les grandes vacances.
Si certains viennent librement, d’autres, en revanche, sont contraints de travailler. C’est le cas de Fanta Camara, que nous avons rencontrée au marché de Cosa dans la commune de Lambanyi.
« La marchandise appartient à ma mère mais le bénéfice est pour moi. C’est un moyen pour ma maman d’alléger les charges. Puisqu’économiquement, elle n’est pas stable et elle a plusieurs enfants. Donc, elle a préféré passer par cette méthode. Pour moi, ce n’est pas une obligation, je suis libre elle ne me frappe pas quand je ne sors pas pour écouler la marchandise. Je demande juste à ce que les parents ne soient pas méchants envers leurs enfants. Je ne vois pas d’inconvénient à ce que l’enfant sorte pour vendre pour sa mère. Il ne faut juste pas que cela ne soit pas une obligation » a-t-elle fait savoir.
Rencontrée au marché d’Enco5, Mouminatou Camara a confié qu’elle est en collaboration avec sa sœur.
« La marchandise est pour ma sœur. C’est elle qui me donne pour écouler sa marchandise. C’est une façon de l’assister dans les tâches quotidiennes. Des fois, elle crie sur moi, mais jamais elle ne m’a frappée. Quand je rentre le soir, j’ai un répétiteur à la maison mais c’est vraiment compliqué puisque tu rentres fatigué. C’est pourquoi je demande aux parents de ne pas prendre cela comme option, les enfants ne doivent pas être à la place des parents pour travailler « , a-t-elle laissé entendre.
Fatoumata Bangoura, elle, dit qu’elle fait par plaisir pour assister sa mère dans le commerce.
« Je suis élève de la quatrième année dans une école de la place. Personnellement je n’ai pas été obligée de faire ce petit commerce c’est une question de choix. J’ai juste voulu aider ma mère dans son commerce. Récemment, elle était souffrante. Donc, c’est pour l’aider à écouler sa marchandise. Ce montant ne sert que pour les besoins de la famille. Même si elle utilise l’argent pour la cuisine mais quand-même nous ne dépendons pas de cela pour vivre. Je ne compte abandonner les études pour rien au monde. Je ne le ferais », martèle–t-elle.
Interrogé sur la situation de ces enfants, Alhassane Fofana, professeur de sociologie dans une université à Conakry, a dénoncé cette pratique. Il invite le Gouvernement à prendre des mesures pour arrêter le travail des enfants.
« A mon avis, la place de ces enfants qui font le commerce dans la rue et dans les marchés, c’est à l’école. Donc, pendant les vacances scolaires, ces enfants devraient suivre des cours de vacances. Dans les conditions normales, les autorités doivent sévir contre les parents qui se livrent à cette pratique« , a-t-il dit.
Hors micro, certaines vendeuses nous ont confié qu’elles sont dans l’obligation d’impliquer leurs enfants dans leurs activités commerciales.
« Nous sommes obligées de mettre les enfants dans cette pratique pour qu’à l’ouverture des classes, ils achètent les fournitures scolaires. »
Mamadou Yaya Bah
Pour Africaguinee.com
Créé le 11 août 2024 11:26Nous vous proposons aussi
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