Diaspora : le « cri de cœur » des guinéens bloqués en Angola…

Des guinéens rapatriés d'Angola, image d'archive

LUANDA- Des milliers de guinéens sont bloqués en Angola. Durement frappés par la crise économique liée à la pandémie de Covid-19, ces guinéens tirent le diable par la queue. Ils demandent l'aide du gouvernement guinéen pour leur retour au bercail. 


L’Angola regorge une forte communauté guinéenne qui exerce dans diverses activités. Depuis quelques années, une crise économique liée à la chute du prix du baril du pétrole impacte négativement les activités. C'est dans ce contexte de crise économique aigue que la crise de la pandémie de Covid-19 est venue s'ajouter. Le pays est fermé et de nombreux étrangers y sont bloqués. Les guinéens ne sont pas en reste.  Aujourd’hui beaucoup de guinéens qui voulaient regagner leur pays y sont coincés à cause du confinement imposé par le coronavirus. Ils interpellant les autorités guinéennes.

«Nous souffrons énormément ici. Nous sommes des centaines de guinéens à avoir cessé de travailler depuis le mois de mars dernier. Nous avons tout rangé pour rentrer au pays. Certains ont acheté même des billets retour d’autres en cours. Entretemps, le coronavirus est arrivé, nous empêchant de rentrer. Imaginez depuis mars jusqu’à maintenant nous ne travaillons pas et nous n’arrivons pas à rentrer au pays. Récemment, nous avons eu un espoir avec l’ouverture progressive des aéroports, mais ici en Angola, l’état d’urgence sanitaire est prolongé. Il y a certaines personnes comme moi qui ont même revendu leur place pour rentrer, en vain. Nous avons des familles à notre charge et on ne travaille pas. Nous demandons à l’Etat de voir avec les autorités angolaises afin de nous trouver un vol spécial pour Conakry même si chacun va payer son billet pour rentrer. Sinon, notre sort est incertain. Nous sommes sans ressources aujourd’hui», plaide Alpha Oumar Diallo, ressortissant guinéen.

L’ouverture exceptionnelle de l’aéroport de Luanda est annoncée pour le 21 septembre prochain. Mais, il se trouve que  la majorité de guinéens vivant en Angola ne remplit pas les conditions exigées pour la rentrée et la sortie. C'est entre autres : le visa, une carte de séjour, un permis de travail.

«C’est un euphémisme de dire que les gens mènent une vie difficile en Angola surtout ceux qui avaient rangé tout pour rentrer au pays. Moi, j’avais d’ailleurs coupé mon billet d’avion et mon voyage était prévu le 1er Avril 2020. Mais, entre-temps,  les frontières aériennes et terrestres ont été fermées, le 27 Mars. Malgré la baisse de la pandémie, les autorités angolaises n’ont pas pensé à ouvrir encore les frontières d’où le calvaire de ceux qui voulaient rentrer dans leurs pays respectifs dont des milliers de guinéens. Récemment, les autorités du pays ont annoncé que l’aéroport va rouvrir à partir du 21 Septembre 2020, ça aussi c’est une ouverture exceptionnelle pour une catégorie de personnes. Ce n’est pas pour tous. Il s’agit des étrangers installés en Angola disposant de visa, de permis de travail qui sont en dehors du pays, ceux-ci peuvent rentrer sur le territoire Angolais.

L’autre catégorie c’est ceux qui sont en situation régulière dans le pays et qui veulent rentrer chez eux. Mais le visa, une carte de séjour et un permis de travail sont exigés. Les angolais aussi qui vivent à l’étranger mais bloqués ici, ceux-là aussi peuvent retourner dans leurs pays d’adoption. Donc, la situation est compliquée pour beaucoup parmi nous. Même des guinéens installés dans les provinces du pays qui ont déjà des billets ne peuvent pas rentrer même si l’aéroport ouvre le 21 parce que Luanda est fermé aux autres régions du pays  jusqu’au 30 octobre. Donc, il n’y a pas d’accès, Luanda est fermé hermétiquement. C’est seulement ceux qui sont à Luanda ici et qui remplissent les conditions de sortie et d’entrée qui peuvent voyager», précise Mamadou Lamine Poyé Diallo.

Parmi les compatriotes bloqués, il y a aussi des mères de famille. C'est le cas de cette guinéenne mère de 3 enfants qui, depuis 11 ans vit en Angola avec son mari. Elle explique son amertume.

«Aujourd’hui, le transport est cher, il y a des couples ici qui sont prêts à rentrer, mais qui sont avec 2, 3 ou 4 enfants dont ils ont des difficultés à nourrir. Finalement, c’est l’économie pour le voyage qui a été consommée pendant la crise sanitaire. Maintenant, si la route est libre, ce n’est pas facile de partir. Cela s’explique par la cessation des activités par certains qui avaient tout arrêté dans l’espoir de rentrer. Du coup la maladie a paralysé tout, le fait de rester sans travail les a obligés à dépenser leurs économies. Nous avons besoin d’aide. Certains parents sont là sans plus rien même pour se nourrir. Aidez-nous à rentrer, c’est l’essentiel», plaide cette mère de famille.

Pour sa part, A.I.B indique que le  nombre de volontaires au retour s’accroit chaque jour.  Il lance un appel au gouvernement guinéen. « Nous sommes en septembre déjà, les guinéens qui veulent rentrer définitivement au pays mais qui restent bloqués deviennent de plus en plus nombreux. Ces derniers temps,  nous avons recensé plus de 1000 guinéens qui souhaitent rentrer sans suite. Le nombre ne fait qu’augmenter depuis le mois de mars. Nous demandons encore l’appui de notre Etat guinéen pour nous aider à rentrer au pays. Au sein de la communauté guinéenne, nous avons recensé des familles entières qui veulent rentrer, des enfants, des femmes et des maris qui ont arrêté leurs activités», confie ce compatriote.

De son côté, Bah Mamadou Dioulde avait aussi cessé toute activité pour rentrer, mais comme les autres, il reste coincé parce qu'il ne dispose pas de document. "Je suis là comme tout le monde. Je veux rentrer mais je n'ai pas les documents exigés pour le retour. C'est pourquoi nous demandons de l'aide pour le retour. Beaucoup ont vendu leur place. La chance que j'ai eue, je n'ai pas vendu la mienne j'ai juste confié à quelqu'un, avec le blocage je repris le travail en attendant le retour si possible", explique cet autre Guinéen.

Au-delà des difficultés liées au retour au bercail, certains guinéens sont stigmatisés. C'est le cas de Mohamed Bah qui dit avoir été retenu pendant un mois 10 jours parce que considéré comme porteur du virus. Aujourd'hui libre mais stigmatisé, il supporte mal ce poids.

"Je fais partie de ceux qu'on avait transporté ailleurs pour des raisons de covid alors que nous étions sains. J'ai passé un mois 10 jours à l'hôtel, je viens d'être libéré. Actuellement, je suis rentré à la maison et j'ai repris le travail. Durant tout mon séjour à l'hôtel, je n'ai pris aucun produit à plus forte raison des soins. Je me suis juste reposé ce qui me fait dire que j'étais bien portant. Là où nous sommes dans la banlieue de Luanda ici, les services de l'immigration viennent nous embêter réclamant les documents, on fournit les photocopies, ils reviennent nous dire que c'est des vieux documents. Ils avaient arrêté trois guinéens récemment, l'un est libre mais les 2 autres sont encore en détention.

Je suis là depuis 2004, donc ça fait 16 ans je n'ai pas eu un document réel ici. Même si tu as les documents un an ou 2 ans après, si on nomme une personne à la tête du service de l'immigration, il vient remettre en cause les documents en cours de validité. Tout nouveau chef vient avec des règles. Moi particulièrement je n'ai aucun document. Il faut que le gouvernement Guinéen soit notre porte-parole auprès des autorités angolaises pour aider les fils du pays à bien vivre et exercer une activité sur place. En Angola on te réclame des papiers qu'on ne t'a pas donné", dénonce cet autre compatriote.

A ce jour, l'Angola compte 3217 infectés au coronavirus, dont 138 décès, 1237 guéris et 1810 actifs. Il faut noter également que l’insécurité règne dans ce pays où plusieurs guinéens ont perdu la vie dans des attaques armées.

Alpha Ousmane Bah (AOB)

Pour Africaguinee.com

Tel : (+224) 664 93 45 45

Créé le 11 septembre 2020 21:17

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