Gouvernement civil, dialogue, cas Aliou Bah : Dr Zotomou dévoile les « intentions » des forces vives…

CONAKRY- Alors que le chronogramme consensuel de deux ans initialement actés par les autorités guinéennes et la communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest pour le retour à l’ordre constitutionnel, n’a pas été respecté, les forces vives réclament désormais la mise en place d’un organe civil. Ce nouvel exécutif selon les dirigeants de cette entité, va finaliser le processus de transition déclenchée depuis le 5 septembre 2021.

Dans cette deuxième partie de l’interview qu’il a accordée à Africaguinee.com, le vice-président de l’ANAD, Dr Edouard Zotomou Kpoghomou, évoque les nouvelles exigences des Forces Vives, le cas Aliou Bah et les probables futures élections annoncées courant 2025.

AFRICAGUINEE.COM : « Nous ne reconnaissons plus la légitimité des autorités de la transition notamment le président », disent le Forces Vives de Guinée. Alors si aujourd’hui celles-ci appelaient aux élections, comptez-vous y participer ?

Dr EDOUARD ZOTOMOU KPOGHOMOU : Nous, nous disons qu’à partir du 31 décembre 2024, nous ne reconnaissons plus l’autorité du CNRD et de la transition. Nous l’avons dit. Nous voulons mettre en place une transition civile. Une transition civile dont le seul but, dont la seule raison d’être, sera justement de conduire une transition pour nous envoyer justement à un retour rapide à l’ordre constitutionnel, c’est tout. Maintenant, qu’on le fasse d’une manière ou d’une autre, c’est ce que nous cherchons à faire et c’est ce qui sera fait.

Voulez-vous dire que l’exécutif actuel n’a pas de civils ?

Non, le gouvernement n’est pas composé que de civils, nous ne sommes pas d’accord. Le président de la transition, c’est un militaire, il fait partie du gouvernement. Le ministre de la Défense, c’est un militaire, il fait partie du gouvernement.

Le ministre de la défense est certes militaire mais à la retraite…

Non, il est en fonction. Retraité, il a été rappelé. Il est en fonction. Le secrétaire général à la présidence, c’est un militaire. Déjà trois dans un gouvernement d’une trentaine de membres, ça ne fait pas 100% civil. Et nous ne sommes pas d’accord avec cette façon de voir.

Aujourd’hui, si vous aviez un conseil à prodiguer au Général Mamadi Doumbouya que lui diriez-vous ?

Nous avons déjà martelé ce message-là plusieurs fois. Nous avons dit qu’aujourd’hui, la Guinée a besoin de tous ses fils. On ne peut pas faire instituer une discrimination. On ne peut pas institutionnaliser la discrimination, faire un choix pour dire qu’il y a de bons Guinéens et de mauvais Guinéens. Donc, on va dans un cadre où chacun doit apporter sa participation ou alors sa contribution. Il faut faire en sorte que tous ceux qui ont un certain talent, tous ceux qui peuvent apporter quelque chose à la construction de l’édifice commun, qu’on puisse leur faire appel. Mais ce n’est pas ce qui est fait. Aujourd’hui, on parle de dialogue. Un dialogue, vous ne pouvez pas aller au dialogue quand la base de la confiance est érodée. Vous ne pouvez pas aller au dialogue parce que vous ne vous faites pas confiance.

On vous dit d’aller au dialogue. Aujourd’hui, on vient de kidnapper carrément Aliou Bah, simplement parce que lui aussi, c’est quelqu’un qui fait des critiques acerbes au CNRD. Et il le fait, ce n’est pas parce que ça lui plaît de le faire, mais il le fait par principe. A ce que je sache, Aliou Bah n’a jamais insulté qui que ce soit. Maintenant, si on doit prendre les gens et les envoyer en prison, simplement à cause de leur opinion politique, en ce moment, c’est une mauvaise lecture. C’est une très mauvaise lecture et nous, nous demandons que le général Mamadi Doumbouya revienne à de meilleurs sentiments. Parce que ce pays leur appartient aussi bien qu’à tous les guinéens qui sont épris de paix, de liberté, de justice et d’amour pour la démocratie.

Le président a tout de même tendu la main aux acteurs politiques. N’est-ce pas suffisant ?

Mais non. Comme je l’ai dit, la base de la confiance est érodée déjà. Parce que ce n’est pas la première fois qu’on parle de dialogue. Quand il s’est agi de faire le dialogue dès le départ, ce qui s’est passé, c’est qu’on a préféré créer deux groupes de partis politiques. Un groupe qui était aligné derrière le CNRD et un autre qui apportait des critiques constructives avec solution à l’appui. Mais on a pensé que ceux qui critiquent sont plutôt des parias donc il faut carrément les mettre de côté et ceux qui suivent vont aller avec eux.

C’est comme ça qu’on a trouvé que le cadre de consultation avec les facilitatrices, avec le dialogue inter guinéen, tout ça, ça n’a rien apporté. Qu’est-ce que toutes ces assises-là ont apporté ? Absolument rien. Même le choix, déjà, dès le départ avec le CNRD ; la composition du CNT (Conseil National de la Transition) dont les membres ont été triés à la volée. Alors, même à la place de l’élection de président du CNT a été nommé. Normalement, dans un processus ouvert, c’est un processus qui doit être conduit par une élection. Et les membres choisis au moins se réunissent pour dire que c’est celui-là qui va être rien que la forme. Donnez cette forme-là, forme d’ouverture au processus, en ce moment, on comprendrait franchement les bonnes intentions.

Nous, nous sommes en train de dire qu’on ne peut pas faire semblant et je crois que c’est ce qu’on a fait jusqu’à présent. Et, on ne peut pas faire semblant. Tant que nous ne sommes pas en train d’insulter, nous allons dire les choses… Je suis démocrate. Je suis un citoyen américain, mais démocrate. Et je n’ai pas de mal même pour critiquer Donald Trump, même pour critiquer Joe Biden, je le fais. Et c’est une liberté d’expression. Tant que vous êtes en train de respecter l’autorité, cela ne veut pas dire que vous ne pouvez pas dire la vérité à l’autorité…Nous ne sommes pas en train de penser qu’on peut conduire un processus transitionnel de cette façon, parce qu’on n’aura pas résolu les problèmes. Donc, si on s’entête, on reste dans cette direction, il faut qu’on soit prêt à accepter toutes les retombées.

Désormais, vous souhaitez un gouvernement civil pour conduire la transition. Quelle sera sa composition et qui va le conduire selon vous ?

Justement, donner seulement l’occasion que le président de la transition dise qu’à partir d’aujourd’hui, le CNRD et la transition c’est terminé selon leur vision, ils vont voir. Combien de temps on est resté sans gouvernement quand il y a eu le coup d’État.  Vous savez, on est resté plus de deux, trois semaines avant qu’on ne commence à former le gouvernement.

Alors, qu’ils (dirigeants de la transition) disent qu’à partir de maintenant, ils ne sont plus (à la tête du pays), le CNRD est révolu et qu’il n’y a pas de gouvernement et tout ça. Il y a déjà des dispositions qui devraient être prises pour que le vide soit comblé. Moi, je crois que ce n’est pas un problème. Ceux qui sont à la tête de l’organisation ou des organisations savent qu’ils sont prêts de toute façon à relever le défi si la solution venait à ce niveau-là.

A suivre…

Siddy Koundara Diallo

Pour Africaguinee.com

Créé le 10 janvier 2025 09:47

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